En regardant les archives de ce blog , il semble que je n'ai toujours pas mis dans ce blog de traduction française de "Bhaja Govindam " - ce magnifique poème ( certes un tantinet rabat-joie , mais faut ce qu'il faut ! ) de Shankaracharya ... en voici une , j'ai du la traficoter à l' époque où je l'ai enregistrée dans mes " documents ", peut-être à partir de la traduction de Dîpa , peut-être d'une traduction anglaise , peut-être d'un petit volume acheté à Pondichery il y a longtemps - dés que je le retrouve dans la pagaille de la bibliothèque je vous mets les références ...
Cherche l’Essentiel, cherche l’Essentiel , cherche l’Essentiel !
Tu es fou de penser que tes règles de grammaire te seront d’un quelconque secours au jour de ta mort .
Tu es fou ! Abandonne l' idée d’entasser,
consacre ton esprit aux pensées du Réel ,
Sois heureux avec ce qui t’arrive et qui est l' effet des actes accomplis dans le passé.
Ne te noies pas dans l’illusion en devenant fou de passion et de convoitise à la vue du nombril ou les seins d‘une femme . Ce ne sont que viande et graisse ; souviens toi de cela encore et encore
La vie d’un homme est aussi incertaine qu’une goutte d’eau qui tremble sur la feuille du lotus ; sache que tout un chacun est la proie de la maladie, de l’ego et de la souffrance .
Aussi longtemps qu’un homme est capable d’entretenir sa famille, vois l’affection que tous lui portent. Mais nul dans sa maison ne prendra peine de lui dire un mot quand son corps sera accablé par l’âge.
Tant qu’il est vaillant, les membres de sa famille s’enquièrent de son bien-être - mais dès que l’âme est partie du corps, même sa propre épouse s’enfuit en voyant sa dépouille.
L’enfance est passée à jouer , la jeunesse s’attache aux femmes , la vieillesse se meurt à ruminer les choses du passé. Mais bien peu prennent le temps de s’intéresser à ce qui fait l’universel.
Qui est ton épouse ? Qui est ton fils ? Ce monde est vraiment étrange ! A qui es tu ? D’où viens tu ? Frère, questionne-toi sur ces vérités-là.
De la compagnie des sages vient le détachement, le détachement libère de l’illusion et mène à la réalisation qui conduit à être libéré vivant .
À quoi bon le désir quand la jeunesse est morte ? Qu’est devenu un lac qui n’a plus d’eau ? Où est ton équipage quand la prospérité s’est évanouie ? Que dire de l’apparente multiplicité du monde , quand la Vérité est réalisée ?
Ne te vante pas trop de ta richesse, de tes amis ou de ta jeunesse , chacun d’eux peut être détruit en moins d’une seconde . Libère toi des illusions de ce monde d’apparence pour atteindre la vérité éternelle.
Jours et nuits, aubes et crépuscules, hivers et printemps vont et viennent. Le temps joue comme la vie s’éteint. Mais l’orage de nos désirs jamais ne renonce.
Oh fou que tu es ! Pourquoi cette obsession de la richesse ? Y-a-t-il quelqu’un qui te guide ? Il n’y a qu’une chose parmi les trois mondes pour te sauver du tourbillon de l’océan de tes vies. Viens et monte vite dans le bateau qui vogue vers ta réalisation.
Il y en a qui vont les cheveux emmêlés, d’autres avec le crâne fraîchement rasé, d’autres s’attachent les cheveux, d’autres s’habillent de safran et d’autres encore de couleurs variées. Ce n’est qu’un gagne-pain. Tu sauras avant eux toute la vérité quand ces fous jamais ne la verront .
La force a laissé le corps de cet homme vieux, sa tête est devenue chauve, ses dents ont quitté ses gencives et il tient sur des béquilles. Même alors il s’accroche et s’arrime fermement à des désirs qui ne porteront nul fruit.
Vois donc l’homme qui chauffait son dos et sa face au soleil et qui la nuit venue se blottit pour éloigner le froid ; il mange dans son bol la nourriture qui convient au mendiant et dort sous l’arbre. Quand bien même tout cela, il n’est qu’une poupée aux mains de ses passions.
Celui là peut bien aller dans la ville sainte en pèlerinage, jeûner, faire la charité, puisqu’il est ignorant rien ne peut le sauver de cent autres naissances.
Prenant résidence dans un temple ou bien dessous un arbre, s’habillant de peau et dormant par terre, lâchant ses attaches et renonçant au confort, celui-là , pourtant considéré pour un saint , est-il seulement content ?
Celui-là qui prend plaisir aux pratiques et aux rituels peut bien avoir ou pas des attachements . Mais seul celui qui fermement ancre son esprit dans l’Essentiel peut jouir de la béatitude.
Qu’un homme lise un peu des textes sacrés , boive un peu d’eau du Gange, adore quelque dieu , et il n’aura alors pas de combat avec la mort.
Né, encore ; la mort, encore ; à nouveau la naissance dans la maternelle matrice ! Comme il est difficile de traverser cet océan. O Univers ! Sauve moi de cela !
Il ne manque pas de vêtements, le sage errant, quand il y a quelques loques au bord du chemin. Libéré du vice et de la vertu, il marche. Celui qui vit en harmonie avec l’univers vit dans la béatitude, pur, net, comme un enfant ou comme quelqu’un qui n’aurait pas encore bu le poison.
Qui es-tu ? Qui suis-je , moi ? D’où est-ce que je viens ? Qui furent ma mère et mon père ? Réfléchis donc à tout ce qui n’a pas d’essence et laisse ce monde qui n’est qu’une chimère.
En moi, en toi, en tout, habite la même saveur. Ta colère et ton impatience n’ont pas de sens. Si tu veux atteindre cet état bientôt, sois toujours égal.
Ne perds pas ton énergie à gagner l’amour ou à combattre tes amis ou tes ennemis, tes enfants ou tes parents. Vois toi en eux tous et laisse derrière toi cette impression qu’ils seraient des autres.
Laisse les désirs, la colère, la fierté, l’avidité et considère ta vraie nature puisque les fous sont ceux qui sont aveuglés d’eux-mêmes et ,jetés dans cet enfer, souffrent sans fin.
Souvent récite, médite sur l’univers dans ton cœur, chante ses milles gloires. Prends plaisir au noble et au sacré.
Celui qui cède à ses obsessions laisse son corps à la maladie et bien que la mort lui apporte une fin, jamais il ne laissera son âme malade.
La richesse n’est pas le bonheur et il n’y a vraiment nulle joie en elle. Pense à cela tout le temps. L’homme riche a peur de son propre fils, c’est la malédiction de l’argent partout.
Contrôle ton souffle , ne sois pas affecté par les influences extérieures et sépare le vrai du futile. Chante le sacré et fais taire l’esprit turbulent ; fais cela avec soin, avec un soin extrême.
Oh vénérant au pied du lotus ! Sois bientôt libre de toutes les boucles. Au travers des sens maîtrisés et de l’esprit contrôlé, tu feras l’expérience du dieu qui réside dans ton cœur.
Ainsi le grammairien stupide qui était perdu dans les règles, a nettoyé sa vue et montré la lumière.
Adore l’Essentiel, vénère l’Essentiel , chante l’Essentiel, Oh fou que tu es ! Rien d’autre que ce chant ne t’aidera à traverser l’océan de ta vie.