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7 avril 2018 6 07 /04 /avril /2018 06:34

 

 

                 Je n'aurais , certes , jamais eu l'idée de lire un livre sur Spinoza , si Lili ne m'en avait parlé avec enthousiasme pendant que nous prenions un petit café à la Nougatine . ( Vous savez que je suis totalement ignare pour tous ces grands philosophes , sauf les indiens , et deux ou trois stoïciens ;   de plus  mon   intellect est papillonnant , bien peu porté aux longues, ennuyeuses interrogations intellectuelles qui me paraissent caractériser la philosophie occidentale  ) . Mais celui-ci , comme la copine le suggérait  , est vraiment intéressant  , et facile à lire en quelque sorte ; et puis , je n'avais jamais lu de livre de Frédéric Lenoir , mais j'ai de la sympathie pour lui après avoir écouté , il y a quelques années , une longue interview qu'il donnait à la radio . Et voilà pourquoi   ce matin -  tout en faisant , immobile ,  le bout de chemin habituel  ,côte à côte avec la tristesse habituelle du réveil ; laquelle est vivifiée  par les journées de formation que je fais en ce moment et où je dois me confronter avec quelques autres pelures d'oignon de mon ego   -  ce matin , en particulier , le mot " joie " , l'idée de " joie "  revient et revient dans la méditation . 

        Les deux visages de sages ( Neem Karoli Baba et Jillelamudi Amma ) que la petite bougie illumine sont tellement heureux ...  c'est ça qui m'a attirée  dans les visages de maîtres de sagesse indiens . Leur joie . Ne parlons même pas du bienheureux Swami Gnanananda flottant sur son inoubliable et impossible nénuphar rose bonbon ... une image si merveilleusement kitsch qu'elle trône depuis des années sur la petite table de notre entrée . ( Et , bien entendu , si l'on creuse derrière leur visage de joie , il y a une telle extraordinaire intelligence , intelligence de la vie , du monde  , derrière le visage souriant )

           J'ai du vous dire aussi que je n'ai jamais vu le visage de ma mère vraiment joyeux , vraiment illuminé par la joie . Sauf s: ur une photo , une photo datant d'avant ma naissance , où elle est avec mon père , revenu sain et sauf de la guerre - en 1941 . Je crois bien que c'est cette tristesse entourant mon enfance qui revient , depuis quelques mois , tous les matins comme une copine ...

           Voilà ...   j'ai envie de vous copier ce passage du bouquin sur Spinoza , que je viens, donc ,  de commencer :

    " Cette recherche du " bien véritable" , telle que le jeune Spinoza l'exprime , est l'essence même de la quête de la sagesse selon les anciens philosophes grecs . C'est à dire un bonheur profond et durable , que l'on peut obtenir en devenant en quelque sorte indifférent aux événements extérieurs , qu'il soient agréables ou désagréables , mais en transformant son esprit pour qu'il trouve à l'intérieur de lui-même un bonheur permanent . Ce qui m'apparait déjà comme propre à Spinoza , dés ces premiers moments de l'élaboration de la pensée , c'est que ce bonheur suprême prend le visage concret de la joie . Or les écoles de sagesse de l'Antiquité , notamment l'épicurisme et le stoïcisme , font peu de ca de la joie : le bonheur véritable ( eudemonia ) a plutôt le visage de la sérénité , de l'absence de trouble ( ataraxie ) . La quête de sagesse est la même - ne plus faire dépendre son bonheur des causes extérieures - mais cette orientation originale vers la joie caractérise en propre , et cela dés sa genèse , la sagesse spinoziste ."

( Frédéric Lenoir , Le Miracle Spinoza , Fayard ,  p. 33  )

 

        

 

 

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