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Dhumavati

La vieille Déesse sorcière , de la déception et du lâcher-prise

 

                     Celui qui connait l’Absolu comme à la fois la connaissance et l’ignorance ,par l’ignorance fait la traversée au-delà de la mort ,et par la connaissance goûte l’immortalité .
ISHA UPANISAD  

            Perçue comme le Vide , comme la forme de  dissolution de la conscience , quand tous les êtres sont dissous dans le sommeil du Brahman suprême , qui a englouti tout l’univers , les poètes-voyants l’appellent la plus glorieuse , l’aînée , Dhumavati . Elle existe sous la forme du sommeil , de la perte de mémoire , de l’illusion , et de la monotonie , dans les créatures qui sont immergées dans l’illusion du monde , mais parmi les yogis elle devient le pouvoir qui détruit toutes pensées , en vérité ( elle est ) le Samadhi même .
GANAPATI MUNI
Uma Sahasram 38 , 13-14


Souffrir , ne le redoutez point : le lourd,
rendez-le donc au pesant de la terre .

RAINER MARIA RILKE
Sonnets à Orphée , 4


      La Déception est un maître à plusieurs niveaux . Peu d’entre nous choisiraient d’apprendre avec elle , et pourtant , tôt ou tard , la plupart d’entre nous le font . Les gens nous déçoivent . La chance s’en va . La position sociale dégringole  . La force nous fait défaut . C’est alors que la déesse Dhumavati vient se poser dans notre conscience , en compagnie de son corbeau , messager d'infortune en ce monde ,  qui , ironiquement , accorde les dons intérieurs de détachement , de vacuité , et de liberté .
      Dhumavati - son nom veut dire « la déesse de fumée » - est aussi appelée «  la veuve » . Dans l’Inde traditionnelle , tout particulièrement dans les castes les plus élevées , il n’y avait pas de forme du féminin de plus mauvais augure . Dans une culture où le statut des femmes est donné par leur mari , le veuvage est la pire chose qui puisse arriver à une femme . Le film Water [Eau] dépeint la vie dans une maison des veuves , où  les femmes jeunes et vieilles vivent ensemble dans la misère , mendiant leur nourriture . La tête rasée et vêtues de blanc , les femmes dans ces maisons des veuves recevaient un repas par jour et étaient supposées passer leur temps en prière et en méditation .  Une veuve , dans ce genre de culture , est tout en bas de l’ordre social , souvent jetée hors des maisons de ses enfants , errant sans toit , vivant autour des temples ou dans de lieux sauvages .

            Du point de vue du monde , Dhumavati incarne  le désespoir , la tristesse , et l’échec . Pourtant , elle a à distribuer des dons pleins de sens et subtils , en particulier pour quelqu’un qui suit le chemin de l’éveil .  Si nous ne sommes pas passés par le panier à vanner de Dhumavati , nous restons piégés dans nos rêves de succès et notre peur de la perte , tout particulièrement les pertes qui viennent avec l’âge et la maladie . Avec sa grâce , nous pouvons extraire l’exquise sagesse qui est dissimulée au cœur des moments les plus difficiles de la vie .  
       Dhumavati fait partie du groupe des dix déesses qu’on appelle les Mahavidyas , ou Grandes Sagesses .  Ce sont des déesses qui incarnent différents états sur le chemin de la réalisation de Soi , ou états de la conscience qui se déploie . Dans la tradition Tantrique des Mahavidyas , Dhumavati représente l’état de vide que nous devons tous traverser sur le chemin d’une  plus haute conscience .

     VUE TRADITIONNELLE DE LA VIEILLE FEMME

 Dhumavati est décrite dans un vers du Bhairava Evam Dhumavati Tantra Shastra comme « de haute taille , laide , titubante , et en colère » . Elle porte des vêtements sales . Elle conduit un chariot portant un étendard orné d’ un corbeau . Elle a quatre mains dans lesquelles elle porte un van , ou un balai , une torche , une épée , une lance , un bol taillé dans un crâne , ou un bâton ( suivant les textes que vous lisez ) . Un autre vers dit : «  Son teint ressemble aux nuages noirs qui se forment au moment de la dissolution du monde . Son visage est tout ridé , et son nez , ses yeux , sa gorge , ressemblent à ceux d’un corbeau … Elle a une expression venimeuse . Elle est très vieille … ses cheveux sont en broussaille , et ses seins sont secs et flétris .  Elle est sans pitié » .(2) Ces lignes saisissent  la qualité paradoxale , et même ambiguë , de Dhumavati , qui représente tout ce qu’une personne « normale » rejette .
    En bref , Dhumavati est cette figure familière aux mythologies aussi bien Orientales qu’Occidentales : la vieille peau , l’ éternelle clocharde , la sorcière . Desséchée , de mauvais augure , et repoussante pour quiconque apprécie les commodités de la vie . Dhumavati est l’une des rares déesses qui ne soit pas conventionnellement belle - peut-être parce que  nous voyons la déception comme affreuse . Si nous nous autorisons à  regarder au fond de ses yeux , nous voyons qu’elle est pure existence , dans sa forme brute . Elle a le pouvoir de nous enseigner que la beauté extérieure se fane , mais que notre Soi divin reste intact . Si nous pouvons nous contempler de cette façon , sans nous soucier de ce qui nous quitte  , nous avons puisé dans la source de la force de Dhumavati .  
    Il y a deux mythes à propos de l’origine de Dhumavati . Dans l’un , elle s’élève à partir de la fumée du bûcher funéraire de Sati , après que Sati se soit immolée au cours de la fête sacrificielle organisée par son père . Le visage  noirci par les flammes , Dhumavati vient au monde pleine de l’affront fait à Sati  , la déesse qui fut insultée ,  et de son désespoir ; et aussi de la qualité évanescente , presque transparente , de la fumée . La fumée se dissipe , elle erre ça et là , elle n’a pas de demeure  -  ainsi en va-t-il de l’invisibilité sociale de la déesse Dhumavati .
    La deuxième histoire nous raconte que Dhumavati naquit quand Shiva maudit Sati pour un acte d’agression qui ne convient pas à une épouse . Sati vit avec Shiva dans leur demeure de l’Himalaya . Un jour , elle lui demande quelque chose à manger ; Shiva , en ascète qu’il est , refuse .  «  Alors je vais devoir te manger » réplique Sati , sur quoi elle avale Shiva . Il ne meurt pas , bien entendu . A la place , il la convainc de le régurgiter . Dés qu’il est libéré , il la maudit , disant que désormais elle sera veuve . Donc  , dans une réalité , Shiva et Sati restent compagnons . Dans une réalité parallèle , Sati se manifeste sous la forme d’une déesse qui est rejetée par le masculin ; punie pour avoir un instant affirmé sa colère , en étant condamnée à vivre en dehors de la protection masculine et de ce fait en dehors de la société traditionnelle .  Dhumavati est le féminin qui n’est pas soutenu par l’autorité masculine . Dans plusieurs peintures , elle est assise sur un chariot que rien ne tire , une position , comme le remarque l’auteur et érudit hindouiste David Kinsley , qui sous-entend le fait qu’au sens conventionnel elle est une femme qui ne va nulle part (3)

   L’IMMOBILITE AU CŒUR DE LA VIE

                  Ce chariot à l’arrêt détient également une signification ésotérique plus profonde . Il peut aussi représenter l’immobilité du présent éternel , l’action qui se lève à partir de l’inaction , l’état de vide dans lequel la forme se dissout en méditation profonde . Dans la cosmologie indienne , Dhumavati représente la Shakti présente pendant Mahapralaya , la dissolution cosmique dans laquelle le monde physique se fond à nouveau dans le vide , et tous les êtres , qu’ils soient ou non prêts , son libérés de leurs corps ,de leurs désirs , et de leurs karmas .  En d’autres mots , elle représente l’instant cosmique de la complète renonciation . En tant qu’énergie dans le monde physique , elle représente l’absence de la fertilité et de l’hydratation qui donne la vie . Elle vit dans tout ce qui est désolé , abandonné , malheureux , et déplaisant . Pensez à l’énergie de Dhumavati comme au lit d’une rivière asséchée , comme aux champs de riz dénudés dans un paysage rongé par la sécheresse , ou aux endroits où le déboisement  a transformé la forêt pluviale en désert . Elle est les récifs de corail morts et les maisons qui ont été saisies , avec leurs fenêtres cassées . Elle est les camps de réfugiés et les personnes déplacées ,  sans papiers ,  qui marchent sur une terre désolée . De toutes ces façons , elle dément la douceur ordinaire de la vie . Elle est tout ce dont nous voulons nous détourner , tout ce que nous refusons d’accepter dans nos vies . Mais elle est aussi la dignité des sans caste et le pouvoir qui change le mauvais sort en éveil.
           La combine , avec Dhumavati , est de découvrir son cœur de lumière , le pouvoir de transformation au sein du désespoir et de l’échec . Cela exige d’habiter vos pires peurs et de faire face à vos échecs . Gloria Steinem a dit une fois que beaucoup de ses amies - des femmes douées et qui avaient réussi professionnellement - avait un jour ou l’autre avoué leur terreur de finir comme clochardes (4) . Quand des femmes seules , des femmes sans hommes , se réveillent à trois heures du matin pour se confronter avec leurs démons intérieurs , arrive souvent la vision de se retrouver sans abri dans une ruelle , ou oubliée dans un coin sentant l’urine  d’une maison de retraite .  Pour quelques uns d’entre nous - des hommes tout autant que des femmes - c’est une réelle possibilité .
             


DHUMAVATI , LA CLOCHARDE

           Dans un cours sur les déesses Tantriques , je demandai une fois aux participants , à titre d’ exercice , de donner cinq dollars à une clocharde en la regardant dans les yeux . Les gens eurent différents genres d’expériences , depuis la confrontation avec leur aversion et  leur peur , jusqu’à faire face aux élucubrations coléreuses d’un schizophrène paranoïde , jusqu’à entrer en conversation et à entendre des paroles de sagesse authentique . Après coup , je reçus une lettre de Tina , une belle femme de quarante ans qui s’était rendu compte que l’exercice l’avait confrontée , pour la première fois , avec la prise de conscience que , non seulement elle allait vieillir et perdre le privilège qui accompagne la jeunesse et la beauté , mais que toute sa vie elle avait été terrifiée par tout ce qui était  laid ou d’impopulaire - par la découverte que , en dessous de  sa peau , elle était semblable à  Dhumavati . Dhumavati nous rappelle que tout un chacun peut tout perdre , que , lorsque les filets de sécurité cassent , personne n’est à l’abri de perdre sa santé ou sa fortune  ou sa tête  .  La guerre ou la famine ou l’explosion d’une centrale nucléaire peuvent emporter tout ce sur quoi vous vous êtes appuyé .
       Dhumavati pose les questions :  Est-ce que votre équilibre intérieur peut survivre à ce niveau d’effondrement ? Est-ce que vous pouvez trouver votre voie de yoga quand tout s’écroule  ?
         Voilà deux des grandes questions auxquelles la pratique yogique est censée répondre . Les praticiens du Tantrisme contemplent la dissolution du corps , comme un chemin pour transcender la peur de la mort , et aussi un chemin pour acquérir divers pouvoirs yogiques . Questionner Dhumavati peut vous donner de l’empathie pour les gens malheureux ( et pour vous-même dans votre malheur) et peut vous montrer comment la liberté arrive vraiment quand il n’y a plus rien à perdre .
           


LES DONS DE DHUMAVATI

        Même pour une personne qui suit son chemin au milieu du monde , ça vaut le coup de regarder de près la vieille femme avec le corbeau sur son étendard .  Derrière son regard mauvais peut se cacher un don . Nous savons , d’après les mythes et les films , que les clochardes et les sans abri se trouvent parfois être des sages ,des êtres pleins d’amour qui ont choisi d’être ignorés ou oubliés  parce que ça leur donne la liberté  , et qui ont la sagesse de se révéler à quelqu’un qui sait comment les honorer . Dans la mythologie Européenne il y a l’histoire de Dame Ragnell , qui donne au roi Arthur le secret de l’énigme qui sauvera son royaume . Les contes de fée sont plein de vieilles sorcières qui , lorsqu’on les traite avec gentillesse , chuchoteront la formule magique qui permettra au jeune homme courtois de trouver un trésor ou aidera une petite oie à épouser un prince .  Dhumavati est une de ces Shaktis qui ont l’air féroce  , mais , en réalité , a le cœur tendre. Elle est supposée donner à ses dévots tout ce qu’il désirent - quand vous  regardez avec amour le visage de la déception , vous puisez dans son amour et sa puissance .


 Contemplation : se confronter à l’échec .
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  Cette contemplation vous permettra de vous ouvrir aux parts de vous-même que vous avez reniées .Trouvez une posture confortable et concentrez vous pendant quelques minutes sur votre respiration avant de commencer .


  Tout d’abord ,pensez à votre propre vie . Quand vous avez eu un échec  ou quand on vous a laissé tomber , comment vous voyez-vous ? Pouvez vous vous regarder avec le même amour que lorsque vous avez eu un grand succès ? Ou est-ce que vous vous rejetez subtilement ?
   Maintenant , notez les sentiments qui se lèvent quand vous pensez à des gens qui ont été déçus , ou qui ont eu des échecs . Est-ce que vous vous sentez de l’empathie pour eux ? Est-ce que vous voulez les éviter ? Quelle est votre réaction habituelle -  intérieurement et extérieurement - devant un sans abri ? Devant une personne malade ? Est-ce que vous prenez de la distance avec eux ? Est-ce que vous ressentez de la pitié ? Est-ce que vous vous identifiez à eux ?
   Maintenant , amenez dans votre esprit une incarnation humaine de l’énergie de Dhumavati . Cela peut-être un ami malade , un sans- abri ,votre grand-mère , ou une personne qui a la maladie d’Alzheimer . Imaginez que vous prenez cette personne dans vos bras . Sentez vos propres sentiments pendant cette étreinte ,et sentez les sentiments de l’autre personne .
   

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ETRE GUIDE A TRAVERS LA DECEPTION SPIRITUELLE

            Dans tout processus créatif , ou de croissance , il y a un stade de vide difficile mais nécessaire . Tous vos efforts ont été stériles . Vous savez que vous irez plus loin mais vous ne savez pas comment y aller . Dans ce genre de moment , la seule façon de passer est de laisser aller toute attente ,tout espoir , et votre désir de réconfort , d’argent , de reconnaissance , ou même d’expérience spirituelle . Il y a des moments dans la vie où vous devez regarder en face votre incapacité à contrôler les résultats , où vos compétences semblent vous avoir abandonné .  Vous vous trouvez dans un état de vide et de vulnérabilité , totalement brisé par le désappointement ou la perte ou par votre propre échec à vivre selon vos propres attentes  .
           Dans l’échec , Dhumavati est notre guide . Elle nous emmène dans la grotte de l’âme , et quand nous la suivons , elle nous montre la source qui jaillit depuis les places vides dans le cœur . Dans une phrase rendue célèbre par Robert F. Kennedy , Eschyle dit : «  Même dans notre sommeil , la douleur qui ne peut oublier tombe goutte à goutte sur le cœur ,et malgré nous  , contre notre volonté , vient la sagesse , par la terrifiante grâce de Dieu . » (5) Cette sagesse , et la grâce qui l’appelle , est l’œuvre de Dhumavati .
          A l’âge de quarante-six ans , un pasteur que je connais fut victime de  plaintes mensongères l’accusant de  méfaits . En quelques jours , il perdit sa congrégation , l’accès à ses enfants , sa profession , et sa réputation . Il alla vivre dans une autre ville , et un soir il était invité à dîner chez une famille du coin . Quand on le présenta aux autres invités , l’une d’entre eux chuchota à leur hôte qu’elle ne s’assiérait pas à la même table  qu’un criminel potentiel . L’hôte , un peu embarrassé , demanda au pasteur de s’en aller . Dans ce moment d’humiliation , l’âme de cet homme  fut broyée , lui qui était habitué à être le centre bien-aimé de ce genre de réunions , et qu’il était en fait innocent .
          Cette nuit-là , il s’assit sur son lit , pleurant et priant pendant des heures . De bon matin , surgies de nulle part , des vagues d’énergie et d’extase commencèrent à parcourir son corps . Il se sentit complètement vivant , reconnaissant le Divin dans l’univers , vivant en tant que son soi humain . A ce moment là , il se souvint d’une affirmation  de Saint- François , qu’un ami lui avait citée : quand on lui demanda ce que c’était que la joie parfaite , François dit qu’être jeté à coups de pieds hors d’une maison où il allait mendier sa nourriture , et laissé dans le caniveau avec les chiens , cela serait la joie parfaite . Mon ami avait trouvé cette affirmation incompréhensible , mais ce matin là , il comprit pour la première fois le cadeau d’être un sans-caste .


Avoir l’intuition des dons de Dhumavati
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       Dans cet exercice vous allez travailler avec le bija mantra de Dhumavati . La syllabe -graine Dum signifie littéralement «  fumée » ; le mantra tout entier signifie : «  fumée , fumée , celle qui es faite de fumée - je la salue »
   Trouvez une place confortable et tranquille pour cette pratique , et ayez votre journal et un stylo à portée de main .
   Tout d’abord , répétez neuf fois à voix haute le mantra de Dhumavati

 Dhum Dhum Dhumavati Svaha
 
   Puis , considérez les moments de votre vie où vos espoirs et vos attentes ont été déçus , quand vous avez expérimenté des sentiments de vide et d’échec . Comment ces moments ont-ils contribué à votre croissance ? Quels cadeaux avez-vous trouvé dans l’échec ? Ecrivez toutes les prises de conscience qui se font .

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            Ca n’est pas à la portée de tout le monde d’entrer dans la caverne de la déception et d’y trouver la source secrète .La plupart d’entre nous faisons de notre mieux pour éviter l’échec , et c’est ainsi que nous devons faire - ce qui est pourquoi Dhumavati n’est pas une déesse populaire . En fait , les prêtres Hindous orthodoxes disent souvent que les gens mariés et les gens avec des familles devraient éviter d’avoir affaire à elle parce qu’elle a la réputation de dissoudre les liens familiaux . Mais pour quelqu’un qui incline à une vie de renonçant , ou quelqu’un qui veut authentiquement démanteler ce qui fait barrière à la communion au profond de son âme , l’échec et la déception peuvent être de vrais passages vers la réalisation de soi .
              Comme Dhumavati révèle le caractère transitoire du plaisir et la qualité insatisfaisante de la satisfaction dans le monde , elle est , en grande partie , une déesse de la dernière partie de la vie . La plupart des gens jeunes ont trop d’énergie bouillonnante et de désirs urgents pour s’abandonner totalement à un chemin de renoncement et de lâcher-prise . En tant que guide de vie , Dhumavati a plus à apprendre à ceux qui ont épuisé le chemin du plaisir et de l’effort  , et à ceux qui veulent s’asseoir dans le non-agir , laissant venir ce qui doit venir .
            Quand votre but est de vous transformer en profondeur par la conscience méditative , elle est une guru essentielle , et même une étape majeure sur le chemin spirituel . Leonard Cohen est l’un des grands poètes de cette phase de  vie , chantant la désillusion et l’amour qui reste quand il n’y a plus aucun espoir . A la soixantaine , il quitta un monastère Zen où il avait vécu pendant des années .  Tout de suite après , son agent prit la poudre d’escampette en emportant tout son argent , et Cohen fut obligé de faire une tournée de concerts . Le voir dans la vidéo du concert Live in London , c’est regarder dans le cœur  nu de la déception . Il est là humble , dévoué , et profondément respectueux de l’auditoire  et des musiciens qui sont en scène avec lui . Son visage -  ridé , creusé , tout simplement vieux - témoigne des dons qui peuvent venir quand on se meut ,  en conscience ,  au sein de la perte et du désespoir .

          Dhumavati peut aussi ouvrir la porte à l’état de méditation sans pensée et à une forme d’éveil extrêmement puissant et durable . L’enseignant contemporain Eckart Tolle décrit dans Le pouvoir de l’instant un éveil soudain qu’il expérimenta pendant une période de grandes ténèbres intérieures . Il avait plongé en spirale dans la dépression , une misère tellement intense qu’une nuit il se rendit compte qu’il n’avait plus envie de vivre . Avec cela , une étrange pensée lui vint : «  Si je ne peux plus vivre avec moi-même , il doit y avoir deux moi : le «  je » et le «  moi » avec lequel «  je » ne peux pas vivre . Peut-être … que l’un des deux seulement est réel . » Alors , son esprit s’arrêta , et il sembla tournoyer dans un état de vide , à partir duquel il s’éveilla à une expérience de paix et de joie profonde qui dura des mois . (6)
          Une autre enseignante de la non-dualité , Byron Katie , eut son propre éveil dans un centre de désintoxication pour alcoolisme .  Elle s’éveilla un matin face à face avec un cafard et , prenant pleinement conscience du point  jusqu’où elle était allée , eut la compréhension totale que la réalité est exactement bien ,telle qu’elle est . Cette prise de conscience fut pour elle le début d’une ouverture apparemment permanente , ouverture dans la joie profonde et la paix . Son voyage à travers la perte l’ouvrit à la présence qui se tient en permanence derrière toute chose . (7)


L’ENSEIGNEMENT AU SEIN DE L’ECHEC SPIRITUEL

         Quiconque a déjà tenté de saisir l’éveil ou une expérience spirituelle connaîtra  ce moment où vous vous rendez compte que les efforts spirituels ne marcheront jamais , que tous ces efforts ont été faits en vain . C’est un tournant critique dans la pratique intérieure , et c’en est un auquel tout pratiquant sérieux devra faire face tôt ou tard . Dans la pratique contemplative Chrétienne on l’appelle «  la nuit noire de l’âme » . Le suc s’absente de votre pratique . Vous vous sentez sec , déconnecté , et même plus intéressé par votre chemin . Aucune de vos stratégies habituelles ne semble vous reconnecter . Cet état va souvent de pair avec une perte de confiance , une perte de croyance dans de vieilles certitudes . Cela s’accompagne du sentiment d’être désillusionné de votre église ou de votre enseignant . En tant qu’enseignante , j’ai passé des heures à écouter des gens me dire qu’ils ont perdu confiance dans un guru ou un chemin . James Fowler , dans son livre Stages of Faith , fait remarquer que c’est une étape normale et importante du développement , parce que c’est le passage de la confiance conventionnelle au  stade clé du scepticisme (8) . Vous pouvez avoir l’impression que tous vos appuis se  pulvérisent , mais cette sensation possède le potentiel pour faire , dans votre psyché ,  de la place pour un sens profond de non-savoir , qui peut éventuellement se changer en une foi mystique authentique ,  basée sur l’expérience intérieure .
       Dans les cercles spirituels contemporain , bien entendu , beaucoup d’entre nous «  saisissent » cela intellectuellement , sans avoir vraiment traversé cette phase de lutte . En fait , si nous avons été influencé par un enseignant de la «  non-dualité » comme Tony Parsons , on a pu nous dire que l’effort est fondamentalement inutile sur le chemin spirituel parce que ce que vous cherchez est déjà présent et ne peut être découvert dans l’effort . Le problème est que ça ne suffit pas de savoir cela intellectuellement . Pour la plupart des gens , il faut faire des efforts terribles avant de pouvoir acquérir cette reconnaissance . La grâce , dans l’échec , ne vient pas du fait de n’avoir pas essayé ou d’un lâcher-prise prématuré . De même que vous devez avoir développé un ego avant de pouvoir laisser tomber l’ego , vous devez vous être donné de tout cœur à votre quête , à votre travail , à votre pratique avant d’avoir gagné le droit de prendre conscience que l’effort ne va pas vous amener là . Vous ne pouvez pas abandonner avant d’avoir commencé ou parce que le travail semble trop dur . Ce genre d’échec n’enclenche pas de pouvoir transformateur .
        Tous mes moments de  grâce inspirée par Dhumavati ont été la conséquences d’un intense effort , souvent après le genre d’effort déterminé qui apportait un genre de burn-out . En d’autres termes , ils sont venus de m’être poussée à bout et de m’être trouvée arrêtée par un mur de briques qui prenait la forme , des circonstances , ou , le plus souvent , de ma propre faiblesse physique , ou d’une maladie . Quelques années auparavant , après sept ans de voyages et d’enseignement intenses , souvent en me poussant au-delà de l’épuisement , mon corps tomba en panne , et je fus forcée de prendre un repos complet . Pendant des mois , je pouvais à peine rester debout plus d’une heure ou deux chaque jour . Je continuais à perdre du poids , à m’affaiblir , me sentant petit à petit plus détachée de ma profession , de ma vie , et de mes amis . Je ressemblais presque à Dhumavati - osseuse , les joues creuses , avec la peau sèche et les cheveux clairsemés . C’était dur de se tenir assise pour méditer . Je restais couchée sur le dos , respirant de longues respirations profondes et descendant de plus en plus profondément dans mon corps . Au fur et à mesure que les semaines passaient , je devint conscience d’un profond sentiment de justesse et de réconfort . C’était comme si l’isolation et l’incertitude de la maladie me permettaient de prendre contact avec la sensation cellulaire , viscérale d’une présence qui ne mourait pas . Cette présence paraissait sans passion , neutre , et cependant aimante et - par-dessus tout -  impossible à briser  . Je sentais qu’elle me soutiendrait à travers la mort et au-delà .  Il n’y avait rien de dramatique dans cette conscience . C’était simplement une reconnaissance de ce qui est ; la force  , qui ne meurt pas , de tension de la vie .
        Les  déesses féroces donnent toutes cette expérience à leur propre manière . Kali et son alter ego , Bhairavi , font ça au moyen de changements soudains , sauvages , explosifs . Dhumavati fait ça en vous obligeant , sans relâche  , à reconnaître votre marginalité , votre incapacité à connaître quoi que ce soit avec certitude  , la sécheresse et la vacuité des périodes vides de l’expérience , quand l’action devient impossible .
      Cela nous arrive à  tous quand nous sommes confrontés à la mort ou à une maladie qui persiste .  Sur le chemin de l’éveil , il y aura de nombreuses fois où serez appelé à laisser mourir quelque désir profondément ancré . A ces moments là , Dhumavati vous tend la main cachée qui vous guide à travers la déception , vers la paix et la liberté . La phrase de la Bhagavad Gîta , «  la Paix suit la renonciation » , énonce simplement la vérité  . Normalement , cependant , la renonciation , nous est , dans un sens , imposée par le fait que les choses sur lesquelles nous comptions s’écroulent . Une relation se termine , un enfant s’en va , vous perdez votre travail , votre santé vous fait défaut  .  Mais quelquefois dans ces moments où le pire arrive ,  vous découvrez qu’il y a une immense dignité et une immense paix simplement dans le fait de vous tenir  dans ce que vous êtes . Les enseignements Taoïstes sont  de cette compréhension . Le sage chinois Tchouang Tseu compare le sage taoïste à un arbre pourri , inutile , qui peut survivre parce personne ne le veut pour faire du bois à brûler ou de charpente .
            Dans une retraite Zen classique , les pratiquants ont l’opportunité de faire éclore cet état où tout s’éloigne  .  En restant assis jusqu’à dix-huit heures par jour , face à un mur , vous ressentez tous les parfums de résistance possibles : l’ennui , la panique , la distraction , les douleurs physiques . Alors , à un certain instant , les pensées s’évanouissent . Tout ce que vous pensez que vous êtes semble se dissoudre . Vous reconnaissez la conscience dépouillée derrière els pensées . Les maîtres Zen japonais appellent cela «  le corps-esprit qui abandonne » . C’est un état qui peut vous catapulter dans ce que le Zen appelle kensho , un éveil soudain dans ce que vous êtes  , par derrière votre identité ordinaire , ou satori , l’expérience d’un moment présent sans fin qui se déploie .

 

 


Contemplation : s’ouvrir au Vide

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     Pour cette contemplation , prenez un siège confortable et préparez vous à invoquer l’énergie de Dhumavati en utilisant votre imagination .
     Commencez par répéter le mantra de Dhumavati vingt-et une fois : « Dhum dhum Dumavati Svaha »  . Amenez à l’esprit l’image de Dhumavati , la déesse qui se manifeste à travers la déception et la frustration , dont les cadeaux peuvent nous montrer le chemin vers une conscience plus vaste ,  qui vient dans les moments de déception et de perte .
      Imaginez que vous êtes assis dans un désert ou dans un canyon , entouré de rochers et de ciel .
      La déesse est assise par terre devant vous .
      Elle a la peau sombre , elle est osseuse , habillée en haillons . Elle a un long nez et des joues et des seins qui pendent . Son visage est sévère , mais ses yeux sont aigus et puissants . Elle vous regarde avec un regard clair , neutre , comme si elle vous demandait : «  Peux-tu regarder en face le visage du désespoir ? Peux-tu trouver les cadeaux dans l’échec ? Peux tu voir qui tu es réellement quand tout ce sur quoi tu comptais est parti ? » En regardant de plus près , vous reconnaissez que derrière ses yeux il y a un espace infini , clair  , l’espace du vide puissant au-delà des désirs . Elle vous montre l’acceptation , la possibilité de pénétrer  dans la vacuité .
      Pendant que vous regardez dans les yeux de Dhumavati , laissez votre attention retourner à vous-même . Permettez à sa forme de vous transmettre sa clarté , son absence de toute prétention , son authenticité dépouillée . Voyez si vous pouvez sentir l’immense soulagement qu ‘il y a à laisser tomber toute attente ou tout désir . Remarquez toute crainte ou résistance qui se lève , et continuez à permettre au regard calme , plein d’acceptation de Dhumavati de dissoudre vos attachements à tout ce que vous pensez que vous êtes .
       Demandez à Dhumavati un cadeau de sagesse .
      Maintenant , ouvrez les yeux , et regardez autour de vous . Laissez votre regard se concentrer sur l’espace autour des objets, plus que sur les objets eux-mêmes . Voyez si vous pouvez sentir l’espace en arrière-plan dans lequel tout est contenu . C’est la vision qui vous permet de voir le vide sans forme qui tient et imprègne toutes les formes .

    
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        LE POUVOIR DANS LA SOLITUDE


           Dhumavati , dit-on , vous fait désirer la solitude , le genre de solitude qui est heureuse de se tenir en dehors du jeu . Dans ma vie , quelques uns des moments de paix les plus profonds sont venus quand j’ai perdu quelque chose à quoi je tenais énormément - une position ou une relation - et que j’ai lâché prise . Je peux me souvenir d’un moment où la décision d’une autorité avait mis ma réputation en péril .  Je combattis la décision pied à pied , et perdis . Après la période initiale de regret et d’amertume , vint un moment où j’abandonnai tout simplement le combat . Je cédai à la réalité et m’écartai du champ de bataille psychique . La paix qui s’éleva en moi était une des plus profondes que j’aie jamais expérimenté . Cela me donna un choc , de me rendre compte de la quantité de tension et d’anxiété qu’il y a quand on combat la réalité , et de l’ état de relaxation qui surgit quand vous abandonnez l’envie d’être victorieux  ou quand vous arrêtez de vous cramponner à une opinion ou à une relation - même une sans laquelle vous pensiez ne pouvoir pas vivre .
              Quand une vague passe par-dessus votre tête , votre survie dépend du fait que vous plongiez dans la vague plutôt que vous ne la combattiez . En tant qu’archétype à l’intérieur de nous , Dhumavati est votre capacité de laisser aller les choses dont vous pensiez avoir besoin . C’est une capacité qui peut vous soutenir à travers des expériences répétées de déception radicale ; personnellement , je suis convaincue que c’est une capacité qui surgit par une forme particulière de grâce . Beaucoup d’entre nous sont anéantis par le désappointement , comme l’homme qui perd son travail et a alors une crise cardiaque .  Le chagrin peut dévaster votre système respiratoire - Frieda , une femme qui perdit son fils dans un accident d’auto , développa une tuberculose six mois après . Ma propre mère ne se remit jamais émotionnellement de la mort de mon frère aîné . Ceux qui sont pauvres et marginalisés intériorisent souvent la rage et le désappointement , qui peut se changer en hypertension , violence à la maison  , ou dépression . Etre capable de recevoir le cadeau du désappointement est une capacité rare . Cela nécessite un genre unique de pratique du lâcher-prise  , et voilà où Dhumavati est votre guide infaillible . « Lâche-prise  »   est le mantra le plus profond de Dhumavati .  Il surgit comme le subtil chuchotement du cœur quand vous rencontrez sa force irrésistible et vous rendez compte que , en vous écrasant , il étend vos limites jusqu’à ce que les limites ne signifient plus rien . A ce moment là vous suivez le courant de la réalité ,  comme  la fumée , et vous contemplez le monde les yeux grands ouverts , et votre vision comprend  que vous vous trouvez en toute  chose .


 Lâcher-prise

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      Assis confortablement , méditez sur le mantra de Dhumavati : «  laisse partir . »

              Considérez les choses dans votre vie auxquelles vous vous sentez attaché , les choses que vous aimez . En expirant , ayez la pensée «  laisse partir  »,  et laissez les aller , une par une . Sachez que vous pouvez toujours les reprendre . Ce lâcher-prise est juste pour maintenant .
      Considérez la façon dont vous vous définissez . D’abord ce qui est évident : homme/femme , fille/fils de _______ , mère/père de _______ , conseiller financier , professeur , une personne gentille  ,une personne timide , une personne en colère , accomplie , névrotique , intelligente , grosse , fatiguée , heureuse - toute qualité personnelle ou physique que vous considérez comme étant «  vous » . A chaque qualité qui vous vient à l’esprit , expulsez la en soufflant , comme un soupir ,   avec la pensée «  laisse partir » .  
     Maintenant , avec les prochaines expirations , laissez partir tout ce que vous pensez être vous . Laissez tout ça partir avec la pensée «  laisse partir ».
      Que reste-t’il quand vous avez permis à tout de partir ?
      En ouvrant les yeux , regardez l’espace autour des objets dans votre vision , vous concentrant , non pas sur les formes , mais sur ce qui les contient . De la même façon , observez l’espace qui entoure toutes pensées ou images qui se lèvent dans votre esprit . Pensées , impressions , opinions peuvent se trouver là , mais elles sont contenues dans la vacuité de l’espace-esprit , dont l’essence est pure conscience .  

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Dhumavati

Celle qui est fumée


Autres noms de Dhumavati :

Jeystha - l’aînée
Alakshmi - Celle qui est de mauvais augure .

  • Déesse de :
  • Le désappointement
  • La vieillesse
  • Le veuvage
  • Le vide qui peut s’ouvrir et devenir une bénédiction
  • La fin de la vie
  • naviguer dans la nuit noire de l’âme
  • La perte des moyens d’existence ou de la position sociale
  • La méditation sans pensées
  •  Les états de vacuité
  • La malchance en tant que graine pour la transformation


 Reconnaissez Dhumavati dans :

  • Le sommeil profond
  • Les nuits sombres sans lune
  • Les sans-abri
  • Les maisons de retraite
  • Les lacs desséchés et les déserts
  • Les états de dépression et sans espoir
  • Le deuil profond
  • La pure expérience de l’instant
  • Les périodes d’assimilation , quand rien ne semble venir de l’extérieur

Invoquez Dhumavati pour :

  • L’expérience d’être sans ego comme phase de la pratique
  • Vivre en  marge
  • Accepter la vieillesse
  • Gérer le désappointement
  • Trouver des bénédictions inattendues dans la perte
  • Découvrir la liberté contenue dans le lâcher-prise
  • Transcender les sentiment d’être sans valeur
  • La compassion pour les personnes âgées , les malades , les sans abri
  • L’humour et la sagesse de la sorcière
  •  L’état de méditation sans pensée .

Bija-mantra  :
 
Dhum

Mantra d’invocation :

 Dum Dhum Dhumavati Svaha
Fumée , fumée , toi qui est faite de fumée - Je te salue .

Couleurs de Dhumavati : gris fumée , noir  
Véhicule de Dhumavati : le corbeau
Parèdre de Dhumavati : aucun .

 

 

 


(1) cité par David Kinsley , Tantric Visions of the Divine Femiine . The Ten Mahvidhyas ( Berkeley , CA : University of California Press , 1997 )
(2) ibid.
(3) ibid.
(4) Lily Tomlin ; Katie Couric , Shirley Mac Laine , et même Gloria Steinem admettent toutes qu’elles ont la clocharde dans leur placard à angoisses . Cité dans un article de Jay Mc Donald , Money magazine , 2006
(5) Pour l’une des nombreuses fois où Robert  Kennedy a cité ce poème , voyez NPR , Edition du matin , 4 Avril 2008 , dans une histoire sur Kennedy donnant la nouvelle de la mort de Martin Luther King . Kennedy a cité le poème de façon erronée , changeant la traduction originelle des mots « contre votre volonté «  en «  à votre propre désespoir »
(6) Eckart Tole , Le pouvoir de l’instant : Guide de l’Eveil Spirituel
(7 ) Byron Katie , Aimer ce qui est : Quatre questions qui peuvent changer votre vie ( N.Y : Three Rivers Presse , 2002 )
(8)  James Fowler , Etapes de la foi : la Psychologie du Développement Humain et la Quête de Sens ( N.Y : Harper Collins , 1981 )
( 9 ) Burton Watson , tr. Tchouang Tseu : Basic Writings ( N.Y : Columbia University Press , 2004

Published by Prune Branchesetbosquets