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Revenons à nos moutons ... ou plutôt à mon potager . Il a fait une très belle averse l'autre nuit , accompagnée d'une symphonie grandiose d'éclairs et de tonnerre ... Du coup , j'ai recommencé à jardiner de bonne heure le matin . Me sentant un peu coupable de subordonner le bien-être des plantes sauvages qui s'obstinent à y pousser , à mon sens particulier de l'esthétique - esthétique qui me vient tout droit , j'en ai bien l'impression , des merveilleux livres d'images dans lesquels j'ai trouvé refuge à partir de mes quatre ou cinq ans , et jusqu'à maintenant . Tant l'univers " réel " , criailleur , cassant , chaotique , plein d'angles coupants et durs , me paraissait peu digne d'intérêt ...
Donc , j'ai demandé pardon au chiendent , pardon au laiteron et au chardon , pardon à la quintefeuille et aux plantains - le lancéolé et l'autre dont je ne connais pas le nom - pardon au gentil pourpier qui est pourtant si bon en salades acidulées ... pardon à toutes ces plantes de les arracher pour des raisons qui tiennent uniquement à mon mental . Ou devrais-je dire , à mon karma ? En tout cas , j'ai nettoyé les allées , enlevé des poubelles et des poubelles d'herbes que j'ai versées sur le compost , puis bêché l'espace où j'avais fait pousser , au printemps , des " pommes de terre sur gazon " ( que je devrais bien plutôt appeler ici " pommes de terre sur chiendent " , d'ailleurs ) qui ont connu un plein succès ... Je n'ai pas terminé , mais je me suis sentie , après deux heures de travail qui m'ont laissé suante , sale , un peu courbatue , je me suis sentie bienheureuse dans ma tête , mon corps et mes espadrilles ...
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