Oooooops .. Comme vous l'avez peut-être remarqué , je commence à accuser la fatigue , de plus en plus . Je suis allée tenir compagnie à maman presque tous les après-midis depuis plus d'un mois qu'elle est là , et quinze jours à l'hôpital auparavant ; et je commence à avoir du mal à respirer en traversant les deux bouts de couloir , pourtant pas immenses ,pour arriver à sa chambre . L' odeur innommable du couloir , surtout celui de l'Est , une odeur fade , lourde , chargée de relents évoquant vaguement quelques souvenirs de pipi au lit , mais pas seulement .. Avec , dans chaque chambre ou presque , le fond sonore de la télé qui claironne inlassablement et radote , à trois heures de l'après-midi , devant les grabataires , jeunes ou vieux .
Maman va mieux , dans sa tête et ses jambes ; elle va probablement rentrer chez elle dans une ou deux semaines , et il faudra vraiment que je sois d'attaque pour organiser ça . Phil et moi avons posé , Lundi , un lino dans sa grande pièce - il me semble que ça sera moins traumatisant pour elle , que ça lui sera une aide pour surmonter la peur de retomber . Mais une infirmière ( déprimée ? ) du Centre de rééducation me disait d'un ton douloureux il y a quelques jours : de toutes façons , les personnes âgées retombent toujours .
Donc , je me sens terriblement besoin d'une pause et de quelques jours de vacances supplémentaires . Nous avions prévu de partir , aujourd'hui , vers l'Aubrac . Las ! le temps était fort gris et couvert .. Et Dieu sait que la pluie sur l'Aubrac , c'est encore plus lugubre que la pluie sur Brest ce jour là . Nous avons reporté notre départ ; et cet après-midi j'ai proposé à ma voisine - je vous ai dit à quel point je l'ai négligée depuis deux mois - une balade à la merveilleuse pépinière de Saint-Jean du Gard ; laquelle propose , ça n'est pas partout , plusieurs sortes de lavandes . Celles qui m'intéressaient : des blanches et des lavandes stoechas . Chez nous , quatre pieds de lavande n'ont pas survécu au dernier hiver ; à mon étonnement , les lavandes stoechas , que je connaissais des promenades dans l'Estérel de mon enfance , se trouvent assez bien dans notre sol argileux . Hélas , cette pépinière est une tentation terrible , et j'ai senti mon auréole de sainte qui brillait avec éclat quand j'ai réussi à sortir , au prix d'un effort de volonté surhumain , sans avoir acheté un grand rosier grimpant à fleurs moyennes ,d'un blanc presque lilas ou blanc à peine teinté de grenat - si légères , gaies et échevelées .. Ensuite , j'ai jardiné jusqu'à l'épuisement . Le jardin rayonne de beauté dans la lumière de l'après-midi ; même si les escargots ont dévoré nombre d'iris , il en reste encore tant qui se dressent avec ardeur vers le ciel , tous pétales déployés ; certains pour la première fois , comme les petits iris , si légers , blancs tachetés de mauve , que m'a donné Maria . Les roses commencent à s'ouvrir ; les fraises rougissent et les petits artichauts étaient succulents en barigoule ,ce midi ( allez donc trouver au marché des artichauts aussi petits , frais , aussi fondants ... ) .
Mais peut-être que je reviendrai la semaine prochaine le contempler , ce rosier .
Seulement , Cornegidouille ! Y'a pas que le prix , mais où pourrai-je bien mettre un rosier supplémentaire , dans ce petit jardin , qui compte quatre mille métres carrés à peine et déjà foisonne de rosiers ?