Je reviendrai aux oeuvres d'art , bientôt ... Aujourd'hui , dans notre Piémont Cévenol , le temps est gris de gris , et toujours plus que frais . A Florence , un froid coupant , agrémenté , les deux premiers jours , de quelques flocons de neige , et , tout au long de notre séjour , de vents coulis , me faisait empiler les chaussettes , superposer les sous-vêtements , noyer ma tête dans les replis conjugués d'un bonnet de laine , insuffisant , donc additionné du col géant de mon pull que je rabattais par dessus ... Ou alors , je prends de l'âge . Mais ce froid , qui rendait les flâneries au bord de l'Arno peu tentantes , ne m'empêchait pas de faire du lèche-vitrines , en chemin vers San Marco , ou Santa Maria Novella pour aller voir les Ghirlandaio ... Malheur ! en plus , c'était les soldes ... Moi qui suis toujours habillée comme pour aller bêcher le jardin , ici , dans cette ville je me suis laissée happer par les éventaires . Incroyable - dés que je suis dans une ville , surtout Florence qui est pour moi la quintessence du raffinement , je suis comme une éponge , scotchée par toutes les vitrines ; toutes suscitent des désirs , d'ordinaire silencieux , qui braillent encore à qui mieux mieux ...
Là , j'ai fini , au bout de vingt-quatre heures , par me limiter , et j'ai regardé surtout les sacs à main . Ce sont , en fait , les mêmes sacs qu'à Athénes ; et les mêmes qu'en Crète il y a trois ans ... même si les étiquettes , à l'intérieur , proclament qu'ils sont made in Italy . Vouais ... C'est quoi , pour moi , un sac ? un petit objet plein de beauté , que j'aime à m'imaginer fait avec amour - tout comme moi quand je fais une aquarelle ... Et donc , après une recherche agréable , me voilà nantie d'un n-ième joli petit sac . Jaune , celui-ci - la couleur de la voie du Milieu , j'espère ...
Et puis , le dernier jour , on a traversé l'Arno - pour aller au Palais Pitti , à la Galerie Palatine : les appartements princiers , tendus de satin ou de soie , où sont entassés , dans ce qui semble un désordre et en tout cas une profusion ahurissants , toutes sortes de chefs-d'oeuvre , du sol aux très hauts plafonds ... Et là , traversant l'Arno , donc , par le Ponte Vecchio , j'ai senti que , pour un peu , j'allais me mettre , comme autrefois , à fantasmer sur certains bijoux en or des boutiques ( depuis qu'on a volé , il y a longtemps , tous les petits bijoux en or que j'avais dans la maison , à Aix , je me suis uniquement vouée aux boucles d'oreilles en argent , nettement plus respectueuses de mon porte-monnaie ) . Mais , miséricorde ! une jolie améthyste , ou une claire aigue-marine , sertie d'or , ce que c'est joli !
Ca , c'est à Santa Maria Novella ; dans mon dédain récent de tout ce qui est peint après 1400 , j'excepte Ghirlandaio , tout de même , tant ces fresques sont merveilleuses . D'ailleurs , dans l'abside voisine , il y a tout un ensemble d'autres fresques , peintes par un autre peintre dont je ne veux même pas retenir le nom , mais qui fait des bouches déplaisamment sinueuses à ses personnages ; c'est là qu'on peut pleinement apprécier Ghirlandaio , par comparaison !