Qu'est-ce que je déguste en ce moment ... J'essaie , tard le soir , de regarder des vidéos de Mooji ; il propose dans les derniers satsangs que j'ai écoutés des exercices de style méditatif ( Vous voulez entrer dans ma maison pour me rencontrer , je vous dis : " laissez votre mental à la porte " ... ) ; visiblement , il y a dans l'assistance des personnes que ça envoie d'un coup au septième ciel ou au satori ; mais jusqu'à présent , chaque fois que j'écoute , plongée dans un état " au bord du sommeil " , comme on disait dans la formation sophro d'autrefois , ça me met dans un malaise terrible , un mal-être , de sensations désagréables comme si j'étais piquée de milliards d'épingles à l'intérieur ... je me dis qu'en principe , c'est juste des états de conscience enfouis jusqu'alors dans ma psyché - le genre contre lesquels je luttais il y a trente ans ; c'est sur , je les croyais partis , mais ils devaient demeurer planqués dans les buissons en attendant de pouvoir me sauter dessus ... à l'occasion ... et , pourtant , j'imagine aussi que c'est peut-être le prix à payer pour atteindre le But ... Sat Chit Ananda ... Réalité Conscience Béatitude , pas moins !
Mais ça me met mal . Alors , j'arrête la vidéo , génial y'a qu'à cliquer - et je retourne , volontairement , à l'état de conscience ordinaire ; du coup , les ronflements de mon copropriétaire , qui m'horripilaient une heure avant , me remplissent en cet instant d'une joie suave . Home , sweet home , profite-z-en bien ... Puis , je m'endors du sommeil du juste ( grâce à la lecture , merci Hélène , d'un roman qui me délecte , Boussole de Mathias Enard , un bouquin qui a eu le prix Goncourt je ne sais quand et pour moi d'ailleurs ça n'est pas particulièrement une recommandation - mais il me fait penser à tous ces grands romanciers à la culture encyclopédique qui vous font voyager et rêver , Umberto Eco ou Salman Rushdie , ou encore Romain Gary dont le style est un peu semblable , et l'esprit blessé , ironique et tendre )
Et le lendemain matin , Boudiou ! je me réveille stressée et déprimée , voyant tout en noir ... résurgence d'un conditionnement négatif qu'était pas piqué des hannetons , dans une famille de profs de Maths ou de Physique il fallait toujours chercher l'erreur , et donc , ce matin , je me promenais dans le jardin en cherchant l'erreur , et Dieu sait que j'en trouvais partout des erreurs ( les iris oranges à côté des roses roses pâles , ça jure , les deux énormes rosiers rouges et jaunes presque fluo qui cassent le moral de tout le parterre avec leurs roses grosses comme des choux dont la couleur hurle avec presque tout ce qui est autour ; les iris marron qui émergent , c'est une merveille , mais en plein milieu des iris violet-noir , une merveille aussi mais , sombre sur sombre , ils ne sont pas mis en valeur ... les onagres qui se sont ressemés partout au potager , en douce ... les fraisiers qui ont toujours de la chlorose .. et cætera , et cætera , et cætera ... J'observe , j'observe , j'observe , tout le déferlement de négativité qui passe dans mon cœur - j'observe , donc je mets une micro distance avec le mal être , mais tout de même , ce que je me sens mal .
Après avoir , en pyjama , fait la chasse aux pousses d'onagre sur toute une banquette où je veux , dans quelques jours , installer les Noires de Crimée qui commencent à s'agiter pour sortir de la petite serre , je m'arrache , enfin , au jardin ... et vais m'asseoir tranquillement dans la pièce où les sages m'attendent en souriant , bien tranquilles dans leurs petits cadres photos . Il suffit de quelques minutes - la paix m'accueille - enfin ! ... Je peux me doucher , prendre un petit dej tardif , puis mettre en train une aquarelle au son d'une musique entraînante : ces temps-ci je retrouve mes amours de jeunesse pour le jazz des années vingt et trente , grâce à une série de CD intitulée " Jazz Charts ", que m'a offert la solderie pour un prix ridicule ( au fait , il me manque les numéros 1, 2, 3 , si jamais vous les voyez passer .. ) J'écoute , en repeat , un morceau des California Ramblers , lesquels ne sont pas vraiment passés à la postérité , morceau vaguement orientalisant , dés que je l'entends je vois une exotique file de chameaux qui avance en ondulant rythmiquement , à la place où devrait , normalement , se situer la colline .Ce morceau s'appelle " Singapore Sorrows" : je suis sure qu'aucun des membres de l'orchestre n'a jamais été à Singapour , mais ça me convient comme un gant . Les chagrins de Singapour ...
Finalement , j'ai pas trouvé " Singapore Sorrows" , je vous mets celui-ci à la place , les magnolias c'est joli .... c'est un orchestre de Blancs , mais dans le disque y'a de tout , y compris Bessie Smith , que du bonheur je vous dis ! Bonheur dans le malheur ...
Ah ben si ! les voilà les chameaux ... à Singapour , tout de même , fallait bien les chercher !!!!!