Dans mes gênes a été fourrée l'obligation de ne pas perdre mon temps ... C'est en partie pour ça que , chaque matin , je continue studieusement à recopier deux phrases de sanskrit , ce qui me prend une bonne demi-heure . J'adore ça !
Au stage de Juillet , Dîpa nous a fait psalmodier un extrait de la Mahanarayana Upanisad ( sections 65-66 , pour les amis intéressés ) . Les Upanisad sont des textes sacrés très anciens ; et il y en a : un sacré paquet . Celui-ci , je l'ai trouvé tellement beau que j'ai cherché le texte en Devanagari sur internet , et que je recopie , verset par verset . On y énumère d'abord de façon détaillée tous les éléments de notre corps , de notre mental , de notre environnement , en priant pour qu'ils soient purifiés . Et à la fin : ce que je trouve absolument génial , on énumère aussi nos concepts de pureté , en priant pour que ces concepts soient purifiés ... J'adore la logique indienne et son côté pinailleur et coupeur de cheveux en dix-mille - ça me rappelle quand je travaillais la logique mathématique à la fac , et donne à mon côté matheux une extrême satisfaction . Il n'y a qu'eux qui font ça , il me semble , dans les philosophes ...
Chaque shloka ( verset ; ici il n'y a que deux vers ) se termine par cette phrase :
Jyotir aham Viraja vipapma bhuyasam Svaha ...
Lumière je suis ; puissé-je être sans passion , sans faute ; je salue ...
Or , dans un shloka que Dîpa ne nous avait pas mis sur la feuille , soit qu'elle n'ait pas eu la place ou ait jugé celui-ci secondaire , il y a également une demande à ce que notre faim et notre soif soient purifiés . Moi qui suis faible et me laisse chaque fois séduire quand je reste face à face avec un Rocher Suchard , ou encore l'infernal trio : pain frais ( bio de préférence ! ) - pélardon crémeux - vin rouge à treize degrés cinq , c'est pas pour rien que de notre balcon nous saluons le Mont Ventoux chaque matin , trio dont chaque élément incite à reprendre un peu de l'autre qu'on ait encore faim ou pas ... J'ai trouvé ces couplets particulièrement intéressants !!! . Dans l'édition à partir de laquelle je travaille , édition qui vient , comme souvent , du Ramakrishna Math , je trouve ce commentaire du Swami qui l'a édité :
It is further stated at verse 86 that desiring for self- realisation and, at the same time, devoting oneself to the nourishment and enjoyment of one's own body would be like attempting to cross a river using a shark, mistaking it for a floating wood.
Dans le vers 86 , on fait remarquer que désirer la Réalisation et , en même temps , se consacrer à la nourriture et au plaisir du corps , c'est comme essayer de traverser une rivière à cheval sur un requin , en le prenant pour du bois flotté .