Encore des rêves bizarres et touffus , plus un cauchemar ; qui me réveille . Il n'est que cinq heures et demie , mais je me lève . Je sais que le travail en sanskrit sur l'hymne à Sarasvatî va me remettre dans mes pantoufles , confortables et seyantes ...
Mais tout de même , ce rêve - j'avais un cancer , une toute petite blessure , mais qui rongeait , qui ne guérissait pas - à la jambe droite . Je pense tout à coup au film vu hier soir . Le Facteur Cheval ne m'intéressait pas particulièrement , mais j'avais vu la présentation du film , et voulu le voir , en hommage à mon arrière-grand-père le facteur , qui parcourait , comme le héros , dans les années 1880 , les sentiers de la montagne . Vêtu d'un uniforme de facteur semblable , avec la même pélerine - qu'il pleuve ou qu'il vente ou qu'il neige ... pour mon arrière- grand-père Hippolyte , que les récits de maman et de Tata Lili m'ont rendu si vivant , ça n'était pas la Drôme et ses collines , mais ce pays peu éloigné , qui y ressemble tellement - de Sisteron à Entrepierres , d'Entrepierres à Saint-Geniez , il passait par chaque ferme paumée , alors habitée et entretenue , portant lettres ou journal ... marchant plus de trente kilométres par jour ( la légende familiale dit que c'était quarante ) ; je me suis dit qu'Hippolyte avait la lecture hésitante , comme le héros ... Donc , j'ai traîné Philippe pour voir le film . Un chouette film ... qui raconte des gens simples , à la vie quasiment ordinaire . J'ai été ramenée au temps où vivaient nos arrière-grands-parents , dans ce milieu de la fin du XIXe , paysans pauvres , paysans simples .
Une petite fille meurt , dans le film ; j'ai pleuré . Mes ancêtres avaient perdu , de la diphtérie , leur petite Rose , la deuxième fille ; et cette perte a influencé le destin et la personnalité de ma grand-mère ; et du coup , ça a influencé le destin et la personnalité de ma mère - pour l'éternité la deuxième fille , petite fille fragile , menacée de mort dés l'enfance ... et les craintes de ma maman pour sa deuxième fille ont influencé le destin , et la personnalité , de ma soeur ... qui y a réagi à sa façon .
Bien sur , le propos du film n'est pas réduit à la vie ordinaire . Le propos , c'est la passion du Facteur Cheval , construisant tout seul son palais de fou , comme un fou ... Et c'est un bon film , je l'ai dit . Mais ce jour , on dirait que mon inconscient n'a été sensible qu'à cet épisode personnel , de la petite fille qui meurt trop jeune . Je me réveille avec , au coeur , l’écho de la douleur des parents dans le film , et une toute petite compréhension de la douleur que c'est de perdre un enfant ... Allez , en ce qui me concerne , c'est assez pour la souffrance . On va faire du sanskrit ... Sarasvatî , la lumineuse , va venir à mon aide ...