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Les rosiers , c'est comme la mousse au chocolat : on croit toujours qu'on en a assez , et puis au bout de quelques minutes on en veut encore .... Nous avions dormi dans un hôtel champêtre , dans un hameau perdu , près d'une abbaye en ruine . Je sirotais un immense verre rempli d'une boisson fraîche , à l 'heure de l'apéritif - quelque chose avec de l'eau pétillante et du sirop de cassis - attendant Philippe , tout en écoutant d'une oreille distraite la conversation de mes voisins de table de café , un couple de retraités ( qui avaient , bien entendu , commencé par s'extasier sur la sagesse et la beauté d'Hermione couchée à mes pieds ) . Tout d'un coup , j'ai entendu le mot " rosiers David Austin " - et , bien entendu , mon sang n'a fait qu'un tour ... Je me suis invitée avec les précautions d'usage au milieu de la conversation , j'ai appris qu'une roseraie spécialisée dans les rosiers anglais se trouvait à quelques kilométres . Les rosiers David Austin , j'en héberge déjà quelques uns ; de façon surprenante , ils prospèrent sous notre climat tout de même assez rude l'été . Avec un bon arrosage tous les deux jours , naturellement .
Le lendemain matin , après mains tours et détours , dans un paysage vallonné et boisé de très belles forêts ( j'ai découvert comme ça que la région de Compiègne est fort jolie ) nous avons réussi à trouver la vallée de l'Automne ( rien que le nom de la rivière est déjà poétique ) ; puis la roseraie , installée dans le jardin d'une ancienne abbaye encore . Je ne me rappelle plus son nom - mais vous avez déjà assez de pistes comme ça , je suis certaine , pour la retrouver ! Il faisait déjà un peu trop chaud , mais les rosiers étaient merveilleux ... et les parfums , extraordinaires . A ma grande surprise , j'ai constaté que les pépiniéristes enterraient le point de greffe de leurs rosiers , lesquels avaient l'air d'apprécier ça ( oui , je sais , c'est un peu ésotérique là , mais les jardinières me comprendront . Nous , en France , on a la religion du point de greffe au dessus de la terre , sinon , gare au gourmands ... eh ben , pas les anglais . Fascinant ! ) . Une source rendait le sol presque marécageux , ce qui m'a donné l'occasion de marcher pieds nus dans l'herbe douce pour ne pas gâter mes sandales . Quand à Hermione , à priori pas trop intéressée par les roses , elle s'est trouvé une petite baignoire personnelle dans la source , en est ressortie revivifiée et absolument enthousiaste .