Hier après-midi , j'ai pu , à nouveau , jardiner - même , jusqu'à cinq heures passées ! Tout en arrachant les mottes de chiendent au milieu du massif de rosiers entre la maison et la route , je devais rêver ou rêvasser ... je me suis retrouvée tout à coup en train de penser à Maria , à son accueil toujours incroyablement chaleureux , dans sa pièce à l'invraisemblable peinture jaune tournesol , avec la bûche qui se consumait doucement dans la cheminée ... et à regretter tellement qu'elle ne soit plus de ce monde . j'ai du baigner dans ce chagrin , de la disparition d'une amie , pendant une bonne heure , tout en tirant sur les touffes opiniâtres - puis , tout à coup , une mésange s'est perchée en pépiant dans la haie au dessus de moi ; et ça m'a un peu remonté le moral .
Dans la soirée , avec le bien-être qui consiste à s'asseoir dans un canapé confortable quand on est fatiguée , j'ai regardé , par hasard , un documentaire sur Arte . Je regardais distraitement ; une image m'a happée : un mineur , à demi allongé sur un genre de machine bizarre , dans une galerie où il n'y avait pas la place de se mettre debout ... je suis claustrophobe , et rien que de regarder les images m'a horrifiée - mais je me sentais vraiment la curiosité de regarder davantage . J'ai cru , tout d'abord , que la scène se situait au fin fond d'un pays genre Bolivie ou Pérou , où les conditions de vie dans les mines sont abominables - et je me suis dit que le gars parlait vraiment bien anglais . Puis j'ai compris tout à coup , et c'était un choc ! que c'était un reportage sur les mines de charbon en Virginie du Sud . Aux Etats-Unis , mais oui ! il y a des gens qui vivent comme ça ... C'était , en fait , exactement les mêmes scènes , le même genre de personnes , le même genre de vie , qu'on voit dans Voyage au Bout de l'Enfer , de Cimino . Seulement , le film date , si je me souviens bien , des années soixante ou soixante-dix ... Eh ben , cinquante ans plus tard , on dirait que rien n'a changé . Rien ,rien , rien .... Si ce n'est que ces gens , maintenant , c'est l'électorat de Trump . Comment pourrait-on dire , en l'ayant vu , que les électeurs de Trump sont des cons ?
Un reportage hyper bien fait ; sensible , ouvert , intelligent , sobre , pas sentimental , pas misérabiliste , sans préjugés ... Il filme , et donne la parole , à quelques personnes : une famille de mineurs ; un groupe religieux chrétien aux pratiques étranges ; le shérif d'un village en détresse ; une femme , seule - une écologiste .
Un reportage terrible . Il se termine , ou presque , sur la même scène que le film de Cimino , les mineurs qui vont chasser dans la forêt , avec leurs fusils hyper perfectionnés ... Seulement , la forêt est , à mon goût ,encore plus belle que celle de Cimino - des arbres immenses , hauts comme des colonnes , un sous-bois magnifique , doucement ondulé , recouvert jusqu'au bout du regard d'un tapis de feuilles mortes ... Mais , dans ce reportage , les deux chasseurs ne semblent pas avoir envie , comme Robert De Niro dans le film , de détourner leurs fusils du gibier .
Misère de misère . Si vous êtes , comme moi , accro du film de Cimino ; ou alors , si vous ne l'êtes pas ; ou si même vous ne l'avez jamais vu ... Regardez ce reportage . C'est pas tout le temps qu'il y a des émissions de cette qualité ... Mais , pour vous remonter le moral après , que dire ? Moi , j'ai du méditer longuement pour me remettre d'applomb ; la seule chose qui me consolait , quand je me suis réveillée tout à l'heure , vers les quatre heures , le coeur de traviole en y repensant , c'était de me raccrocher aux croyances indiennes , avec leur certitude de réincarnation ...
Ensuite , la méditation m'a rendu la paix , sans recours à la moindre croyance - mon univers , présentement , n'est pas l'univers de ces gars-là ; mon chemin de vie n'est pas le leur ; ils ont fait des choix , également ; et en tout cas , je n'ai pas le moindre rôle à jouer dans leur vie à eux . Donc , je peux en parler paisiblement ...
https://www.arte.tv/fr/videos/075788-000-A/au-coeur-de-l-amerique-du-charbon/
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