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Aujourd'hui est une journée tout à fait spéciale pour moi , vu que c'est l'anniversaire de mon jour ( ou plutôt de mon soir , je suis venue au monde à 19h30 , parait-il ! ) de naissance . Mes gentils cousins m'avaient offert , à cette occasion , un chouette bouquin sur Venise , qui me fait rêver d'y retourner ... un livre de Jean-Paul Kauffmann , auquel j'ai eu du mal à adhérer au début , tant sa démarche , bourrée de références à une littérature d'Occident que je ne connais pas du tout ( Sartre , Paul Morand , et d'autres ) , m'apparaissait intellectuelle , étrange et étrangère . Puis , je m'y suis plongée avec enthousiasme , comme dans un polar ou presque , prenant mentalement note de relire Donna Léon , l'amoureuse de Venise ...
Je devais aller avec Philippe à Nîmes ce matin , afin d' y choisir une fois de plus une n-ième paire de boucles d'oreilles , et peut-être de déguster , en lieu et place du repas de midi , une de ces exceptionnelles glaces de chez Courtois , monstrueuse pyramide crèmeuse ornée d'une méga tuile aux amandes comme je n'en ai jamais goûté ailleurs ... Je ne sais si j'aurais encore envie d'y aller tout à l'heure . On est si bien au jardin ...
Mais le vrai cadeau , celui que je me suis offert à l'aube , c'est de repiquer , dans des pots séparés , les petites pousses des " acacias de feu " de Maria dont j'avais semé les graines , retrouvées au fond d'un tiroir sept ou huit ans plus tard , ce printemps . Je me suis aperçue que le mauvais terreau dont je les avais entourées " croûte " en surface , et les a empêchées de profiter des arrosages ... Mais elles ont fait plein de racines , hyper longues , pour chercher l'eau ... Je les ai donc replacées dans des pots plus profonds , ce matin , entourées de soins et de terreau meilleur . Et j'ai réarrosé ... Ces acacias de feu me rappellent tellement Arunachala ... avec le réchauffement climatique , ils devraient bien s'adapter ici .
J'avais été accueillie au réveil par un courant de pensées et de reproches , réentendant la voix de maman quand j'étais petite me reprochant ... beaucoup de choses . Mais , certainement , et ça n'était pas dit , de m'être sentie , jusqu'à cinq ans , comme la fille de ma marraine , et non sa fille à elle . La pauvre ... et ma pauvre marraine , aussi ... Ce flux de pensées mauvaises ne m'a pas inquiétée , ni vampirisée , parce que j'ai été les chercher dans les démarches de travail sur l'inconscient que je mène depuis plusieurs semaines . C'était celà , aussi , ma mère ... ces reproches incessants , cette rancœur ...
Peu importe . En cet instant , les pensées , devenues formulées et audibles , ne sont plus que des graviers dans mes sandales , il suffit de les secouer et elles partent . L'amour venu d'Arunachala , transmis juste ici grâce à l'affection de Maria pour moi ( mais qui lui avait donné ces graines , à elle ? )et à son immense amour de toutes plantes , me remplit le cœur . Puissent-elles , toutes , pousser pour donner naissance à une forêt d'arbustes aux grappes flamboyantes !
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( dans mon souvenir , ces arbustes poussaient dans la " forêt " , sèche et peu dense , qui garnit les pentes d'Arunachala . Mais , d'après la photo , on dirait bien qu'ils se trouvaient en fait , entretenus et arrosés , dans l'ashram . Puis , je me demande si les " acacias de feu " de Maria sont bien ces mêmes fleurs , il me semble me souvenir de grappes qui descendaient , un peu comme des glycines - mais là aussi , c'est le souvenir , qui me touche encore , de Maria quand elle me faisait visiter son jardin , émerveillée devant chaque plante ....Peu importe - je sais par expérience que , quelquefois , il suffit d'un symbole , d'une copie même pas fidèle , mais porteurs des souvenirs d'un monde ou d'un moment heureux , pour se sentir complétement , totalement , pleinement heureux .