Hier matin je suis passée dans un bazar de la zone commerciale , je cherchais des rideaux ; il y avait une musique trop présente , comme souvent ( est-ce que ça pousse vraiment les gens à acheter ? en tout cas moi ça me décervelle et je me retrouve hagarde entre les rayons en train de me demander ce que diable je suis venue chercher ) mais là , j'ai tendu l'oreille tant c'était remarquable , un baryton à la voix volontairement chevrotante , qui voulait peut-être évoquer le regretté Klaus Nomi ( je dis regretté mais je ne supportais pas d'entendre Klaus Nomi , heureusement que Phil a cessé de l'écouter depuis quelques années) des paroles que je ne vais pas citer exactement , j'en suis désolée , pourtant j'ai écouté attentivement : " on m'appelle Lolita , L-O-L-I-T-A ... tous veulent m'avoir ... " je crois que c'était ça qu'il disait , quelque chose de ce genre en tout cas , il n'aurait pas dit "tous veulent me sauter " parce que ça aurait certainement fait trop vulgaire , j'espère ne pas trahir le message ... mais c'était croquignolet de voir les aimables ménagères du village en train de choisir attentivement le nouveau décor de leur cuisine , tasses et soucoupes , assiettes et torchons , tandis que le prétendu pervers - j'imaginais un travelo à la Almodovar mais un peu grassouillet - égrenait sa chanson aberrante ...
Mais c'est la chanson suivante qui m'a fait fuir ( sans rideaux , c'est bien fait pour eux ) , un chanteur extraordinairement mollasson à la voix légère et molligasse avec un vague accent anglo-saxon reprenait " Ne me quitte pas " sur un rythme fade entre samba et ... ?
Malheur ! Malheur ! Malheur ! pauvre Jacques Brel .... n'avait pas besoin de ça ... vraiment pas ...