Eh ben , la semaine dernière j'étais vraiment , vraiment mal ... et hier en particulier - j'ai été faire une course dans Alès juste avant la séance de midi du yoga , le coeur affreusement , péniblement serré , sans raison aucune ; j'ai eu un répit en décidant de changer ma séance de lèche-vitrine en marche méditative façon Zen , c'est à dire que j'en avais tellement marre de mon ego , de mes déprimes , de mes sautes d'humeur , de mon émotivité pas possible que je me suis tournée vers l'intérieur de moi-même , et j'ai marché en restant juste concentrée sur ma respiration , le regard baissé mais tout de même consciente , en faisant attention de ne buter dans personne bien sur ; là , au bout de peu de temps je me suis sentie vraiment bien . Vraiment bien .
Mais tout de suite après la séance de yoga , c'était reparti le mal -être , pourtant je m'étais programmé des trucs que j'aime bien , jardinage , un gâteau , mais non , le coeur toujours serré ... ma voiture remarche , la maison est jolie , le jardin est superbe , les chats sont parfaits , le chien aussi , le mec quasiment ... eh beh , non , décidément pas de bonheur possible au moyen de cet ego ... je me suis couchée à neuf heures , en me disant que le lendemain ça irait mieux - c'est l'avantage des humeurs irrégulières ..
Ce matin , réveil à six heures , j'ai eu envie de continuer le Seigneur de Bombay , le livre de Vikram Chandra dont je vous parlais ; pas tout à fait comme un pensum , mais comme c'est un livre complexe et bien construit , c'était un peu une trahison de le laisser au beau milieu , pourtant cet univers dans lequel je marine depuis quinze jours , où l'ego , justement , l'ego du personnage de mafieux , est tout puissant , univers où désir de richesses , hémoglobine , violence , sexe , abondent , mais aussi les sentiments tendres , l'affection , l'amitié , l'amour ; cet univers , donc , je m'y sentais de plus en plus mal ...
Et alors , j'en lis encore vingt pages ce matin , le temps de me rendre compte que le fameux gourou , dont je citais les paroles avec admiration , n'était pas à 100% plein de sagesse , mais seulement 90 % - lui aussi s'est laissé prendre au piège du pouvoir , les vrais gourous que j'ai rencontrés sont libres de ce piège - je survole l'élucidation du meurtre et suicide qui initient le livre , juste pour comprendre de quoi il retourne -
- et tout à coup , c'était fini , je me suis donné l'autorisation de laisser tomber , je rendrai le livre demain à son propriétaire ... je me suis levée , et j'ai eu l'impression de revenir avec bonheur à mon univers , univers dont je vois les étriquements , mais aussi le côté moral , cet univers où tout le monde essaye de faire de son mieux , et moi aussi , et de créer un monde paisible . J'ai eu envie d'assumer ces étriquements , avec plus de force . Fille de fonctionnaires ...
En tout cas je crois que j'ai compris quelque chose , dans la profondeur : que le désir de paix est universel .Pas seulement chez moi , mais chez tous .
Et que j'ai acquis quelque chose : une gestion plus équilibrée de mes autres désirs . Certes je ne me retrouve pas , du moins consciemment , dans ce personnage de mafieux , ni même dans le personnage du flic ,plutôt sympa mais tellement masculin . Mais c'est comme si la lecture de ce livre , indien justement , avait creusé en profondeur , avait été un garde-fou ... bienvenue , encore plus , à mon côté victorien étriqué !
A part ça , c'est un bon livre , vous voyez , on peut le prendre comme une fable ... mais dans le même genre je préfère Shalimar le Clown , de Salman Rushdie . Quoique ça vous brise le coeur de le lire .
Voilà , portez vous bien ! aujourd'hui nous allons faire une ballade vers le Mont Lozère , voir la neige avant qu'elle ne fonde ...