...par trois miracles : primo , en arrivant dans la cuisine ce matin , je trouve plein de petites plumes grises , et Rajah , mon Rajounet préféré, qui miaulait frénétiquement au pied de la fenêtre ; or sur l'appui de fenêtre , à l'intérieur , il y a une série de pots de plantes grasses , qui ont passé là un hiver tranquille dans leurs petits bols blancs et bleus - des bols chinois ébréchés - plus deux violettes du Cap ( Saint Paulia , je ne sais pas comment ça s'écrit ) dont une d'un bleu véritablement céleste ; le premier miracle , minuscule , c'est donc que Rajah n'ait pas sauté sur l'appui de fenêtre et mis la zone , parce que , caché entre deux pots , il y avait un petit oiseau ; pas mort , affolé , tiède quand je l'ai pris dans ma main ; je l'ai mis dans une boîte à chaussures sur un bout de chiffon , avec le couvercle par dessus pour qu'il reprenne ses esprits dans le noir ( c'est ce qu'ils appellent à la télé le soutien psychologique pour les victimes ) , et j'ai posé le tout sur la terrasse , avec le soleil qui se levait et réchauffait la terrasse je me suis dit que , quoi qu'il lui arrive , vers la mort ou vers la vie , ça lui rappellerait la tiède ambiance du nid , ou de l'oeuf ... après , j'ai fait un grand nettoyage complet de la cuisine , sous le regard réprobateur de Rajah qui déteste le bruit de l'aspirateur ,je comprends ça moi aussi je déteste les aspirateurs , mais je me disais que c'était bien fait pour lui ; parce que dans sa trouille le petit oiseau avait laissé quelques traces ... et puis pour me récompenser , j'ai eu envie de me faire du vrai café ( je suis plutôt thé , ou alors ersatz de café ) , et le deuxième miracle , c'est qu'en faisant ledit café ( j'étais un peu à côté de mes pompes , comme d'hab ), j'ai posé le filtre en plastique sur le pot le filtre en papier dans le filtre en plastique le café dans le filtre en papier , tout bien ... j'ai versé l'eau bouillante par dessus , tout bien mais pensant à autre chose . Comme d'hab ... Et là , ça c'est un miracle important et extraordinaire , j'ai posé ma tasse sur la table et j'ai eu l'idée de regarder combien j'avais de café dans le pot - et - roulement de tambours , on soulève le filtre , avec le papier et le marc tout fumant qui sent bon ... dessous , le niveau de café chaud était juste à trois millimètres SOUS le bord du pot à café ... incroyable , je m'étais arrêtée de verser à temps ... mon intuition fait peut-être des progrès , parce que je suis une sacrée habituée des cafetières qui débordent partout ...
Mais le plus beau du plus beau , je l'ai gardé pour la fin , c'est que j'ai enlevé le couvercle de la boîte , et après un temps de méfiance et d'immobilité regard fixe , temps pendant lequel je me suis dit qu'après tout , il n'allait peut-être pas survivre , que mon chat taré lui avait peut-être cassé une patte ...
l'oiseau s'est envolé ...