Hier après-midi , toujours en humeur de vacances , j'ai roulé jusqu'à Sainte-Croix de Caderle où France exposait ses paniers ... par la petite route qui sinue et se tortille depuis Lasalle en montant dans la forêt ; sur les talus , millepertuis ( ça y est , hier soir j'ai mis les sommités fleuries à macérer au soleil dans l'huile d'olive ) , campanules , marguerites ,des fleurs jaunes genre marguerite que je ne connais pas , sedums , genêts encore fleuris , et quand je lève le nez au dessus de mon volant parce que c'est bien de regarder où la route tourne mais tout de même y'a pas que ça dans la vie , au dessus du sommet de la colline et des grands arbres , ciel bleu azur et un cumulus blanc photogénique ... plein de geais aussi en ce moment ... Sainte-Croix de Caderle est un village absolument aérien , qui plane avec sérénité au dessus de la vaine agitation de la vallée du Gardon , de celle du Rhône ; on laisse sa voiture un peu avant , si on est , comme moi , obéissante à la pancarte " parking visiteurs ". Quelques minutes de marche , je sors du couvert , à droite un pré à moitié fauché , l'odeur du foin , délicieuse ; mais une autre demeure , plus intense , miellée , tonique ,un peu âpre et sombre comme une contrebasse : je mets quelque temps à comprendre que ce sont les chataîgniers en fleurs que je suis en train de quitter .
Arrivée à Sainte-Croix , je cherche l'expo , l'agitation enthousiaste des visiteurs ... je ne la trouve pas , le village est trop distingué , digne dans sa réserve de bon ton , on n'y mange pas de ce pain là : une affiche petitoune sur la mairie , si discrète que je la loupe au premier abord ( normal , l'expo s'appelle " talents cachés " ) , puis une indigène m'indique l'emplacement : je traverse le batiment , ( du moins à ce que je me souviens ) pour accéder à une terrasse qui contemple l'horizon ; à l'ombre d'un tilleul , trois femmes sont assises , bavardent paisiblement tout en oeuvrant : l'une (Corine ) coud un immense patchwork coloré , l'autre (France ) est à l'oeuvre sur un début de panier , la troisième ( Alix ) peintre , est en train d'écrire ... il fait bon sur la terrasse , un petit souffle d'air rafraîchissant aére nos pensées , je m'assieds avec elle , on papote ... puis je vais à l'intérieur voir l'expo , plein d'ours en peluche en tissus , très séduisants , les merveilleux paniers aux couleurs pastels de France , des trucs en laine brute , des poteries jolies , de la peinture - là c'est l'angoisse , parce qu'il y a manifestement des gens qui débutent et c'est difficile de se fendre d'un commentaire dans ces cas là , il y a juste des petits paysages carrés que j'aime bien - ouf , en sortant , j'apprends que c'est justement Alix qui les a fait , et je peux être sincère dans mon appréciation ... quand ça ne me plait pas je ne dis rien . On passe un moment agréable avec la brise sympathique qui nous tient compagnie , puis je vais avec France voir son jardin - j'adore visiter des potagers ...
On repart par une autre petite route en doigts de gants tout aussi sinueuse et charmante , qui descend cette fois , traverse à loisir la forêt avec de hauts arbres splendides - je me dis que je reviendrai les admirer plus à loisir - passe sur un canyon - j'arrive à apercevoir une petite rivière claire - de temps en temps il y a des clairières avec de ces belles maisons cévenoles , toujours droites et fières malgré leur grand âge ... enfin on arrive au potager verdoyant , à flanc de pente : haricots , oignons vert Véronèse encore ( les tiges des miens sont déjà sèches ) , fraisiers , rosiers , capucines , lupins ,blettes , consoude , des douzaines de plantes en pleine santé , et chaque sorte étiquetée avec soin et amour ... on rentre dans la serre , du délire , des Romaines grosses comme des choux , et les tomates ... grands Dieux , les plants de tomate sont gigantesques et grimpent gaillardement à l'assaut du plafond ...je suis jalouse ... par contre , les miennes sont prêtes à murir , ha ! et mes concombres ont déjà donné , ha !
On ressort de la serre , France m'offre de sa délicieuse limonade de sureau faite à la maison , le parfum des fleurs de sureau m'emplit la bouche ... quelques secondes de paradis , et puis me voilà précipitée en Enfer aussi sec ; d'abord un moucheron , puis deux mouches , qui viennent de me repérer , ils se passent l'info vite fait bien fait , un nuage me tourne autour , me persécute , certains ont tendance à vouloir rentrer dans mon oreille , un ou une autre s'interesse à mes narines ... pendant ce temps , un moustique ou assimilé me pique traîtreusement la cheville ... Je m'agite , deviens nerveuse , suis incapable de suivre la conversation et finis par faire des adieux accélérés ... désolée France pour mon impolitesse , je suis partie vite vite ... les insectes ont eu le dessus . Pour cette fois .