J'avais entendu dire que la Baie de Somme , c'était joli comme tout ...On était partis de l'hôtel , situé un peu à l'intérieur des terres , vers les dix heures du matin ; je tenais absolument à me baigner dans la mer du Nord . On devait être une bonne centaine de milliers de touristes à avoir le même projet , et à se diriger vers ces grandes plages de sable ; la journée était , exceptionnellement, caniculaire . Exceptionnellement pour ces latitudes Septentrionnales peuchère , d'habitude les gens du Nord on le sait bien qu'ils grelottent dans leurs maillots de bains en maille polaire , sur leurs plages venteuses , l'eau frissonnante clapotant sur leurs mollets blafards hérissés de chair de poule ...
Mais là , là , Dieu qu'il faisait chaud , Dieu que c'était embouteillé : impossible de se garer à moins de cinq kilométres d'un quelconque accés à la mer ... de guerre lasse , vers les trois heures de l'après-midi , comme je ne n'avait toujours pas eu de bain et que je crevais de chaud , on est entrés dans ce bistro où , au moins , il faisait frais . J'ai demandé un sandwich au fromage ; une accorte dame blonde m'a apporté , au bout d'une bonne vingtaine de minutes , une assiette sur laquelle trônait un empilement de huit tartines de pain dense , deux fois quatre , avec au moins un camembert entier coincé entre les tartines , et une demie plaque de beurre tartinée parce que le camembert tout seul c'est un peu sec . J'avais tellement faim que j'ai mangé le tout , sous l'oeil songeur , bordé de rouge sanguinolent , d'un énorme dogue allemand tout à fait placide . Les propriétaires avaient l'air accro de ce qui était indien , indien de l'Amérique du Nord et pas de l'Inde : derrière Cochise il y avait des étagères chargées de statuettes et de bimbeloterie , sculptés à la main disait l'affiche : guerriers , squaws , canoës , teepees , pièges à rêves ...
