J'avais soigneusement arrangé les dates de notre séjour pour ne louper qu'une séance de yoga sur la semaine ; et ce matin je n'ai pas eu l'énergie de prendre la route ... me voilà donc condamnée à faire une séance de yoga sur clavier , à la place .
Quoi de neuf à Paris ? Quoi qu'on a vu de beau ? L'expo Monet au Grand Palais , tout d'abord ; si vous vous souvenez , à priori j'avais grand peur de la foule ... On a attendu une bonne demie-heure de pouvoir entrer , les pieds gelés et le nez qui coulait , au sein d'une troupe - dense , hélas ; et juste pendant qu'on piétinait désespérément sur le verglas en bas du grand escalier d'entrée , une classe de gamins est sortie en se bousculant . Chouette ! je déteste supporter les laïus qu'on leur asséne , et je hais les mouflets qui font du bruit , ricanent et dérangent mon Eden personnel ... ( personne ne m'a emmenée dans le moindre musée des beaux-arts quand j'étais petite , mes parents considéraient que ça n'était pas leur monde -et ça n'a pas vraiment décidé de mon amour de la peinture ) . Donc , cette expo ... ça a été un beau moment malgré l'assistance nombreuse , les spectateurs étaient respectueux et bougeaient lentement , et silencieusement . Pélerinage plutôt que visite ... J'ai pu constater qu' il y a au moins une dizaine de tableaux que j'aimerais voler , notamment une Vue de Vétheuil , qui a du être peinte au début de la matinée d'un jour d'été , depuis le bateau-atelier de Monet , ancré au milieu de la Seine ; le village , vu de loin , décrit à petites touches nombreuses , de couleurs si fraîches et si chaudes à la fois , parait tout bourdonnant de vie ; aussi , quelques tableaux du début de sa carrière , à Honfleur ou à Sainte Adresse . Je suis modeste , voyez-vous , je ne demande même pas les plus connus ... ceci dit , les tableaux qui m'intéressent sont d'un format un peu conséquent - comment faire ?
Autre beau moment : à Beaubourg , chez Mondrian . J'aime beaucoup Mondrian , moi qui peins façon pattes de mouches et graffitis ... depuis quelques années est affichée en bas de notre escalier une toute petite reproduction de Ragtime , rythme de carrés bleus , rouges , bruns , sur fond blanc , qu'il a du peindre à New York dans les années trente , presque à la fin de sa vie . Ce côté simplificateur et plein de décision des couleurs primaires , des rythmes verticaux et horizontaux uniquement ... tout le contraire de mon quotidien où le moindre frémissement d'une branche de pin , le moindre battement de cil plaintif de ma mère dans le téléphone , le moindre miaulement du Rajounet , le moindre rêve dont j'émerge le matin un peu plus vaseuse qu'à l'ordinaire , retentissent sur toute l'énergie de ma journée ... Quel bonheur de se reposer sur ce total manque de nuances des peintures géométriques , ces couleurs simples - blanc , bleu , jaune , rouge , gris , noir ... de se dire qu'on a décidé que ça serait comme ça et pas autrement ... Quel repos , quelle énergie ... le top m'a été offert par une visite de la reconstitution grandeur nature de l'atelier du peintre qu'il occupait 26 rue du Départ , dans les années 20 , si je ne me trompe . Pièce à peu près carrée , plutôt haute de plafond ; plancher peint en noir , murs blancs , petits tapis gris , un meuble immense laqué noir , avec un rectangle rouge en haut à droite d'une des portes ; deux tables laquées blanc , quelques fauteuils badigeonnés de gris pâle ... on est à l'intérieur d'un tableau , d'un Mondrian . Ouah ! Une cure réenergétisante !
Et quoi encore ? Moebius à la fondation Cartier - je vous en parle demain ...