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2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 07:42

         Nous avons passé cinq ou six jours à l'Ashram de Chandra Swami à Domet . J'avais fait plusieurs séjours à l'ashram d'Arnaud Desjardins en France , il y a bien longtemps , je me croyais donc un peu familiarisée avec une atmosphère d'ashram ... je me souvenais d'ailleurs que Chandra Swami y avait été invité une fois , mais , soit qu'il y eut été peu de temps , soit que j'aie été absente le jour où il  arrivait , je ne m'en souvenais guère ; tout en me sentant des dispositions enthousiastes   envers ce maître spirituel indien . Je savais aussi qu' il avait été le gourou d'Yvan Amar - lui-même devenu un maître spirituel pour bien des gens. Yvan ,  j'avais été l'écouter quelquefois au temps où j'habitais Aix , un homme d'un humour pétillant , d'une intelligence incroyable ; il a " quitté son corps " comme disent les indiens , il y a quelques années .

           Notre petit groupe est arrivé à l'heure du goûter ( si je me souviens bien , encore que je puisse mélanger les heures )  , tschaï et gâteaux secs servis dans une grande salle carrelée de sombre -  à claire voie encore ... Chandra Swami était là , un beau  vieillard ,très grand ,  très droit , très solide ,  barbe et longs cheveux blancs , tout vêtu d'orange ; il nous a lui-même offert les petits gâteaux  en faisant le tour des tables ,  ...quel accueil vraiment gentil  , nous nous sentions bienvenus . Ensuite , nous avons entamé la méditation du soir .

           Les méditations durent une heure là bas , en silence ( à l'ashram d'Arnaud , c'était plus court ) et souvent dans le noir , les rideaux de la salle sont tirés . Je ne souffre pas trop de mal aux genoux en général quand je suis assise par terre , mais ma respiration  me gênait terriblement, le nez complétement et totalement bouché  ; j'essayais aussi de m'empêcher de tousser de cette bruyante toux caverneuse  .. pas toujours facile , et au fil des jours les quintes de toux étaient vraiment bruyantes . Quand je ne toussais pas , quand mon nez me permettait quelque temps de respirer la bouche fermée , c'est le mental bavard et les pensées qui se précipitaient pour prendre la place dans ma conscience ... Quand à la deuxième méditation , à 9 heures du matin ( la première était à 4 heures et demie du matin , et juste après le réveil je suis en général plutôt présente ) j'étais souvent aux prises avec des accés de sommeil dont je me défendais , à la limite de la chute ( et ceci m'a d'ailleurs donné l'occasion d'apprendre une expression , au lieu de piquer des pois certaines Alésiennes disent piquer des gaufrettes , c'est mignon comme tout ). Malgré celà , j'ai un bon souvenir de ces méditations ; j'y ai touché quelquefois de beaux moments de calme et de profondeur . A moins que je n'aie roupillé profondément ... et confondu un doux sommeil avec un beau moment de méditation ...

    Il y avait donc quatre méditations , de une heure chacune , à 4 h 30 , 9 h , 15 h 30 , 18 h30 . Après la méditation du matin , Nathalie nous proposait un peu de yoga sur la terrasse ... puis , petit dej : tschaï bien sur , et une espèce de pâtée de riz parfumée d'herbes et de graines , absolument délicieuse . Ensuite , une petite heure de liberté , ou d'aide à la cuisine , ou à la vaisselle , et c'était déjà l'heure de la deuxième méditation ...un emploi du temps très dense  quand on aime traînasser .   Au début de chaque méditation , une prière , toujours la même , était dite  en anglais et en hindi . On était dans le noir  , j'ai cru entendre qu'elle était dite par une petite fille . J'ai été assez surprise quand j'ai vu ensuite que la petite fille comptait probablement quarante ans bien tassés ... Et qu'elle était tellement ravie par la présence du maître qu'elle gardait un sourire perpétuel et extatique sur son fin visage   ,  même et y compris quand il a raconté une très douloureuse histoire concernant la partition de l'Inde , une histoire qu'il a vécu personnellement dans sa jeunesse . Lui la racontait avec la distance et l'humour  que toute une vie lui avait permis de mettre sur son histoire d'enfance ... C'est le droit de la personne qui a souffert de raconter sa propre histoire avec distance et humour , mais celle qui l'écoute , si elle n'est pas complétement séparée de sa sensibilité , comment peut-elle rire aussi de cette histoire si terrible ?  Le tout m'a mise assez mal à l'aise ...  Allez , un peu de charité chrétienne même et surtout  si je ne le suis pas , je ne sais quelle était mon expression à moi  il y a vingt ans quand j'écoutais Arnaud  . Je devais toujours garder un visage fermé et douloureux et ronchon , surement ... Un autre genre de névrose .  Ne pas juger ne pas juger ne pas juger Françoise , on ne peut juger de la valeur d'un gourou que par ses disciples vraiment avancés . Et j'en ai rencontré au moins quatre maintenant , en comptant Yvan Amar ... et Dieu sait qu'il m'ont donné l'impresson de personnes exceptionnelles , pas des ravis de la crèche ...

         En fin de matinée , il y avait le satsang , une séance de questions réponses , questions posées par les aspirants disciples au maître , qui répond avec intelligence et amour . Chandra Swami a fait voeu de silence , il y a une bonne quarantaine d'années , je crois ; et il répond par écrit aux questions  - en anglais . Il y avait plusieurs  français et françaises auprès de lui , certaines personnes depuis très longtemps  . A l'ashram d'Arnaud , les séances de questions et réponses étaient passionnantes , les questionneurs et questionneurs s'impliquaient personnellement et intensément dans leurs questions , les réponses étaient extraordinairement nuancées , détaillées , allaient dans la profondeur , et apportaient toujours à tout l'auditoire ... je me régalais déjà d'avance de ce satsang . Ouh là ... que c'était lourd !  une personne pose une question écrite , mettons , en français  . L'interprète , une disciple depuis plusieurs années ,  traduit  la question en anglais , et lit à haute voix la question en anglais .  ( c'est le moment où , si  la personne est  un tant soit peu bilingue , elle est agacée parce qu'elle trouve que sa question , dont elle a pesé et repesé le moindre mot , est mal traduite ) . Puis la question est traduite en hindi par un autre interprète. On donne le texte de la question à Chandra Swami . Chandra Swami  écrit sa réponse , et il faut le temps qu'il écrive , -ouh , ça prend beaucoup de temps , chouette , la réponse va être longue et passionnante . La première interprète lit la réponse en anglais ,d'une voix mal posée qui fatigue déjà , se raidit péniblement contre la fatigue , ou devient un murmure à peine audible en fin de phrase ; tiens , la réponse , oralement , n'est pas aussi longue que je m'imaginais ... et je la trouve un peu sommaire .  Ensuite , c'est traduit en français , de la même façon tout aussi enthousiasmante . Enfin question et réponse sont traduites en hindi par l'autre interprète , qui parle , lui , d'une voix bien claire , mais je ne comprends pas l'hindi  . Il ajoute quelquefois des commentaires en hindi - non traduits ... Swamiji fait des signes de tête pour montrer qu'il a bien compris ... mais je ne comprends pas .. Tout ça prend bien une vingtaine de minutes ... le satsang dure une demie-heure ... 

           Mais la première question que j'ai entendue était posée par une anglophone . Bon !  Ouh ! une question bourrée de termes en sanscrits , que je ne connais pas ...  si je me souviens bien , elle a demandé si un certain état de réalisation , l'état de machintrucsamadhi après lequel tout le monde est censé courir en étant disciple d'un gourou , était obtenu par la fusion de l'observateur et de l'observé , ou si l'observateur disparaissait ... une question où la dame se situait à un niveau hyper intello ,et qui ne m'interessait donc pas du tout - à mon sens , soit on a atteint ce fameux Eveil  , cette compréhension du monde qui arrive comme le tonnerre , et là plus besoin de se poser des questions ; soit on est encore emberlificoté dans l'illusion de l'ego , et dans ce cas  pas besoin de nourrir l'intellect non plus ... mais c'est mon point de vue ronchon , la dame est peut-être prof de philo , ou de sanscrit , ou de yoga , en tout cas sur son chemin c'était surement justifié comme question , et il peut y avoir des tas de raisons au fait que le maître ait répondu si soigneusement , en se plaçant au même niveau hyper intello ... la réponse ne m'intéressait pas trop , donc ,  mais c'était bien long ... bien long ... et poum ! la séance était finie . Une seule question compliquée , et c'est fini ... une petite déception .

           Le lendemain , j'étais encore pleine d'espoir ..  la question , posée par une autre personne ,  était banalette , là , et la réponse classique aussi , comme on en trouve dans tous les reader's digest de spiritualité ; à mon avis ça  aurait appelé d'autres questions et précisions ... mais , poum ! la séance était finie ...  Décidément , je crois que ça ne me tenterait pas d'être disciple dans cet ashram ... un gourou qui parle , et qui parle français , finalement , quel cadeau incroyable pour les apprentis ! Un gourou sur la moindre inflexion vocale duquel on peut s'appuyer ...  Dommage , le site est magnifique ...

 

 

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 une note du 1 Août 2017 :

Une personne m'écrit , inquiète de ce que cet article puisse faire du tort à l'ashram de Chandra Swami , ou même décourager certains voyageurs d'y aller .  Pour moi , il est évident que Chandra Swami rayonne bien au dessus de tout ce que j'ai pu écrire  ( euh , une excuse : la bronchite carabinée que je me trimbalais  - l'article a été écrit en Avril , on a du visiter l'ashram en Février  ) .  Peut-être , si j'y revenais ,  constaterais-je que j'ai fait des progrès , que les murailles autour de mon cœur sot moins bétonnées , que je serais plus sensible au rayonnement et à l'amour et à l'intelligence du Guru de cet ashram . Mais c'est un peu compliqué d'y aller seule , et je n'ai pas eu d'occasion autrement  ni d'intense motivation . Bon ,  mon " moi" d'alors a écrit ça , a ressenti ça -  mon " moi " de maintenant laisse l'article ci-dessus tel qu'écrit en Avril 2011 ...  donc , allez-y , ressentez , écoutez , forcément ça ne sera pas la même chose -  et dites-vous avec soulagement que Françoise était vraiment gourde à ce moment là ! 

commentaires

F
:-))<br /> <br /> Merci pour ce précieux témoignage.
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H
Je suis passé il y a presque vingt ans à l'ashram de Swami Ji pendant quelque jours. Ce fut un moment essentiellement joyeux où tout fut drôle. Le premier jour par exemple, c'est sur le terrain de<br /> badmington que j'ai rencontré le gourou, en train de lacer ses chaussures de sport. Impossible de me jeter à ses pieds ! Nous en avons souri et aujourd'hui j'en rigole encore. Quand à<br /> l'impossibilité de soutenir une longue conversation intellectuelle avec Chandra Swami, c'est un message à part entière, ne pensez-vous pas ?
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P
<br /> <br /> Oui .. merci de votre commentaire ; le regard et le sourire échangé avec un maître est quelque chose de fabuleux ! Quelque part , on y trouve la reconnaissance dont on avait besoin<br /> pile poil à ce moment là précisément  . Mais , excusez moi ,  je ne comprends pas trop votre dernière phrase , en fait -  j'ai écrit , à l'époque - il y a deux<br /> ans et demi -  que je n'avais rien compris à  la très longue question posée par la disciple , question que j'avais trouvée très longue et<br /> intellectuelle ; un tel genre de question et la réponse adaptée , qui était parfaite pour la personne en question surement , donc une discussion sur des points de dogme ,<br /> n'étant pas vraiment ma tasse de thé puisque les questions intellectuelles , je veux dire dans lesquelles mon centre de gravité monte tout d'un coup vers le cerveau , ne sont pas<br /> mon intérêt .<br /> <br /> <br />   Pourquoi le fait que le gourou porte des chaussures de sport vous  aurait -il empêché de vous jeter à ses pieds ?<br /> <br /> <br /> <br />
J
Mon amie, ma soeur,<br /> Je ne sais où tu en es aujourd'hui dans ta saddhana. Je suppose que l'eau a coulé sous le pont...<br /> Alors je voudrai te dire que peu importe ce qui s'est passé avec Swamiji (je ne le connais que par ouïe dire, je suis comme toi passé par l'ashram d'Arnaud).<br /> Tu as été en présence de Chandra Swami, et c'est cela qui importe Ce faisant, ton Être a été réveillé par sa présence...comme une vague quantique qui a touché chacune de tes cellules<br /> Le maître parle peu, il peut aussi, tout comme bien souvent le faisait le Maharshi, ne rien dire du tout et sa présence est éloquente...elle vibre en toi et fait comme une " reprogrammation " en<br /> toi, réveillant ce qui est à eveiller. Dis moi maintenant en ce jour, si ce que je t'écris là a du sens...je suis sûr que oui.<br /> Je suis sûr que Chandra Swwami est venu te voir en songe ou autre...<br /> L'ego veut toujours nourrir son mental.<br /> L'éveil est affaire " supra mental ".<br /> Om Shanti<br /> JérÔMe Elvah
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P
<br /> <br /> Bonjour Jérôme ! Oui , bien sur , ce que tu écris a du sens ; on ne sort jamais indemne d'un ashram , ni de nulle part , d'ailleurs . Ceci dit , je me méfie du mot " quantique<br /> " qui a un sens précis en sciences physique ,mais quand on l'applique à autre chose et notamment métaphysique , je ne sais pas ce qu'il veut dire . Les vagues sont nombreuses ,<br /> vagues , vaguelettes ou tsunamis , que la vie nous apporte sans cesse ; et qui modifient notre " moi" sans cesse , par grands coups ou par petites touches ( tu dois te souvenir de<br /> la façon dont Arnaud montrait sa main , le " poing" , qui s'ouvre peu à peu - jusqu'à ce que ça soit une main ouverte , le "poing " avait disparu , la notion de " poing " n'avait plus de<br /> raison d'être  . Mon chemin , c'est de garder en mon coeur , toujours , cette phrase d'Arnaud : Guru Kripa Kevala , tout est la grâce du Guru ,<br /> tout ce que nous apporte la Vie est la grâce du Guru , ou encore : la Vie est mon Guru ( je ne crois pas avoir de gourou , mais tant de rencontres , avec des lieux ou des êtres ,<br />  ont été extraordinaires et magiques ) <br /> <br /> <br />  En ce qui concernre  Chandra Swami , je ne sais pas s'il est venu me voir , en songe ou autre. Mais mon ego a parfois besoin d'un petit clin d'oeil personnel et amical ,<br /> parce qu'il se souvient de temps en temps de l'enfance dans une famille  où tout le monde devait être coulé dans le même moule exactement  . Un an après cette<br /> visite ,ce clin d'oeil m'est venu  , non pas de Chandra Swami en personne , mais de son ami Swami Lakshman , croisé par hasard à Rishikesh ;  qui a répondu à<br /> mon salut maladroit et respectueux , et j'ai apprécié la bénédiction et le regard dont il m'a fait cadeau  .<br /> <br /> <br /> L'ego est aussi , j'imagine , ce qui donne le grain de sel, le petit mélange d'épices , dans le jeu que le Brahman joue avec lui-même ...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Om ! très belle journée à toi , et très bon chemin !  Et merci de ton commentaire !  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
D
bonsoir!<br /> à la lecture de ce texte, j'ai l'impression que j'y étais...en même temps que vous (toi).<br /> merci pour ce témoignage qui est le ressenti de plusieurs personnes qu'y sont allées dans cet ashram.<br /> je n'y retournerai pas non plus mais ne regrette nullement cette expérience...
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P
<br /> <br /> Oui .. En réfléchissant bien  ... si je n'y suis pas retournée c'est que l'occasion ne s'en est pas présentée , d'une part , et d'autre part que j'ai en France cette vie familiale , un<br /> nid que j'adore , qui pése un sacré poids aussi au quotidien , et qui est une occasion continuelle de mettre en pratique . Un ashram , pour moi ,  c'est un autre genre de<br /> famille , avec aussi  des contraintes , des émotions qui vont et viennent , les "frères" et" soeurs" qu'on étranglerait volontiers .. , pas pour le moment  . Mais plus tard ,<br /> surement , parce que j'apprécie les nids , j'explorerai d'autres ashrams de ce genre . Pour moi , la phrase d'Arnaud , ou de Swami Prajnanpad " l'émotion n'est jamais<br /> justifiée " m'accompagne sans arrêt ,même si j'exprime cette émotion tant et plus ; c'est toujours le fil à suivre entre ce qui est vital pour moi  ,<br /> ce que je peux enjamber  ..   <br /> <br /> <br /> <br />
J
oh non, ce n'est pas moi.....la vie d'ashram n'est pas pour moi...trop d'ordres donnés, trop de truc "chiants".<br /> bien sur CS n'a rien à voir, mais c'est tt l'entourage...<br /> ça fait des années que je n'ai pas mis les pieds là bas, et je n'ai prévu d'y retourner d'ici peu...<br /> certains aiment être ds un cadre, d'autres se font leur propre cadre.<br /> c'est comme ça que je le vois...ça n'engage que moi...<br /> bonne soirée....jlc
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