Temps d'automne , ciel bleu tout doux tacheté de jolis nuages , soleil ... Avant-hier , j'avais retourné à la fourche-bêche toute une planche du potager - quelle satisfaction ! Aujourd'hui , j'ai commencé à nettoyer le massif le plus au Sud du jardin de fleurs du bas ; il faut couper à ras asters et rudbeckias , creuser la bonne terre pour arracher le plus possible de chiendent , qui repousse toujours .. j'aime bien faire ça .
Seulement ... j'ai été très vite rattrapée par le problème des rosiers . Attendez , que je vous explique .
J'aime les roses , oui , oui ... on le sait . Depuis huit ans qu'on vit ici , je dois avoir planté une bonne soixantaine de rosiers . Tous prospèrent : la terre du jardin est de l'argile lourde, oui , et ça leur convient tout à fait . Dans cette terre , les boutures de rosiers prennent particulièrement bien . A l'automne , je mets du fumier de mouton , je bêche et j'aére au pied de mes rosiers bien-aimés , et je les taille . Or , quand je taille , j'ai toujours des regrets de jeter toutes ces branches ... donc , je mets en terre chaque année une ou deux , ou dix , boutures - tout en me promettant que c'est bien la dernière fois que je le fais . Parce qu'au printemps suivant : les boutures ont pris et sont racinées ... et me voilà avec de nouveaux plants de rosiers . Certes , j'en donne .. mais je n'ai pas toujours envie de donner mes préférées ...En outre , la voisine , ou Maria , ou France , m'en ont donné d'autres . Donc , me voilà au milieu d' une surpopulation de rosiers - et qu'on ne peut pas metttre n'importe où ! Il leur faut de la lumière , et une place convenable , et de l'arrosage les étés de canicule ; et puis , je veux avoir le plaisir de les visiter ensuite et d'admirer ... Et voilà Philippe qui couine en disant que les rosiers ça pique et qu'il se sent envahi .. ( quatre mille mètres de jardin , et il arrive à se piquer , tout simplement parce qu'il ne regarde pas où il marche - c'est bien fait . ) Cet après-midi j'ai trouvé un endroit convenable pour deux petits rosiers anciens , grimpants , à bouquets de fleurs simples , mauves à coeur blanc , cadeau de Janine ... j'ai creusé les trous , enlevé le chiendent et la potentille rampante , ameubli la terre , installé les deux intéressés avec des mots d'encouragement pour leur future croissance , véhiculé ensuite des seaux de compost à la belle teinte sombre, que j'ai répandu en surface et qui leur donnera de quoi se nourrir tout l'hiver . Ensuite , j'ai déplacé un rosier " Mutabilis " , très gracieux , qui végétait à l'endroit où je l'avais mis il y a deux ans ( Philippe devait être à moitié endormi , ou résigné , car il m'a autorisée à le replanter là où je voulais sans me dire qu'il n'avait plus de place pour passer . Il ne sait pas , Philippe , que ce rosier aérien et léger , à l'air délicat , atteint deux mètres de hauteur et autant de tour de taille ... ) Mais ensuite - quoi faire du rosier paysager rose pâle , dont Mireille m'avait apporté une bouture minuscule et touchante , et qui occupe maintenant un bon mètre cube , risquant d'étouffer le petit althaea d'à côté ? ... Et les " Bonica " , si lumineux , je les ai plantés l'année passée - mais ils sont trop tassés les uns sur les autres ... et le panaché crème et blanc , cadeau de la maison Meilland , dont je suis une fidèle cliente , - pas terrible celui - là , un peu souffreteux ; peut-être que je ne l'ai pas assez soutenu ... où vais-je le mettre , grands Dieux ?