Une amie , qui a gentiment accepté de servir de cobaye pour que je puisse m'exercer à donner des cours de yoga ( me souvenant que j'ai déjà eu un diplôme de sophrologue il y a quinze ans , je fais un panaché yoga /sophro , en général , les copines apprécient ... et donc je suis hyper contente ... ) , une amie , donc , me demandait pourquoi je médite chaque matin . Quand on me pose une question de but en blanc , je suis souvent désemparée et ne répond pas tout à fait .. ce que je répondrais seule , tranquille devant l'ordi . Bien que j'aie appris , maintenant , à prendre mon temps et à tenter de me recentrer avant de répondre . Je lui ai dit ( ce qui est vrai ) que je me réveille souvent déprimée et que ça me fait du bien . J'aurais du ajouter que ça m'aide à me souvenir que ma vraie nature , ça n'est pas d'être déprimée : toute dépression ayant , comme dit Isabelle Padovani , comme dit Rupert Spira , comme disait Denise Desjardins , comme disent tous les maîtres spirituels ... un début , un milieu et une fin . En fait , c'est cette déprime sourde du matin qui fait que ma première pensée , non exprimée , serait : " encore une morne journée , toujours la même " . En outre et surtout , j'ai toujours l'impression d'avoir trop à faire et que c'est trop dur ( si vous lisiez à haute voix cette phrase ,il faudrait prendre le ton de Josiane Balasko pendant la balade hors piste des Bronzés font du ski * .Vous vous souvenez de sa plainte douloureuse , qui m'a toujours rendue à la fois hilare et touchée aux larmes : " Je suis fatiguée .. j'en peux plus ... puis c'est trop dur ! " )
Alors que je sais que la réalité de ma journée d'adulte n'est jamais , jamais la même : puisque l'autre , celle de la veille , a déjà eu lieu et que la personne qui va vivre cette toute nouvelle journée d'aujourd'hui n'est déjà plus la même , la rivière ne s'arrête jamais de couler . Alors que je sais que , par exemple , prendre le temps qu'il faut pour bêcher le potager au soleil , ce que j'ai fait hier après-midi , en Ti-shirt s'il vous plait tant il faisait chaud , m'apporte une joie débordante . Ou encore , prendre le temps de peindre , ou d'écrire , ou de jouer avec Hermione , donner une séance de yoga-sophro à une copine ; passer une demie-heure agréable avec ma mère , et me réjouir qu'elle aille plutôt bien en ce moment ; ou encore , cuisiner , ou simplement nettoyer la table pour avoir une belle surface de bois bien propre et qui sent bon .. Mais tout ça , si rien ne me presse .
Mais la première pensée du matin est toujours ce : " C'est trop dur ! " hérité de l'enfance , qui me revient le matin ; parce que le conditionnement d'enfance , c'est quelque chose ..
Il est beau mon potager , non ? j'ai étalé le compost sur les deux planches arrière où je n'en avais pas mis l'automne dernier . Je planterai ail et oignon à côté des scaroles.
* Tiens , c'est vrai , le ski ... quand j'étais en sixième mes parents me mettaient au ski quand j'étais petite , pour m'aérer . Terribles , ces journées de ski du Jeudi . J'avais neuf ans , il me semble que tous les autres dans le car étaient plus grands , presque des ados ; je n'avais pas d'amis . Mon père , qui faisait partie du Club Alpin , voulait être discret , donc il se mettait tout seul en avant du car et skiait seul - quand il était là . De toutes façons je n'osais pas aller à côté de lui ni lui parler . Moi , j'étais toute la journée confiée à des moniteurs ou monitrices , abominables sportifs pétulants et enthousiastes - mais il faisait froid , c'était trop dur .. J'avais neuf ans , il n'y avait pas d'endroit pour faire pipi sur les pistes , pas d'arbres , et je n'osais pas demander de retourner au refuge ... je me souviens qu'un après-midi je m'étais effondrée dans un trou de neige où j'étais tombée épuisée et , comme j'étais un peu loin du groupe , j'avais , volontairement , fait pipi dans ma culotte et mon pantalon , sans me déshabiller . L'odeur devait être terrible , j'ai porté le pantalon mouillé tout le reste du temps jusqu'à huit heures du soir - mais j'étais enfin soulagée ...