Cette nuit , je me suis réveillée vers les trois heures et demie très angoissée ; pourtant , j'avais , la veille , tant je marinais dans mes peurs ( et si ce petit truc que j'ai au sommet du crâne depuis quelques années , que je n'avais pas autrefois ,c 'était un mélanome annonciateur de la fin ? ) , revu mon dermato habituel , lequel m'avait complétement rassurée - je me rends compte maintenant que la dame dermato bizarre et stressée de l'autre jour , qui m'avait massacré la main et expédiée en urgence à l'hôpital , est assez connue dans les alentours . En fait , ce qui m'angoissait la nuit dernière , c'est que je m'étais complétement entortillée dans mes pires peurs , en écho à ce que cette dermato m'avait dit . Que son monde de peur et mon monde de peur s'étaient retrouvés et avaient totalement envahi mon champ de conscience ... L'angoisse , c'était de savoir ce qu'il en était de la réalité : est-ce ma réalité , ou celle de cette dame , les deux étant piratées par la peur ...
Ne pouvant dormir ( Ahhhhh , qui dira la souffrance des femmes de ronfleurs .. ) et comme le salon , où je dors quelquefois dans ces cas-là , était vraiment frisquet , j'ai pris le taureau par les cornes et le châle de méditation dans son tiroir , chaleureux cadeau couleur de feu , venant de Jillelamudi . Je me suis installée en tailleur , bien enveloppée dans le châle orange qui me tenait douillette , la petite Tara veillant et priant en face de moi ..
Au bout de trois quart d'heures d'efforts inégaux , j'ai décidé de me recoucher . Et j'ai ensuite roupillé comme une bienheureuse , ou presque : Au matin , j'ai fait deux fois le même rêve : Je me trouvais pas très loin d'ici , dans un paysage à la fois campagnard et habité ; ensuite , il y avait une histoire compliquée ,avec un ou des meurtres , une ou des peurs ; une fois , j'étais dans un théâtre où je devais jouer un petit rôle , et je ne connaissais pas le texte ; une autre fois j'étais très inquiéte , je cherchais le ou la meurtrière , passant par des périodes de stress .. Puis , dans le rêve , je me réveillais - et je me disais : mais tout ça n'est qu'un rêve , tu ne l'as pas vécu dans la réalité , quel besoin de te faire toutes ces peurs ? Et ensuite , dans ce rêve , je me rendormais , puis je rêvais à peu près le même rêve , ou une variation du même , avec chaque fois ce " réveil " , à l'intérieur du rêve , où une voix intérieure me disait que ça n'était qu'un rêve et que je n'avais pas besoin de me faire tant de souci ou d'avoir si peur .
Boudiou ! Enfin une pensée raisonnable à l'intérieur d'un rêve .. Pourvu que ça se prolonge dans la vraie réalité .. Mais je retrouve ce sentiment que j'avais en mettant le titre à ma peinture " l'après-Rajah " ci dessus : qui est -ce qui parle ? Et si mon " je " habituel ( chat ou humain ; je suis quoi , moi ? ) n'était vraiment qu'un personnage du rêve fantastique de quelqu'un d'autre ?