Rangeant mon atelier , ces derniers jours - mais c'est fini ! pour l'instant -Dieu merci . - j'étais noyée dans le cafard ; parce que les amies , amis , du Chemin de Lopy , qui m'ont tenu lieu de famille réparatrice même s'ils , elles , n'en étaient pas conscients , donc cette famille se dissout , à cause des morts récentes et des autres , prévues . Ranger mon atelier , ranger les oeuvres des vingt dernières années .. une ancre profonde remonte de sa chaîne en grinçant terriblement ,parce que , je m'en suis rendu compte , être amicalement acceptée dans cette famille sensible à l'art - ce qui n'était pas le cas dans la mienne , bien sur - avait donné à une très grande part de moi la permission et la force d'exister .
Triant aussi les boites remplies de cartes postales accumulées , j'avais alors été happée par la photo ci-dessus , vue comme une métaphore tragique de la vie présente ( je peux aimer le jeu des ombres et des lumières chaud , brun , de Rembrandt ; le noir-et-blanc glacial , ici , me faisait peur . La photo faisait echo à mon humeur noire et triste .
Puis , cherchant dans mes dossiers internet pour illustrer l'article cathartique écrit ici , par la peinture " la fin d'un monde " faite juste après la mort de Lucienne qui a démarré le processus , il y a deux ans , mon regard avait rencontré , fugitivement , le regard paisible aux yeux fermés , des têtes de Boudha du Musée Guimet ; et j'étais sortie , en un instant , de la peur et de la tristesse absolues . ( Mais oui , égocentrée , comme d'habitude : comment , moi je vais disparaître ? toutes ces peintures magnifiques , les miennes et mes préférées , vingt ans de peintures , ne signifieront plus rien ? )
Déjà , cette rencontre m'avait apaisée . Ramenée à la connaissance que j'ai , parce que déjà perçue plusieurs fois , la connaissance que j'ai malgré que je l'oublie tout le temps , la connaissance d'une réalité : mon ego , mon moi bien aimé , n'est que partie d'un moi , bien à moi , et bien plus vaste . Comme tous les egos : votre ego , votre moi bien aimé , n'est que partie d'un autre moi , bien à vous , et bien plus vaste .
Excitant , non ? De se dire qu'on a un moi bien plus vaste ..
On le sait , la vision tragique des choses n'est que passagère . Et donc , en cet instant , je peux regarder paisiblement cette carte postale des balançoires , dans la lumière sur fond de nuit ( ( mais tout de même , elle n'est pas très gaie ) . Et je peux , paisiblement ( en plus , après la séance de yoga d'Uzés ! merci Armelle ! ) , envisager d'aller à Avignon passer avec Renée quelques heures , comme un moment heureux qui allégera peut-être , juste pour aujourd'hui , sa souffrance .