Combray ,ou Illiers . Un petit village classique , pas trop de mauvaises surprises architecturales dans le centre .. sans que ça soit joli . mais l'église est sympa ( Saint-Hilaire ,qui s'appelle en réalité Saint- Jacques ) .
la maison de Tante Léonie
J'avais , depuis longtemps , un rêve : visiter le musée Marcel Proust à Illiers , le Combray de la Recherche du Temps Perdu . C'était , quasiment , sur notre chemin .. pas très loin de Chartres . Après être tombés sur un bec de gaz à l'aller ( le musée est fermé le Lundi ! ) , nous sommes repassés au retour . C'est installé dans la maison de Tante Léonie ; la maison où se situent plusieurs scènes du début , notamment le fameux drame de ce soir où le petit garçon a attendu courageusement , assis dans l'escalier et transgressant ainsi l'interdiction paternelle , l'indispensable baiser de sa maman , sans lequel il ne pouvait se coucher sans une anxiété terrible .
J'ai été étonnée de trouver la maison si petite ; le jardin si exigu ; le grand marronnier , si esquiché . On m'a dit qu'en fait , plusieurs scènes se passaient dans une autre maison , à Auteuil , où le jardin était plus grand ; l'écrivain a donc rassemblé plusieurs maisons d'enfance en une seule.. ( comme fait Giono qui invente une géographie autour de Lure , mêlant le vrai et le faux sans gêne aucune . Et tant pis pour les lecteurs dévots , j'en suis , qui , la carte à la main ,cherchent à mettre leurs pas dans les pas du magicien ... ) . Notamment , ce fameux escalier , qui m'a paru tout étroit ; et puis la chambre du petit : parce que la chambre de Tante Léonie est juste en face , ce que je ne peux imaginer . Dans ma tête , j'avais supposé que Tante Léonie ( la soeur du père de Marcel , son nom dans la " vraie vie" était Elizabeth ) avait une maison indépendante de celle qu'elle prêtait aux parents de Marcel ...Quand à la cuisine où régnait Françoise , elle est bien petite aussi ...
Et la promenade le long de la Vivonne ( le Loir ) ? ma foi , il en reste encore un tout petit morceau qu'on puisse qualifier de poétique . Bien sur , les aubépines n'étaient pas en fleurs . Mais je ne crois pas que je ferai le pélerinage en Mai pour aller les admirer ; parce que , quand on a monté la côte aux aubépines , tout ce qu'on trouve tout autour d'Illiers -Combray , et à perte de vue , c'est : des champs de betteraves . Encore des betteraves , toujours des betteraves . Des hectares et des hectares de betteraves , à l'Est comme à l'Ouest , au Nord comme au Sud . Des betteraves . Bouh ! je n'ai rien contre les betteraves , évocatrices pour moi de la fameuse gnôle dégustée et commentée par Lino Ventura , Francis Blanche et consorts , mais tout de même ..
Si , j'ai eu un vrai bonheur : la jeune femme de l'accueil , enchantée de quitter quelques secondes son siège , a fait tinter pour moi , successivement , la sonnette de l'entrée ( celle que Swann faisait sonner quand il arrivait pour une visite en voisin après le dîner ) , et le grelot au tintement ferrugineux , interminable et glacé . Un chouette souvenir ...ça valait le coup de passer , tout de même ..
Les soirs où , assis devant la maison sous le grand marronnier , autour de la table de fer , nous entendions au bout du jardin , non pas le grelot profus et criard qui arrosait , qui étourdissait au passage de son bruit ferrugineux , intarissable et glacé , toute personne de la maison qui le déclenchait en entrant " sans sonner " , mais le double tintement timide , ovale et doré de la clochette pour les étrangers , tout le monde aussitôt se demandait : " Une visite , qui cela peut-il être ? " mais on savait bien que cela ne pouvait être que M. Swann ; ma grand-tante parlant à haute voix , pour prêcher d'exemple , sur un ton qu'elle s'efforçait de rendre naturel , disait de ne pas chuchoter ainsi ; que rien n'est plus désobligeant pour une personne qui arrive et à qui cela fait croire qu'on est en train de dire des choses qu'elle ne doit pas entendre ; et on envoyait en éclaireur ma grand'mère , toujours heureuse d'avoir un prétexte pour faire un tour de jardin de plus , et qui en profitait pour arracher subrepticement au passage quelques tuteurs de roisers afin de rendre aux roses un peu de naturel , comme une mère qui , pour les faire bouffer , passe la main dans les cheveux de son fils que le coiffeur a trop aplatis .
le Loir , et le début de la promenade du côté de Chez Swann