( une peinture très ancienne . )
Quel stress , mes amis , quel stress .. préparer ma valise , essayer qu'elle ne soit pas monstrueusement lourde . Essayer en outre : de n'oublier aucun papier pour là bas ; de remettre en marche ce foutu téléphone acheté l'année passée à Kanchi et dont je ne me suis , bien sur , pas servie depuis ; de n'oublier aucune consigne pour les gardes chez maman , laquelle angoisse également bien sur ; en sus , de profiter du moindre moment de libre pour filer au jardin , afin qu'il soit prêt à accueillir le printemps à mon retour .. C'est fou de se mettre à ce point la tête à l 'envers , je ne pars que trois semaines ; mais si loin . J'ai fait faire , à maman , cet après-midi , une séance de sophrologie que je n'avais pas faite depuis des années , pour diminuer un peu l'angoisse lors d'une échéance difficile . Je ne sais pas si ça lui a fait du bien - mais à moi , en tout cas , si !
Faut vraiment être cinglée , alors que tout va bien ici , pour partir à l'autre bout du monde . Je m'attendris en contemplant une scène familiale pleine de douceur , le feu qui pétille dans la cheminée , Hermione et Baptiste et Noisette en train de roupiller , l'une dans son berceau , l'autre étalé sur le canapé , la troisième en vigie sur le dossier , l'air angélique , la tête entre ses papattes . Comment puis-je avoir le coeur de laisser toutes les personnes que j'aime et qui ont besoin de moi ? Et ce con de Philippe qui n'allume même pas le feu quand je ne suis pas là . Va faire quoi , se fourrer le nez dans l'ordi et les jeux vidéos pendant trois semaines ? Le voyage , qui paraissait si urgent et nécessaire il y a quatre mois , est devenu échéance abominable contre laquelle toute une partie de moi se sent condamnée et se rebiffe . La vie à la maison , ce carcan dans lequel j'avais l'impression d 'étouffer si abominablement lorsque je me suis incrite au voyage à Bénarés , rayonne doucement comme une perle précieuse dans ces jours d'hiver . Allons bon !
Du fait d'un rendez-vous avec la mort manqué , il y a vingt-cinq ans bientôt , je me suis toujours dit que la séparation d'avec les êtres aimés arrive forcément un jour ou l'autre ; et que ça n'était pas une raison pour ne pas faire ce que , quelque part , je sens juste - moi , l'hyper trouillarde .. Allez , dés que je serai dans le train , demain matin , je sais que je me sentirai bien .... la partie de moi qui aime l'aventure se sera réveillée ...