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7 mars 2016 1 07 /03 /mars /2016 17:20

 

 

 

 

Chapitre 1978 : tu n'arriveras jamais à rien

    

 

 

           C'était un des leitmotiv de ma maman , quand j'étais petite . Ou plutôt , à partir du moment où je suis rentrée en sixième ... à l'école primaire , mes parents avaient cru avoir affaire à une surdouée , musicienne de surcroit , qui leur aurait donné de la satisfaction .. mais à partir du lycée   , le travail scolaire est devenu tellement oppressant , l'existence tellement accablante  - pour une petitoune de deux ans plus jeune que la moyenne  - que , tout au long de mes études , même   l'année où j'ai obtenu le " prix d'excellence " , j'ai eu l'impression , la certitude , d'être une élève médiocre . Leitmotiv , de ma mère ;  je n'avais  aucun retour paternel pour équilibrer ; soit indifférence de la part de mon père , soit qu'il ait partagé cette opinion . Elle me disait encore ça quand j'étais en classe préparatoire aux grandes écoles  .. Comment aurais-je protesté - c'était devenu une partie de moi-même .

       Je vous parle de  ça parce que ma petite belle fille , stagiaire pour devenir instit , m'a dit être scandalisée qu'une enseignante , censée lui servir de modèle , engueule   une pitchounette de six ans , qu'a pas des résultats terribles  en classe , en lui disant " tu n'arriveras jamais à rien " . Et moi aussi , ça m'a scandalisée , et m'a brisé le coeur ... je prie , très souvent , pour que la Shakti , ou Amma , ou ... ?  s'occupe de cette petite fille ; que je ne connais pas , mais dont l'arrière -plan familial n'est , parait-il , pas très positif . Le regard compatissant de la stagiaire suffira t'il à l'aider à pousser droit ?

      Je vous parle de ça aussi parce que , tout cet après-midi où j'ai travaillé au jardin , la pensée , le verdict d'autrefois , me trottait dans la tête . J'avais beau me dire " c'est le mental " , j'avais beau prendre grand plaisir à ce que je faisais - désherber , bêcher , brûler les branches mortes , amender la bonne terre en portant seau après seau du terreau léger qui provient du compost , splendide cette année -  j'avais beau faire et faire , dans le jardin tout vivant qui s'éveille au printemps  .. la pensée me trottait dans la tête , occupait tout l'espace . Même la découverte enthousiasmante que le romarin a marcotté , tout seul comme un grand , ne m'a tenu la tête hors de l'eau que quelques minutes .

       Ou presque tout l'espace . Quelque part , dans un petit coin de ce cerveau , je sais que c'est juste de la pensée qui s'entortille . Je sais bien qu'on n'arrive jamais à rien .. Du berceau au tombeau , on n'arrive , forcément , jamais à rien , puisque notre nature profonde est :  vide . Vide de classifications , vide de pensées ... et heureuse .  ( Quel bonheur ça a été de prendre conscience de ça , il y a quelques années ! mais ça n'est pas une prise de conscience permanente  .. ce que je regrette bien .  )

 

         Je me suis appuyée contre l'amandier en fleurs   , un arbre amical qui a poussé tout seul ;  je lui ai demandé s'il arrive à quelque chose ,  lui . Il arrive .. à vivre comme un amandier . Chouette , non ?

 

 

 

 

     

Chapitre 1978 : tu n'arriveras jamais à rien

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