.. et voilà ; de retour ...
Un voyage ... quinze jours à baruler ( un mot de Lucienne , un mot avignonnais , donc , qui signifie , je crois , promener oisivement ; à moins que ça ne soit : errer .. ) , en Espagne et au Portugal . Voyage pour lequel j'étais partie , pas vraiment à contrecoeur , mais pourtant , presque , en traînant la patte ... , je me suis plusieurs fois demandé ,même jouissant chaque fois intensément de la beauté d'un paysage ou d'une sculpture , ce qui allait m'en rester . Ou plutôt ( j'ai du mal à préciser ) en quoi ça allait changer ce que je suis profondément - puisque des voyages , j'en ai fait tant et plus , des paysages magnifiques , j'en ai vu tant et plus ; et chaque fois c'était un plaisir aigüe , intense , immense , la respiration qui s'ouvre ... des instants magiques ; des instants ... qui passent , et la rivière ( hélas ? ) n'arrête jamais de couler . Et ça amène , comme toujours , à se demander qui on est , au profond de soi . Mais je dois être trop paresseuse pour atteindre à cette intensité d'interrogation qui permet aux sages de s'éveiller . En tout cas , c'est sur , quand je saurai , je n'aurai rien de plus pressé que de caqueter à tous horizons !
En tout cas , il me restera .. déjà , et dans le désordre : la lumière . La lumière du bord de mer au cap Vilano ( les espagnols disent Vilan , je crois , à vérifier ) ; un cap que Philippe avait souvent dépassé en bateau , et qu'il voulait revoir depuis la terre . Lumière sur l'océan , sur la lande incroyablement fleurie où s'entremêlaient , parmi les cistes blancs , les ajoncs , les bruyères , qui faisaient comme des pelotes * dodues , blanches et jaunes et roses , ondulant jusqu'aux rochers du rivage . Et puis , ajoutant des motifs de broderies compliqués et exquis à la surface des pelotes , des petites fleurs bleues qui avaient elles aussi leur mot à dire , d'un beau bleu outremer , aussi bleues que les petites gentianes de montagne ; fleurs que je n'avais jamais vues et ça me vexe presque - moi qui , tout comme mes soeurs , me pique , grâces en soit rendues aux âpres discussions entre ma maman et ma tata Lili à ce sujet , de n'être pas totalement ignare en botanique .. )
* ce mot de " pelote " m'est venu spontanément . Une pelote , un de ces minuscules coussinets en demi-sphère où sont piquées les épingles quand on fait de la couture ... et dans cette lande , à l'aspect si doux , quasi moelleux , il était pour ainsi dire impossible de marcher en sandales , tant ces plantes par ailleurs si jolies étaient épineuses .
( hé , ça n'est pas le bon bleu sur la photo , pour de vrai c'était plus foncé - la photographe n'est pas géniale .. )