... Hum .. je ne sais pas si c'est la séance de yoga d'hier matin ( comprenant pourtant plusieurs postures en fente que je n'apprécie guère ) , mais je me sens comme une boule d'énergie ... ( vous vous souvenez de l'inénarrable personnage de Christian Clavier dans les Bronzés font du ski : " j'ai une pêche , moi , mais j'ai une pêche " - juste avant la descente à skis chronométrée ... Ben , c'est tout moi , ce matin ! ) . Ou alors , c'est d'être allée à Avignon ensuite : j'ai vu que nous sommes plusieurs à nous soucier du fait que R. a une bronchite , qui dure , dure ... Outre le fait que j'étais contente pour elle , de voir son dernier fils et toutes les amies qui passaient la voir ; j'en étais contente pour moi , renouant gaiement avec les intérêts et les blagues qui étaient exclusivement les miens il y a quarante ans - pas question de yoga ni de voyages en Inde alors ! ni même de Philippe ...
Et donc , dans l'instant , me voilà toute prête à me mettre à jardiner - j'ai un programme exaltant : nettoyer et griffer au pied des pommiers et poiriers puis y répandre du compost , les tailler un peu ; idem pour les cassis . S'il me reste de l'énergie pour le jardinage , il faut maintenant que je nettoie tout le potager , y répandre le compost tout beau , fraîchement sorti de son casier , deux mètres cubes au moins , qui n'attendent que moi ... ( Hum , j'ai l'épaule droite encore un peu douloureuse .. zut alors ! )
Ce qui est effrayant , c'est à quel point ces aspects de l'ego veulent tous , et avec force , et absolument , durer , et sont parfaitement insensibles les uns aux autres . Le " moi " jardinier , n'en a rien à fiche du " moi" peintre ( et encore , ils peuvent s'entendre , je trouve le jardin si beau en hiver que j'aurais envie de reprendre de grands tableaux figuratifs comme je faisais il y a trente ans ! ) ; aucun des deux ne s'intéresse au " moi " amoureux de l'Inde . Qui n'en a rien à cirer du " moi" compagne de Philippe ... et tout ça se bagarre , se concurrence , veut écraser l'autre , veut être le seul le seul le seul moi moi moi moi ... Quelle foire d'empoigne , que de désirs violents et disparates montant sur la tête des uns des autres . Ca me fait penser au monde de Jérôme Bosch : j'ai eu le bonheur , avant-hier , de voir au cinéma le film sur Bosch et le Jardin des Délices - je me suis régalée , seulement irritée quand les ronflements de Philippe endormi se faisaient trop bruyants dans la salle de cinéma ; moi qui suis toute gentille avec lui quand ça lui arrive la nuit , je lui ai donné des coups de coude ... Si le film passe près de chez vous , allez-y , d'ailleurs , parce que les personnes qui parlent sont toutes passionnantes ; artistes , restaurateurs , historiens , philosophes ... ça n'est pas mon tableau préféré de Bosch , d'ailleurs . Mais combien passionnant ... Enfin , comme portrait de l'agglomération de mes egos , c'est pas trop sympathique . Bouh !
Et comment gérer ce foisonnement ? De toutes façons , pour l'heure , il est encore nuit et tu ne vas pas te mettre à jardiner . Bon .. Un café , alors ? des tartines ?