J'avais programmé , pour ce Mardi , d'aller au yoga , puis de manger chez mon amie d'Avignon . Maiiiiiiiiiis .... hier soir , j'avais la tête de plus en plus vibrante et fiévreuse , comme prise en sandwich entre , à droite , une partie de ma mâchoire supérieure , toujours fort enflée et douloureuse ; et , à gauche , le bord externe de mon oreille , également enflé et douloureux ( je ne m'étais jamais rendu compte que mes oreilles étaient si énormes ; la couleur violacée était également saisissante ) pour cause de piqure d'insecte volant minuscule et anonyme il y a une bonne semaine .... malgré la guérilla homéopathique avec laquelle j'ai essayé de tenir la fièvre à distance pendant tout ce fichu long week-end de la Pentecôte ...
Donc , hier soir , j'ai changé mes plans , et ce matin , j'ai du littéralement sangloter dans le téléphone ( faut dire , j'étais un peu raplapla ) pour que la secrétaire du dentiste accepte de me donner un rendez-vous aujourd'hui - rendez-vous qu'elle m'avait refusé quinze jours auparavant , y'avait pas urgence ... Je suis repartie , trois heures après , du cabinet du dentiste avec une ordonnance d'antibiotiques , déjà ; et la promesse exaltante d'un arrachage de la dent abîmée Lundi prochain ...
Bon , je n'en suis qu'au deuxième comprimé d'antibiotique et je me sens déjà mieux , la tête bien plus claire surtout !
Dans la foulée , j'ai été également voir cet après-midi l'homéopathe du village , qui se trouve être ma médecin traitant , pour qu'elle donne son avis sur mon oreille ( euh ... j'espère l'avoir convaincue que je n'ai pas nécessairement la maladie de Lyme ) . Et j'en ai profité ensuite pour confier ma splendide Ford Mondéo au garagiste , un gars sympathique et soucieux de l'entretien des voitures antiques , même s'il vote probablement Front National . Personne n'est parfait ...
Le bonheur , après tout le temps passé dans diverses salles d'attente , c'était de remonter à pied du garage jusqu'à la maison . En m'émerveillant des talus au bord de la route : d'abord , on longe un fossé humide , l'herbe est verte et drue , rayonnante de santé , ponctuée de touffes de gaillets caille-lait blancs , délicats et mousseux ( j'aime encore davantage les gaillets depuis que je sais que leurs feuilles offrent un havre aux œufs du sphinx colibri . Mais les feuilles sont si fines ; je me demande si c'est le gaillet vrai , mon préféré , qui leur offre un abri , ou le gaillet gratteron , tellement agaçant ... ? ) . Ensuite , on prend la toute petite route à gauche ; dans le bout de terrain vague il y a des orchis pyramidaux , et en plus , cette année , beaucoup de campanules à petite corolle , dispersées sur de très longues tiges . Puis , les talus deviennent secs , c'est le territoire de la folle avoine ... Tout est beau . Même , la vue sur le village avec son clocher rose , de loin , m'enchante . On a un champ d'orge aux longues barbes qui ondule à gauche , des oliviers à droite ... Puis , je prends fièrement le chemin de terre qui traverse les vignes du voisin ( pas une mauvaise herbe qui dépasse là , merci Monsanto ... ) ; fièrement , parce que nous avons un " droit de passage " sur ce chemin . Quel luxe ! La longue rangée de folle-avoine bruisse dans le vent , tout au long ; une bordure en trois hauteurs : les folle-avoines poussent tout droit , les mauves en fleurs les entourent , horizontalement , de volutes et de spirales , et plus bas , des espiguéou tout raides ( je ne connais pas le nom français ) ... Puis , j'atteins leur verger ; nos gentils viticulteurs de voisins n'y mettent pas de Round Up , Dieu merci - mais B. est passé avec le tracteur pour tondre entre les arbres ; sous les arbres , les liserons poussent avec enthousiasme , pratiquement jusqu'à atteindre les branches basses des pommiers chargés de fruits verts . Enfin , je franchis , sur la passerelle qu'a faite Philippe , le fossé qui sépare le verger des voisins , du bas de notre jardin ; le portillon grince juste ce qu'il faut , se ferme tout seul sans être trop gêné par le chèvrefeuille que j'ai planté sur l'arceau qui surplombe le portillon il y a à peine deux ans ; et qui prend maintenant ses aises . J'ai retrouvé , à soixante ans de distance , le plaisir des balades campagnardes de l'été en Haute-Savoie , dont j'étais justement très nostalgique hier soir ; mon cœur fond de gratitude ...