Je vous ai dit que je mettais souvent en ce moment , dans la voiture ou dans mon atelier , du jazz 1930 en musique de fond ; me permettant ainsi , de me désidentifier légèrement , de me considérer comme un personnage du type Laurel et/ou Hardy ; puisque , comme Laurel , je peux être habitée par la tendance à l'auto apitoiement , et comme Hardy , par l'avidité infantile et la gourmandise effrénée .
Dimanche - j'ai beau me lever à six heures et quart , si je veux pratiquer amicalement et sans hâte excessive l'arrosage des pots , la séance de yoga , le petit déjeuner , la douche ... - donc , ce Dimanche , j'ai été propre et habillée seulement vers les dix heures . Je passe chez mon amie de Corbés ce jour là , avec des croissants , vu qu'elle a tendance à déprimer depuis qu'elle ne peut sortir de chez elle en voiture ... je me sentais pleine d'énergie , et j'étais un peu en retard pour les croissants . J'ai donc démarré ma voiture plein pot , et - boum ! reculé en plein ... dans la voiture de Philippe . Voiture qu'il avait , à ma demande , déplacée de 1 mètre la veille , pour que je puisse ramasser les pêches de vigne tombées jusque sur l'endroit où nous nous garons .
Boum ! le Philippe , qui a entendu le choc , sort en trombe , Baptiste en profite pour se glisser par la porte de devant , et traverser le jardin comme une flèche ; Hermione sur ses talons , bien sur . Je dégage ma voiture de celle de Philippe ( pas de dégâts , ou presque ) , recule mais de l'autre côté - aïe ! la brouette , avec le gros pot de lavande qu'il fallait changer de place qui trône au centre est juste de l'autre côté , je ne l'avais pas vue parce qu'elle est basse ... pas de dégâts excessifs non plus ; Philippe , fort agacé , me lance : " vas-y , écrase le chien et puis le chat , tant que tu y es ! " et je finis par prendre la route ; rigolant encore de la scène . Laurel & Hardy , j'y suis en plein !
Je prends ,après Anduze , la petite route étroite qui descend raide sur le Gardon . Un camping-car monte à toute allure , je pousse ma voiture au maximum contre le muret pour lui faire de la place . Il passe en me remerciant d'un geste - mais , Boudiou , ma voiture reste coincée !!! le rétroviseur racle , j'ai beau diriger mes roues vers le milieu de la route , impossible de me décoller du muret ... Arrive en face , dans la montée , une grosse voiture allemande , traînant une caravane monstrueuse . Je voudrais leur faire de la place , impossible ... je me coule à plat ventre ( merci le yoga ! ) afin de comprendre pourquoi ma voiture est bloquée : la roue avant droite est dans un genre de petit fossé , chouette ! ... Je tourne , braque ,débraque (? ) - et enfin , à force de manœuvres délicates , le véhicule est décoincé , reste juste à faire une marche arrière de cinq cent mètres dans la montée ( merci le yoga ! ) , pour laisser passer la caravane , et les onze voitures coincées derrière ... la conscience d'être un personnage de Laurel & Hardy m'aide encore et toujours . Quelle rigolade !
L'après-midi , de retour à la maison , nouvelle musique , qui m'expulse violemment de l'univers de mes comiques préférés : un concert techno a lieu entre les deux collines ! C'est fort loin de la maison ; mais le son descend allégrement jusque dans notre jardin . Quelle abomination , ils ont mis les basses à fond la caisse - tout vibre rythmiquement , la colline , la maison , mes os et mon crane et mon plexus aussi .... Plus question de Laurel & Hardy , je perds tout contrôle de moi , complétement envahie par les vibrations - finis par mettre un mot désespéré sur le répondeur du restau où a lieu la fête ... Bien entendu , il ne peut entendre son téléphone ... Philippe , quand à lui , est exaspéré . Je commence à regarder fébrilement sur Google ce qu'on peut faire dans ces cas là ; puis rédige une lettre au maire de mon village . On passe la soirée sur le balcon de l'Ouest , relativement protégés de la techno , mais c'est la fête au village , ils font dans le flamenco , avec de temps en temps de la variété bien sirupeuse. Eux aussi , à plein pot ... Au niveau musical , je préfère la techno , mais pas trop longtemps et surtout : pas aussi fort ! .
Le lendemain matin , le sentiment physique pénible d'avoir été secouée jusque dans mon squelette persiste , malgré la séance de yoga , malgré la respiration de l'abeille qui me soulage sur le moment ... Il ne s'en ira qu'après le repas de midi , qui me rend la sensation de sécurité dans le jardin bourdonnant d'abeilles et de papillons . Etonnez vous après ça que j'aie des kilos en trop !!! Allez , on va plutôt écouter Deva Premal ...