On s'est fait livrer du bois au début de l'été , chêne et bouleau ( d'où il vient ce bouleau ? surement pas d'ici ... ) , pour l'hiver .
Tout ce temps , le tas est resté en vrac , sous le mûrier .
Il commence à faire frais ; je ne fais plus la séance de yoga sous la véranda le matin . Mais j'ai toujours envie de passer un moment dehors avant de commencer ... de respirer l'air du matin - du genre , couper les roses fanées , ou enlever les feuilles de nénuphar du bassin quand elles commencent à se flétrir ( elles pourrissent dans l'eau , et il y a déjà largement assez de limon ) .
Je ne sais pas ce qui m'a pris la semaine dernière ... J'ai pensé tout d'un coup à ranger une ou deux bûches du tas de bois en vrac et à les placer sur la première pile de bois , qui date de l'année dernière . Je pensais ranger ce bois petit à petit : du travail de dame ,en somme ; avant le yoga , un genre d'échauffement - deux brassées par jour . Sans prendre la brouette , trop lourde , mais en faisant des aller-et retours , du tas de bois à la pile ... Et voilà qu'avant-hier , peut-être parce que j'ai intégré la posture de l'Arc à mes postures du matin , elle donne de l'énergie , ou pour tout autre raison .... Je n'arrivais plus à m'arrêter de ranger le bois ! Une vraie drogue ... Pour obtenir une belle ligne bien droite au sommet , faire une belle pile bien stable ... Et la première rangée a été finie , d'un coup .
Dimanche, j'en ai commencé une autre .
Puis ce matin , une autre ...
Déjà fini ! Quelle tristesse ... Mais je suis fière .
Et ce matin , c'était bizarre : j'ai commencé gaillardement . Puis , j'ai senti d'horribles courbatures dans la nuque ; le temps de penser que je n'ai pas l'habitude de ce genre de travail et que j'avais trop forcé hier . Ensuite , en quelques minutes , les courbatures ont cessé pour faire place à une grande colère . Je ne savais contre qui , et d'où elle venait cette colère . Enfin , j'ai compris que c'était la colère de ma marraine ( qui était la femme de ménage de ma famille ) quand il y avait du désordre . J'ai laissé la colère se développer ... passer ... Et tout à coup , plus rien : ni colère , ni douleur dans la nuque . Juste le plaisir de ranger le bois ...