Il pleut , pleut , pleut ... il pleut à seaux , ou ,il pleut comme vache qui pisse , ou , il pleut des hallebardes , ou ... Hier matin , comme je vous disais , je suis allée patouiller dans la boue , pendant un moment exaltant , parce que la pluie était toute fine et légère ; mais une averse plus soutenue m'a ramenée à l'intérieur .
Baptiste sort malgré l'humidité , tant il aime la liberté et les promenades . Pourtant , ce matin , assis sur le meuble mouillé du balcon de l'Ouest , il a miaulé plaintivement en me regardant avec reproche . J'ai beau lui expliquer que je ne suis pas responsable de la météo , il ne me croit pas vraiment . Tout le monde a le droit de s'inventer un Dieu , bien sur .
Je passe un temps énorme à regarder tout et n'importe quoi sur l'ordinateur . Entre autres : les catalogues de fringues ... J'y ai passé , depuis que je suis sourde , depuis qu'il neige ou pleut , bien une heure par jour - pendant trois semaines . A comparer les photos , m'imaginer les couleurs , les étoffes , leur contact , leur tombé ... C'est génial : on peut cliquer sur plusieurs chemisiers , les " mettre de côté " parmi les " favoris " - puis , le lendemain matin , se souvenir qu'on a besoin de faire des économies , qu'on n' a pas du tout besoin de vêtements neufs , et d'ailleurs qu'on n'en a même plus envie , qu'on s'en fiche ...
et recommencer le soir .
Hier matin , j'ai fini par craquer et faire une commande .
Et aujourd'hui , donc , plus question de passer du temps à regarder les catalogues , à être en contact avec mon désir. Alors ? Il me reste maintenant à être en contact avec la racine du désir . Avec le genre d'impatience , ou sentiment d'incomplétude , ou léger ennui , je n'arrive pas à trouver le mot juste ... tous sentiments qui m'ont amenée à désirer des vêtements neufs , comme si ça allait m'apporter le bonheur .