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1 août 2018 3 01 /08 /août /2018 17:56

 

 

                    La fin du Monde , de notre monde , est peut-être en route ; les glaces fondent au Pôle Nord , les abeilles meurent , il y a du plastique dans les poissons que nous mangeons , même les nouveaux-nés des villes ont des pesticides dans le sang … ça n'empêche pas que les clims marchent à fond , et que , dans un de ces mini-embouteillages dont Alès a le secret , aucune voiture , dans la dizaine qui ne pouvait avancer parce qu'un camionneur débarquait sa cargaison au milieu de la petite rue , aucune voiture n'avait arrêté son moteur …

        Bon . Est-ce que j'y peux quelque chose ,présentement ? Je ne crois pas … comme le faisait remarquer Michel Onfray l'autre jour , toutes les civilisations se cassent la gueule  un jour ou l'autre ; c'est peut-être le cas pour la nôtre en ce moment  ?

       Quoi faire ? la fin du monde approche , ma fin approche aussi , je ne vais pas me désoler pour autant ,  je continue à jouer …

        Mais il fait vraiment très chaud  . Je vais finir par croire que l'astrologie a du vrai ;  je suis née sous le signe du Cancer . La chaleur de l'après-midi d'été me calfeutre au frais de la maison , tous volets fermés ; qu'est-ce que je fais ? Je remets mes pas dans les pas du souvenir ,  je sors la machine à coudre …

          Le prétexte , c'était que l'une des deux robes-à-tout-faire que j'arbore dans la maison  et pour jardiner ( elle est longue , mais les moustiques me piquent tout de même ,  par les emmanchures  ! ) est déchirée devant . L'usure … je suis allée chercher à  la grande mercerie  un long bout de dentelle , de la même couleur à peu près , pour camoufler et réparer . Je suis passée le long du Gardon ;  j'ai vu  que le projet d'une nouvelle zone commerciale , bloqué pendant quelques mois par la préfecture , a repris ; les bull-dozers creusaient , repoussaient sans ménagement la bonne terre fertile ;  le limon de la vallée est incroyablement riche , mais c'est sur qu'il va y avoir du béton à la place … Ca m'a fendu le cœur ; je leur ai  souhaité cordialement d'être inondés lors du prochain épisode cévenol …  Enfin , là encore , je n'y peux rien , donc je me dis que tout est pour le mieux . Bah !  

            Au magasin ,  il y avait des soldes de tissus , je n'ai pas résisté …  j'ai acheté deux mètres de cotonnade légère ;  prévoyant une robe,  sans manches aussi ,   à la forme si simple que mes défauts d'éternelle débutante ne s'y verront pas trop . Avec , bien entendu , de très grandes poches ( les miennes sont toujours pleines à ras-bords : bouts de raphia , de ficelles , sachets de graines , un concombre parce que je suis descendue au potager et que j'avais oublié un panier , deux branches de coriandre ,   une aubergine  … dans la nouvelle robe-à-tout-faire ,  je vais  prévoir une poche exceptionnellement  solide pour le sécateur ) . 

              Ce faisant , j'évoque avec nostalgie  la couturière domestique qui m'a servi de premier modèle :  Tata Lili . Elle cousait uniquement l'été ( du moins , de mon temps . Peut-être , pendant la guerre , s'activait-elle aussi pendant l'année scolaire ) . Elle cousait magnifiquement - des chemises de nuit , des pyjamas , des petites robes d'enfant  , pour moi , et pour mes sœurs autrefois . Mais elle n'était pas patiente et attrapait des coups de colère terribles , quand ça marchait de travers ( avec une machine à coudre , ça arrive ) . C'était , au début , une de ces machines à pédale , une Singer bien sur , on ne doit plus voir ça que dans les western … ensuite , c'est devenu une machine électrique . Mais la Tata attrapait toujours des coups de colère …

          Elle ne m'a jamais montré comment on se servait de la machine  , elle avait peur que je l'abime. Ca ne m'inquiétait guère , à l'époque . Par contre , elle me demandait parfois d'enfiler le fil dans le chas de l'aiguille ( toi qui as des bons yeux … )

           J'ai eu , ensuite , après vingt ans ,  deux autres enseignantes : Renée , qui , par bien des côtés fut ma mère-de-remplacement , toujours  tellement pleine de gentillesse et de patience à mon égard ; puis Joëlle , plutôt dans le genre sororal  , et c'est  grâce à elle que j'ai cousu ma première veste . Mais quel plaisir ! quelle réussite  !  

            Aujourd'hui , donc ,  j'ai décidé d'être patiente … le ciel se couvre , il fait de plus en plus lourd , des gouttes de transpiration dégoulinent de mon front sur l'ouvrage … mais aujourd'hui , je fais étape par étape ,  je m'arrêterai bien avant d'être en colère …

 

 

 

        

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