Nous voilà de retour dans les Cévennes - pourchassés par la pluie battante sur le premiers six cent kilomètres d'autoroute … ça ressemblait à la fin de Trois hommes dans un bateau . En tout cas , on a cru l'avoir semée . Et puis , on la retrouve ici , la traitresse a traversé la France en biais et nous a rattrapés … mais elle y est plus douce , moins froide déjà , et sporadique . Tout de même , les averses rendent un peu difficile de se mettre à jardiner … Alors je range les photos .
Dimanche dernier , on s'est baladés jusqu'à Roscoff , une petite ville que j'ai adorée . Maintenant , je ne rêve plus que de retourner là-bas pour dessiner , et bien plus longuement ( je culpabilise toujours un peu quand je laisse trop longtemps mon cher et tendre faire les cent pas pendant que je dessine ) . Faut dire , je n'arrive pas à peindre d'après une photo : ou plutôt , la joie ne m'accompagne pas quand je le fais , ça devient comme un exercice scolaire ; tandis que , lorsque vous dessinez en contemplant vraiment le paysage , en vous en imprégnant , en étant recueilli , nourri , immergé , dans son énergie , dans les vibrations de tout l'entour , des nuages et des vagues , de la lumière bleue et or qui baigne toute chose vous y compris , bref , de tout le hors-cadre … là , vous savez que vous êtes en train de chercher à honorer ce paysage , en dessinant du mieux que vous pouvez ; et c'est le bonheur absolu . ( du moins , tant que votre moi critique ne se met pas à émettre des opinions définitives , contemplant votre dessin en plissant les yeux . Mais , si je ne suis pas contente de mes aquarelles cette fois-ci , je suis assez satisfaite de quelques croquis )
Mais que la lumière y était belle ! J'ai pris la photo depuis une très longue jetée - qui se dirigeait , peut-être , vers l'île de Batz . Ce Dimanche là , la marée était haute ; la jetée , qui avait survolé la mer sur un bon kilomètre au moins , s'est mise à descendre d'un coup pour se diriger tout droit vers les abysses … Un gamin de quinze ou seize ans passait son temps à plonger dans l'eau depuis le haut de la rambarde , sept ou huit mètres au dessus de l'eau , puis à remonter par une échelle métallique . Je pouvais à peine le regarder tant ça me donnait le vertige ; il s'est arrêté pour bavarder avec trois dames d'aspect peu sportif , accompagnées d'un petit chien - deux des dames , au moins , étaient rondes comme des boules - qui devaient habiter le coin et profitaient du beau temps pour faire une paisible promenade du Dimanche . Il leur expliquait qu'auparavant , il plongeait en compagnie de son frère et d'un ami ; les aînés étaient partis , il plongeait seul maintenant , c'était un peu moins bien . Une des dames , inquiète , lui a répété plusieurs fois " sois prudent " . Je n'aurais pas dit mieux …