Toujours , comme la droguée qui se réjouit de retrouver sa drogue , je me réjouis chaque matin de me plonger dans l'hymne à Sarasvatî pour en comprendre un peu plus . Dans cet hymne , est fait , encore et encore , l'éloge de la blancheur , de la pure lumière qu'est Sarasvatî . Sarasvatî : la Parole . Ça m'était apparu ,au début , toutes ces redites , comme quelque chose d'un peu automatique , un genre de passage de pommade à une instance divinisée dont on veut s'attirer les bonnes grâces . Pourtant , quand on y réfléchit , on s'en émerveille , forcément : , c'est un truc un peu dingue de penser , déjà , de mettre en mots la réalité ; puis , de parler . On perçoit , au début , ce monde , un magma embrouillé de sensations ... la pensée y met de l'ordre , divise , certes ; puis , éclaire. L'hymne y revient sans cesse , à cette clarté , à cette lumière . Sarasvatî est assise sur un lotus , " né de la boue" ... forcément . Sarasvatî , nous dit le poème , est la discrimination , l'esprit qui nous libère de la prison des ténèbres .
Mais , également , Sarasvatî est la Musique . Ca , c'est marrant - parce que pour moi , c'est quelque chose de complétement différent : la pensée ( qui coupe , qui sépare , et qui est donc , forcément , réductrice , j'ai assez rabâché Krishnamurti pour m'en souvenir ) , d'une part ; et , d'autre part , la musique qui coule , la rivière dans le flux de laquelle je me noie et me console souvent . Ah , ben , on a tout : un des épithètes de Sarasvatî est Sârâda ,le luth : celle qui apporte la joie et la connaissance , les deux en même temps . Bizarre ...
Par contre , je n'ai guère trouvé de mention de la peinture dans les attributs de la Déesse . Zut alors ! Il va falloir que je cherche ailleurs ...