Quelle lecture intrigante . Quelquefois magnifique , quelquefois chiant - un style qui varie , et puis si j'écrivais un bouquin comme ça je ne commencerais pas par parler de mes comptes sur une centaine de pages . Autre chose , il n'est jamais là où je l'attends ( par exemple , quand il dit qu'il conseille à des parents de mettre un fusil dans les mains de leurs gosses pour qu'ils passent par l'amour de la chasse . Etant entendu que le fusil leur tombera des mains plus tard ... Et puis , il y a ces pages magnifiques sur l'eau ... sur la surface de l'étang de Walden ... sur les arbres , dont je vous parlais hier soir ...
" Il arrivait parfois que mes pas m'emmenaient dans des bois de pins dont les troncs s'élevaient comme les colonnes d'un temple , ou comme les mâts d'une flotte de vaisseaux en pleine mer ,toutes voiles dehors , rameaux ondulant dans le vent , vibrants de lumière , si doux et verts et ombrageux que les druides auraient surement abandonné leurs chênes pour venir y accomplir leurs rites . "
( il faudra que je le lise dans le texte , d'ailleurs ,parce qu'en recopiant cette citation je me demande si le mot "ombrageux " , qui a un double sens en français ,en a un également en américain ; et puis , j'ai envie d'ajouter à " vibrant " un s final , qui ne figurait pas dans le texte de la traduction . J'ai raison , non ? )
Bref ... Quand j'aurai fini le bouquin , je sais que je vais le recommencer au début . Mais c'est marrant , la façon déchirante dont certains américains ( je veux dire , les habitants des Etats-Unis ) opposent quelquefois la nature à la civilisation qui la détruit . Bien entendu , leur évolution de société à eux s'est faite si vite , en quelques dizaines d'années , et puis ils n'y sont pas allés avec le dos de la cuiller pour installer l'agriculture intensive et la " civilisation " - alors que moi , en tant qu'européenne , j'ai toujours eu l'habitude de voir ces paysages cultivés ou autrefois cultivés de l'arrière-pays de Nice , les petites terrasses sur les pentes ( terrasses maintenant bien souvent envahies , hélas , par les genêts et la garrigue ; ou , pire , par l'urbanisation ... ) qui ont façonné les collines ... et mon paysage préféré est une combinaison des deux - l'idéal serait un tiers de paysage cultivé , et surtout pas de culture intensive - et deux tiers de sauvagerie . Bref : l'endroit où j'habite .