*
Difficiles et festifs ... voilà comment étaient ces derniers jours .
D'abord , j'avais organisé , pour le matin de ma journée d'anniversaire , une séance de chant de mantras . Puisque , chaque matin , je chante , ou je psalmodie façon chant Védique , des mantras , toute seule , et c'est un bonheur intense . Je sais que les chanter , ou les écouter , fait du bien ... aussi , j'avais voulu suivre une intuition profonde : j'avais invité des copines à venir chanter . Une façon d'offrir au monde ma gratitude pour cette date ; avec la sensation que mon ego n'a aucunement pris part au fait , positif , d'avoir atteint cet âge avancé et inespéré ...
Aïe !mais j'ai eu , de ce fait , une résurgence acharnée de vieilles injonctions maternelles terriblement négatives , me reprochant de vouloir " me mettre en avant " ( j'entendais dans ma tête la voix sévère de ma maman , alors que je devais avoir 7 ans ou à peu près . Une façon pour le mental de célébrer , à sa façon , l'identité du 7 et du soixante-dix ? ) En tout cas , c'était bien pénible , et m'a enlevé du plaisir de chanter . Puisque , forcément , c'est moi qui animais la séance - il n'y a plus Adam et Nathalie pour nous faire chanter ...
Du coup , je me sentais assez triste et déçue le soir .
Le lendemain est arrivée mon amie , C. , qui célèbre son propre anniversaire le 14 - nous fêtons souvent nos anniversaires en même temps . Or , je me sentais très fatiguée ; d 'ordinaire , je me fais une joie de cuisiner du mieux que je peux , et je sais que je peux être vraiment bonne cuisinière ; mais là , je n'avais pas la plus petite envie de me mettre aux fourneaux - et me suis contentée de préparer des gaspachos avec réticence ... Enchanté de l'occasion , Philippe en avait pris prétexte pour faire rôtir un énorme gigot . Par cette chaleur , je regardais les deux carnivores mâcher avec délectation cette viande grillée à l'odeur ignoble .... j'ai quitté la table tant que je pouvais sous prétexte de faire le service . Ce gigot ... Il me semble qu'il a duré des heures et des heures , des jours et des jours ...
Bref - j'ai été ronchon pendant quelque temps , et fort peu sympathique avec mon invitée ...
Puis , est arrivé - le 14 Juillet , l'anniv de ma copine . Or , une autre amie , M. fraîchement sortie de l'hôpital , où elle passe trop de temps ces jours-ci , la pauvrette , avait compris que c'était ce jour là que nous célébrions mon anniversaire en chantant ; et elle se proposait de venir , malgré ses difficultés de déplacement . J'organise donc à la hâte une autre matinée de fête ; les chanteuses du Jeudi ont bien voulu revenir - heureuses d'offrir à M. cette petite séance de mantras , elle qui aime tant l'Inde .
Et voilà ! Deuxième session de chant sacré . Mais , là , j'ai eu le sentiment que la réunion était absolument parfaite ; et qu'il y avait exactement les gens qu'il devait y avoir , et que j'étais à ma place , avec simplicité .
Puis , le soir du 14 , nous étions invités , à un de ces apéritifs extraordinairement raffinés que prépare D... ; laquelle m'a , de plus , offert un bouquin magnifique . J'étais un peu désolée , en pensant à ma façon de me conduire avec mon invitée ; mais également ravie , par ce qui m'était offert ... Tout ce qui arrive !
Bien sur , la négativité dans ma tête n'abandonne pas la partie comme ça , et maintenant j'ai droit à une autre petite resucée de reproches maternels ... des injonctions que ma maman devait se faire à elle-même , d'ailleurs . Ne tiens pas le devant de la scène ! Tu es vaniteuse ! Pour qui te prends-tu ?
Génial .
Ah ! Et j'allais oublier le dernier cadeau - le plus extraordinaire ! Cette nuit , j'entends Baptiste hurler . Je me précipite dans le salon - et je le vois , cet innocent , assis tranquillement - à côté - d'une souris . Une petite souris grise , qui ne bougeait pas , mais semblait seulement tapie ... C'est la première fois que Baptiste nous apporte un cadeau comme ça . J'ai été chercher un petit saladier , je l'ai renversé avec précautions pour abriter la souris tétanisée de peur ; j'ai glissé une feuille de carton bien rigide , avec délicatesse , sous la souris et le saladier . J'ai enfermé dans la cuisine le Baptiste , qui ne savait visiblement pas quoi faire de son cadeau ( Bon , maman , j'ai attrapé une souris , j'en fais quoi maintenant ? ) . Puis , du balcon , j'ai fait glisser la petite souris dans la vigne vierge de l'autre côté de la maison ... Bon chemin à toi , souricette !
Je suis retournée dans la cuisine pour donner des croquettes à Baptiste , il se sentait une petite faim . Il semblait avoir complétement oublié son cadeau , et je lui ai dit que lui , qui avait pratiqué assidument la non-violence ( ahimsa ! ) jusqu'à maintenant , n'allait certainement pas commencer en cet instant . En tout cas , il avait du attraper la souris si délicatement qu'elle n'était absolument pas blessée . Merveilleux !