Pluie , pluie et pluie , depuis trois jours , et c'est tant mieux , ici à la campagne ... la télévision dit des conneries du genre " il a plu en un jour autant qu'en trois mois de précipitations" . C'est des conneries , parce qu'ici , quand il pleut à l'automne , il pleut toujours très fort et très abondamment , et seulement pendant quelques jours ... et ça fait des provisions d'eau jusqu'au printemps . Donc , il pleut toujours davantage en trois jours d'automne , qu'en trois mois d'été . Et c'est très bien comme ça ... sauf dans ces villes nouvelles où on a construit et bétonné à tour de bras , et où l'eau ne peut plus s'écouler ...
Mais enfin . Ce matin , j'ai vu , par la fenêtre de la cuisine , un vent enthousiaste souffler en raffale des milliers de petites feuilles d'or du sophora , à l'horizontale ... Joli comme tout . Il venait du Nord , le vent de ce matin . Quand j'ai commencé la peinture , avant-hier , il venait du Sud et défrisait le lilas des Indes . Quand à la personne vautrée sur le canapé , elle relit " L'Ode au Vent d'Ouest " de Shelley , une des rares oeuvres étudiées en classe quand j'étais gamine qui m'avait beaucoup plu - je me souviens encore des premiers vers " O wild West Wind , thou breath of Autumn's being ...
et des derniers " drive my dead thoughts over the universe ,
Like withered leaves to quicken a new birth ... "
les pensées mortes , ça me plait bien ... Quoique je n'ai personnellement aucune envie de me précipiter vers une nouvelle naissance . Et puis , au milieu , il traite , si je ne me trompe , les feuilles de " pestilence stricken multitude " , " frappées de la peste " ... Boudiou , il regardait quoi quand il écrivait ? Wikipédia dit qu'il se trouvait à Florence . Au dix-neuvième siècle , Florence , pour les anglais , c'était un avant-goût du Paradis , non ? Enfin , c'était son problème ...
https://fr.wikisource.org/wiki/Ode_au_Vent_d%E2%80%99Ouest ; une traduction de 1887 , donc un peu plus tardive , mais qui doit rendre , j'imagine , assez bien le romantisme grandiose du style de l'auteur . Pas vraiment ma tasse de thé, hélas , ce style , je m'y sens un tout petit peu gênée aux entournures . Quel dommage ! Parce que ça reste un chouette poème . En anglais surtout , parce que ça n'est pas ma langue . Ou alors , dois-je chercher une traduction "moderne" de Shelley ?
C'est curieux , pourtant . A propos de contemporanéité . Notre bien-aimée Jane Austen était contemporaine de Shelley , à peu près ; pourtant , elle est tellement ma contemporaine , deux cents ans plus tard !