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J'ai reçu , il y a quelques jours , un texte du gars sous l'égide duquel j'avais visité Bénarés , Sarnath , etc ... - quelques hauts lieux du bouddhisme ... en ... 2015 , je crois ( j'avais écrit des articles sur mon autre blog http://www.avec-le-lievre-de-mars.com/archive/2015-03/ ) . Denis , il s'appelle . Très sympa , vraiment ; mais ... Son voyage , à la différence des voyages avec Sona , était trop jeune et sportif pour moi ( je me souviens notamment d'une excursion à pieds , pélerinage de Rishikesh au temple de Neelkanth - plusieurs heures de montée , d'abord tout doux , puis hyper raide ; puis descente par une chaleur à crever - naturellement . Et moi qui me croyais habituée aux marches en montagne ! mais n'en avais plus fait depuis longtemps , j'avais l'impression d'exploser . Au point que je n'ai pas écrit d'article , je m'en souviens , sur cette marche ( mais en 2015 , dés mon retour , j'étais rattrapé par le quotidien de maman , dont il fallait que je m'occupe ) Pourtant , ça avait été pittoresque ... comme j'étais la plus lente du groupe , et que j'aime bien marcher seule à mon rythme , j'avais du traverser toute une portion de chemin , seule au milieu d'une famille de langurs , eux aussi bien sportifs , et j'avais certainement les chocottes ... ) En outre , je trouvais le voyage un peu cher . Et puis , je n'ai pas besoin de voyage organisé pour aller en Inde , c'était juste que j'avais peur de découvrir Bénarés toute seule . Vu de France , Bénarés m'effrayait ... ( ça ne serait plus le cas , je crois ) .
Si bien que je ne regarde qu'en diagonale ses communications ....
Mais , bref ... j'ai bien aimé le texte qu'il a envoyé dernièrement ... et que je vous copie-colle , ici !
Chers compagnons en confinement,
Je prends le temps de vous écrire quelques lignes, pour partager avec vous mon expérience de ces moments si surprenants…
Nous en sommes au 9eme jour (jour de cette écriture), et je remarque peu à peu une multitudes de processus et d’effets se produire en moi, que j’aimerais partager avec vous, en plusieurs lettres peut-être.
Un des aspects de ce que cette période me fait vivre est fait de combat et de frustration. Dès l’annonce du confinement, j’ai entre autre senti, entre autre, qu’il y avait là une belle opportunité, en ce qui concerne notre chemin spirituel, notre pratique du Dharma, appelez cela comme vous voulez… Et mon envie a instantanément été de continuer à accompagner ceux d’entre vous qui sont comme moi en recherche de liberté, de connaissance de soi, d’harmonie, de paix intérieure…J’aimerai aussi continuer, en ligne, les ateliers Philo et Méditation, que je fais chaque semaine avec les enfants de plusieurs écoles voisines.
Seulement voilà, dans mon magnifique petit village, l’internet arrive péniblement. La connexion est déplorable, et je me bat pour essayer d’améliorer ça, tout en essayant d’apprivoiser les outils de conférences web, sans grand succès, vu que ma connexion. n’est même pas suffisante pour faire des essais…
Voilà une petite scène du quotidien. Tiens, d’ailleurs, pendant que j’écris ces mots, il se produit une coupure d’électricité...Il y en a eu une hier...Que ce passerait-il si cela arrive pendant une méditation guidée ou un discours en ligne ?
Voilà, ça, c’est ma réalité du moment...Et c’est dans cette réalité que se trouve ma pratique, nulle part ailleurs.
Par exemple, quand je vois passer tous ces courriels avec de belles propositions de webminaires sur Zoom, cela génère de la frustration. Quel est mon rapport à la frustration ? D’où vient cette frustration. Est-elle inévitable, ou est-elle induite par des conceptions erronée ?
Ces questions me poussent à l’introspection, m’amènent à mieux ressentir où j’en suis, dans mon rôle d’»enseignant de méditation ».
J’y trouve un beau mélange, fait de désir d’être reconnu, et d’envie de partager ce que j’ai de plus cher: la méditation...Fait de peur de manquer, de recherche de sécurité (c’est ma passion , mais aussi ma source de revenus), et d’une authentique motivation à accompagner tous ceux qui comme moi désirent se libérer des toutes ces idées erronées , en conflit avec la vie, créatrice de souffrances en nous et autour de nous (pas simple de mettre des mots, j’espère que vous êtes avec moi…).
Ce processus d’introspection, qui révèle les aspirations et les craintes, est délicieux, libérateur. Les aspirations authentiques en sont nourries, les peurs dissipées...Il reste une sensation de confiance...Un renouveau dans l’envie de continuer à chercher comment je peux rester en lien avec ceux d’entre vous qui cherchent du soutien, des outils, des perspectives nouvelles...Comme avant, mais c’est plus tranquille, et plus créatif. L’intention est plus claire, plus authentique, moins mélangée. L’identification au rôle est tombée, pour un temps...
Si j’ose vous dire mes combats intérieurs, c’est que je sais que vous avez les vôtres. Différents, pour sur, mais nous en avons tous ! Les reconnaître, les accepter (vu qu’ils sont là), les rendre conscients, chercher à comprendre, tel est notre travail, si nous voulons honnêtement nous considérer comme des pratiquants de quelque spiritualité que ce soit. Voir nos intentions réelles, ce qui génère et motive nos actions et nos réactions. Et choisir les tendances qu’on veut nourrir, et celles qu’on veut abandonner.
Cette période de confinement est très propice pour s’impliquer dans ce travail, pour s’appliquer à « Voir clairement en nous ». Notre quotidien est bousculé, plein d’incertitude. Nous ressentons la perspective d’’un futur incertain. Nous pouvons vivre de la peur pour nous-même, pour nos proches.Nous vivons ce qu’on pourrait appeler « une petit mort » (le texto humoristique envoyé par un ami disait « nous allons tous « mûrir)…
Certains d’entre nous sont confinés, seuls ou en famille, sans plus de travail qui occupent les journées. D’autres télétravaillent, d’autres encore doivent travailler, dans des circonstances souvent plus difficiles qu’avant, ou pleines d’insécurité...Cette période génère des émotions profondes, des tensions et des peurs. Et aussi de l’espoir, de l’ouverture, de l’enthousiasme, voire du réjouisse ment...Ces réponses émotionnelles dépendent du contexte dans lequel nous nous trouvons confinés, bien sûr, mais aussi de nos conceptions, de la manière dont nous voyons la vie, de l’image que nous avons de nous-même, des autres, du monde, de la nature, de l’humanité,…
Nous vivons une période qui nous remue. Et c’est quand tout est remué que tout apparaît…
Le Maître Bouddhiste Thich Nhat Hanh explique que méditer, c’est appliquer le même processus que le jus de pomme. Quand on laisse le verre sans le remuer, les dépôts se déposent au fond, et le jus devient clair...Un exemple parlant, qui aide à comprendre comment l’esprit s’apaise en méditation...Savoir apaiser l’esprit, revenir au délice du silence et de l’immobilité, est essentiel dans les moments difficiles. Mais sans contredire cela, on peut aussi ajouter que l’inverse est également vrai. : c’est quand nous sommes hors de notre zone de confort, quand nous sommes « remués » que tout ce qui s’était déposé au fond de nous, devenu invisible, réapparaît, et peut être connu. C’est là que la transformation est possible. Observer cela , notamment grâce à la méditation, plutôt que de l’apaiser est tout aussi essentiel.
Le Bouddha nous a proposé une belle « grille de décodage » de ce processus que je viens de décrire ; « Les 4 nobles vérités ». Bon, c’est un peu pompeux je trouve comme intitulé, mais c’est une manière de décortiquer notre expérience qui est extrêmement efficace en ce sens qu’elle nous libère du marasme, de la sensation d’être victime, coincés, etc.... Je me permet de la citer et d’en donner une interprétation ci-dessous :
- 1) La souffrance : ça aussi ça rebute un peu comme intro...Disons que la souffrance, c’est toute forme d’insatisfaction, la moindre friction intérieure, la moindre tension. Donc, prelier pas, rendre conscient tout ces moments de tensions, de fermeture...Dans mon exemple, c’est la frustration !
- 2) Les causes de la souffrance : A première vue, ma frustration est due au fait de ne pas avoir un bon débit internet…Mais l’introspection me fait pressentir puis ressentir qu’en fait, c’est la peur de manquer et le besoin de reconnaissance qui est la cause réelle…Ou l’identification à mon rôle.(on peut en trouver d’autres, encore plus « racines », ).
- 3) La libération de la souffrance : De découvrir quelles sont les causes véritables de ma frustration me laisse entrevoir et pressentir qu’il est possible de m’en libérer...
- 4) Les chemins qui mènent à la libération de la souffrance : l’introspection et la connaissance de soi, la pratique de la méditation (il en existe des milliers de formes), la prière, la pratique de la bienveillance, la psychologie, la cultivation de qualités essentielles (patience, courage, humilité, compassion, transparence, etc...) le cheminement vers ce qui nous inspire profondément.
Si ce point de vue vous parle, alors c’est bien maintenant le moment de le pratiquer...La suite de l’aventure humaine dépend de ce que chacun d’entre nous fait de sa vie...Ce moment est propice à la réflexion et à l’engagement actif dans les directions qui nous semblent les plus en accord avec nos valeurs profondes.
Voilà...Ce matin, en commençant cette écriture, je ne savais ps encore très bien où j’allais. Maintenant c’est déjà plus clair...Je vais continuer à chercher une solution pour avoir accès à un meilleur réseau. J’ai commandé un routeur 4G, ou peut-être me faire un bureau pour télétravailler chez une voisine qui aurait une bonne connexion wifi…
Mais aussi, je vais continuer cette écriture, et vous l’envoyer...Cela me permet de garder le lien avec vous. Pour sur, une méditation guidée écrite, ça marche moins bien...Mais pour partager mon point de vue, c’est assez agréable comme médium !
J’aborderai différentes approches de la pratique de la méditation et de l’introspection, de l’engagement social, de la transformation, de la bienveillance, et tout cela concrètement en lien avec cette période étonnante que nous vivons en ce moment. Et avec l’intention de partager des idées de comment nous pouvons en faire fruit.
D’ailleurs, si vous le désirez, vous pouvez m’envoyer un mail avec des questions ou sujets que vous voudriez voir abordés, à l’adresse info@dharmanature.org
Si vous n’êtes pas encore inscrit à la newsletter, et que vous désirez recevoir directement ces lettres, laissez-nous votre adresse courriel sur cette page.
Et aussi, si vous pensez que je peux vous aider à explorer un point précis du dharma, décortiquer une expérience, démarrer ou évoluer dans votre pratique de méditation, installer un cadre de pratique pour cette période de confinement, etc …, envoyez moi un email, et, nous prendrons un rendez-vous téléphonique.
J'espère que cette période sera fructueuse pour vous, quel que soit le contexte.
Denis
PS: Kiet Dao propose des méditations gratuites pendant la période de confinement, voici le lien du site:http://espacedelasource.com/programme/
Nous avons enfin réussi à rendre quelques-uns de mes discours et méditations guigées accessibles en ligne. Les liens sont au bas de ce courriel.