Je pars demain matin très tôt ... c'est drôle que j'ai stressé de cette façon , après tout je ne pars qu'un mois ! dans ma jeunesse je partais allègrement , tranquillement , étourdiment ... mais faut dire que je ne laissais personne que j'aimais à la maison ...rien à perdre à l'époque . Maintenant , je me vois passer par toute la gamme des émotions , ouh là là que c'est riche : toujours un fond de déprime ( du aux fleurs de Bach que je continue à prendre ? ) et de dépréciation de moi , de ma vie ; ensuite , une légère angoisse du départ et de comment ça va se passer ( qui revient même si je vois l'absurdité de se biler à l'avance ); plus le balancier retournant maintenant dans l'autre sens , après l'envie terrible de partir vite vite qui me tenaillait au printemps dernier , je replonge dans l'attachement ,et allez donc ! regret de ce et ceux que je vais quitter ( et puis le jardin au printemps qui commence à fleurir ... ) ; je laisse passer le regret , retour de l'angoisse , je me demande ce que j'ai oublié d'emporter , de prévoir ...et puis cette bonne vieille angoisse de l'avion qui me dit coucou , me revoilà , tu avais d'autres émotions je n'ai pas parlé de moi mais je suis encore là ! une couche de déprime , une couche d'angoisse , une couche de regrets , une couche d'angoisse , une couche de nostalgie ...
Bon , allons faire un essai de méditation pour essayer de retrouver nos racines et un peu de sérénité ...
( Parlant de racines , je viens d'en trouver de nouvelles ... hier comme je cherchais de nouvelles pantoufles d'intérieur - j'ai oublié les miennes à Nice et ça n'est pas idéal de marcher en chaussettes dans la maison , surtout dans les escaliers - je suis tombée sur un genre de sabots suédois , hyper souples , rouge fraise , avec un noeud en cuir sur le dessus , ça me fait penser à Minnie Mouse ... je voulais acheter un autre modèle , plus masculin , plus simple , plus dans mes habitudes , mais il n'y avait que le pied gauche ... j'étais pressée , j'ai pris celui-ci . Depuis je contemple mes pieds avec ravissement , et mon moral remonte ... mais ça me fait bizarre de les porter , ça irait à une autre femme , alliant féminité et assurance ... un symbole et une aide pour l'hiver prochain ?
J'ai toujours cherché secours et amitié dans mes vêtements ... ça date de mon entrée à l'école , j'avais seulement cinq ans , n'étais pas habituée aux autres enfants , et comme j'avais deux ans d'avance je suis restée isolée et malhabile pendant toute ma scolarité . Vers qui se tourner quand tout secours vous lâche , que l'école est ennui et carcan , qu'il est interdit de lire les histoires de son livre de lecture pendant que le reste de la classe annonne ( je savais lire , je suis entrée directement au CE 1 , ça n'était pas la maternelle , et l'instit m'avait mise toute seule au fond de la classe à titre de période d'essai ) - eh ben , on trouve de la sécurité dans le tablier écossais que votre marraine vous a aidé à enfiler à la maison ... je me souviens encore des deux tabliers que je portais en alternance , l'un plutôt rouge sur fond blanc , l'autre foncé , bleu , vert , violet , je me souviens du contact de l'étoffe neuve un peu raide , de l'odeur légèrement écoeurante ... et voilà pourquoi je m'habille , à cinquante huit ans , de couleurs vives et en dépit de la mode ! ( quand j'ai fait les soldes avec Françoise R-A. l'autre jour , j'ai vu qu'elle était épouvantée par ma façon de m'habiller - elle qui est très élégante et s'habille à la pointe d'une mode contemporaine ! - il lui a fallu beaucoup de courtoisie pour ne pas laisser éclater son désespoir ... )