Un début d'après-midi lumineux , peu de vent , les feuilles jaunes vont toutes tomber et l'automne sera passé sans que j'en profite ... j'ai avalé vite fait mon frichti ( dernières aubergines et avant-derniers poivrons du jardin ,que j'ai cuisinés avec plein d'ail et un piment histoire d'anéantir les derniers microbes de rhume ... ) , en ce moment j'ai arêté le café donc j'ai juste rincé mon assiette et les couverts , tout laissé le reste en plan , j'ai juste pris l'appareil photo , mes clefs de voiture et en route ... par acquis de conscience j'ai demandé à Phil s'il voulait venir ballader avec moi , mais il n'avait pas envie et c'était vraiment aussi bien ... naturellement , mon clebs me manquait parce que la dernière fois que j'avais fait cette ballade c'était avec elle . Alors en prenant la voiture je me sentais pas trop bien ... ( outre que la veille j'avais téléphoné à ma marraine qui ne va pas terrible , du fond de son lit du fond de sa maison de retraite ... )
Et puis , à peine arrivée au tournant de la petite route d'où l'on voit le village de V .. , apercevoir une vigne vierge d'un rouge profond , grimpant dans un fouillis de ronces et des feuilles d'or pâle d'un murier , a fait que je me suis sentie paisible . Ensuite ... arrêter la voiture là où vous voulez sans avoir à expliquer pourquoi vous l'arrêtez là et non pas plus haut , traverser tranquillement le hameau à pied , puis prendre le chemin que des générations et des générations de paysans ont emprunté , marcher dans leurs pas , marcher seule à son allure , en écoutant juste le bruit tout doux tout léger de sa propre marche , sur les toutes petites feuilles des yeuses , d'un gris vert clair très doux , qui recouvrent le sentier , ne pas être accompagnée de quelqu'un qui sifflote quand vous avez envie de silence , qui demande où vous allez , où vous voulez aller , s'arrêter juste aussi longtemps que vous voulez pour contempler une petite flaque de lumière sur un arbuste ou une échappée sur les rouges et les jaunes et les vert anis lumineux en contrebas ...


Marcher jusqu'à retrouver un très vieil ami , s'appuyer longtemps contre lui en s'imprégnant de sa force et de son calme
Quitter son ami parce qu'il faut bien retourner de toutes façons ; revenir tranquillement , en prenant le temps de faire un brin de causette avec une demoiselle toute fine qui traverse le chemin
Passer dire un petit bonjour à Maria pour terminer de se remonter le moral puisque de toutes façons je passe devant sa maison , échanger avec elle sur les vertus du bouquin sur les mudras qu'elle pratique aussi assidument que moi ... finalement c'était super cet après-midi . La ballade en compagnie de moi-même m'a fait du bien ... me manque un chien , quand même .