Et voilà ,  semaine  bric et broc ... Lundi dernier , départ pour Paris avec un Philippe au cou raide mais déterminé ... j'ai emporté mon tricot , eh oui , une écharpe avec ces nouvelles laines pleines de poils - vous n'y croyiez pas , hein , que je savais tricoter ? eh oui , je sais ...mais je ne suis pas assez attentive et mes oeuvres ressemblent au gilet tricoté par Anémone à Thierry Lhermite dans Le Père Noël ... ( vous vous souvenez de ce gilet et de ses trous , j'espère ! ) donc , écharpe ou bonnet , pas d'oeuvre de plus grande envergure , avec l'âge j'ai appris à connaître  mes limites et ma patience ...
         A Paris on loge souvent à l'hôtel des Alliés , bien situé près de la rue Gay Lussac  , chambres spacieuses - ultra rare à Paris ! -  mais très décaties , et qui décatissent de plus en plus avec les années , les rideaux pendouillent , les taches de la moquette se multiplient ..  ouais , mais pas cher pas cher ! donc , c'est bien . Paris pluvieux , musées pour nous deux , musées et lèche-vitrine pour moi ,on marche on marche on marche on marche sous la pluie , on prend des bus , on voit un excellent " Mariage de Figaro " à la Comédie Française , un vrai régal ;  visite à " notre" petit-fils ( je mets des guillemets parce que je me sens assez détachée par rapport à ce petitou de quatre ans et demi , par ailleurs adorable , parents charmants ma belle fille est belle comme le jour et Th n'est pas mal non plus  .. je me sens encore des liens avec Th , que j'ai coopéré à élever à partir de ses dix ans , mais je n'ai vraiment pas la fibre grand-maternelle dans le sang .. ) 
           Au retour on fait une escale à Tournus pour que je puisse aller ensuite en Haute-Savoie embrasser ma marraine qui croupit avec une jambe violette et gonflée dans sa maison de retraite ; elle pédale un peu dans la choucroute à chaque coup de fil , doit maintenant prendre la décision d'une amputation , opération de la dernière chance . Je retrouve ma soeur aînée là bas , ce qui fait que la visite n'est pas pesante , j'admire beaucoup l'énergie de cette soeur pour regonfler le moral de la malade ; qui n'y croit plus .
     Retour ici , les chats ont compensé la douleur de notre absence en bouffant deux fois plus de croquettes que d'habitude ( je leur mets un distributeur quand on part ) , Noisette ressemble à un charmant petit tonneau ... le lendemain , arrivée de Claudette , dont le fanatisme en mesure de cueillette de champignons n'a d'égal que le mien . Une ballade le Dimanche après-midi , on fait le plein de grisets ; des champignons que je ne connaissais pas , donc le soir avant de les déguster je regarde Google ; horreur , il existe d'autres tricholomes qui ressemblent aux grisets et qui sont , eux , très toxiques ... me voilà terrifiée et en attendant le verdict de la pharmacienne on ne fait cuire que quelques bolets , quelques pieds-bleus merveilleusement parfumés ,en apéritif ...
    Lundi , Claudette et moi repartons sur le sentier de la guerre avec nos paniers ; derrière le Château de Portes nous trouvons une mine inépuisable de chanterelles et revenons glorieuses , chargées et ravies ... hier soir je téléphone à ma marraine qui m'explique d'une voix pâteuse qu'elle a eu beaucoup de visites de gens qui  venaient pour lui souhaiter une bonne fin (? ) , qu'elle a vu son cercueil dans le couloir ... désespérant de la faire atterrir , ou ce que je crois atterrir , je lui dis " à demain au téléphone ". 
   Ce matin , ma soeur m'appelle de bon matin pour me dire que marraine est décédée . Dans son cas c'est le mieux , elle souffrait vraiment trop , et cette opération c'était de toutes façons pas génial . J'appelle ensuite ma mère qui  accuse le choc , plus que moi . Cette marraine était arrivée chez mes parents , toute petite bonne pour aider maman à élever sa première fille ( ma soeur aînée ) . Elles ont vécu ensemble les difficultés de la guerre , et une amitié est née , amitié mélangée de rivalités de classe sournoises chez ma marraine ; dans sa relation avec moi - et elle m'aimait beaucoup - s'introduisaient nombres de racines de haine et de jalousies diverses , nées de ce qu'elle ressentait comme une injustice . Mais la première réaction de maman à l'annonce de cette mort , quand elle a recommencé à parler après avoir eu la respiration coupée quelques secondes , c'est de me dire : " elle est arrivée chez nous , j'avais vingt-cinq ans , elle en avait quinze ... tu sais , ses parents l'avaient placée à treize ans ... elle n'était pas heureuse . " Eh oui , une parole de vraie compassion ...  ça m'horripilait étant ado , cette éternelle compassion de ma mère pour ma marraine . Mais là , ça m'a vraiment touchée .