Voilà que je navigue sur trois , ou quatre rivières à la fois ... ici pour de vrai , où il fait un peu maussade , je compte ( et ça me fait plaisir d'y penser , d'ailleurs ) tout à l'heure me mettre deux pulls superposés , un bonnet de laine tricoté par mes soins qui me tombe sur les yeux mais qu'est bien chaud , et terminer le travail commencé hier , couper les tiges desséchées des oenoptères pour nettoyer le massif d'iris entre la maison et la route ( j'espère toujours que ça va être sensationnel , j'imagine la nappe d'oenoptères roses aux larges corolles fines , aux tiges souples , dont émergeront les iris bleus et violets et ocre jaune , hauts et un peu raides , le contraste de couleurs ... seulement , la dernière fois , les oenoptères manifestaient une telle exubérance que les iris en étaient tout noyés ... on va voir en Mai , alors . )
Il y a la deuxième rivière , celle de Jim Harrisson où j'embarque chaque matin un quart d'heure , chaque soir jusqu'à ce que je m'endorme ,et maintenant je ralentis ma lecture pour ne pas arriver trop vite au port .
Ou encore j'ai d'abord imaginer vous parler aujourd'hui de l'Inde , mais je n'ai pas envie , pour l'instant , de me replonger dans les souvenirs doux amers de Pondichery ou Tiruvannamalai , trop de contraste de voir ce soleil et ces couleurs violentes et ces plantes folles , si ça continue je vais rayer les jours du calendrier jusqu'en Janvier 2010 ...
Alors quoi ? ça sera une photo plus récente , mais plus dans la continuité du jour froid d'aujourd'hui , parce qu'il y faisait si glacial la semaine dernière . Au musée des Offices ils avaient fermé la salle où il y a la merveilleuse Annonciation de Simone Martini , avec son ange obstiné et confiant sur fond d'or , sa petite vierge souple qui se détourne , réticente comme on la comprend , drôle d'histoire , tout de même ... un de mes tableaux préférés là bas ; j'ai été pleurer dans le giron d'une gardienne , en lui expliquant que j'avais fait sept cent kilomètres rien que pour voir ce tableau en particulier , et elle m'a dit que c'était par manque de personnel . Manque de personnel , et pourtant il y a des travaux gigantesques en ce moment aux Offices , avec des photos gigantesques du chantier en cours dans toutes les salles vides qu'on traverse , ça coute très cher des photos comme ça ... comment emploient-ils leurs sous ? plus question de prendre des photos à l'intérieur de la Galerie , donc , il n'y a plus , et c'est tant mieux , toutes ces petites gourdes japonaises *qui gloussaient de rire façon petites gourdes japonaises en se faisant photographier aux pieds de la Vénus de Botticelli ... on peut juste photographier de l'intérieur vers l'extérieur , le donjon du Palasso Vecchio , ou les bords de l'Arno au crépuscule , et c'est déjà pas mal :
( sur la photo de gauche c'est la rive , voyons , Sud , de l'Arno ; en bas , c'est la rangée de fenêtres éclairées de la Galerie des Offices , qui encadrent le donjon du Palazzo Vecchio - rien que de se ballader dans les couloirs de la Galerie , une heure avant la fermeture parce qu'il y a moins de monde , en admirant leurs somptueux plafonds couverts de créatures fantastiques , me met en transe ... )
En se tournant vers le coucher du soleil , il y avait le Ponte Vecchio , aux splendides vitrines de bijoux tout en or , merveilles hors d'atteinte de porte-monnaie , mais que rien n'empêche de regarder avec plaisir . Tout en se mouchant toutes les trois secondes à travers des kleenex en lambeaux parce qu'on a un rhume carabiné et Nom de Dieu qu'il fait froid sur ce fichu pont en plein vent . J'y ai vu , à peu près dix fois plus cher que ce que je l'ai payé à Auroville , un collier en argent comme le mien , avec des tas de petites perles et breloques en différentes pierres demi-précieuses , même un peu moins joli que le mien ... youpi , je suis riche ! j'ai un collier de riche ! ( riche mais pas sélect pour autant . Bof . )
* Voui , je sais , je fais du racisme anti japonais et anti ado par dessus le marché . Plus je vieillis , plus je deviens désagréable . J'ai lu un bouquin de nouvelles policières japonaises médiocres , aux éditions Philippe Picquier , tant que j'étais à Florence ; qui m'a fait penser que c'était une civilisation tellement figée qu'elle en devenait vraiment chiante . Désolée Cosima ...