Quelle matinée ... revenus hier soir , tard , après visite du notaire qui m'a fait une procuration ; mais seulement pour que j'aie l'autorisation de clore la succession de ma tante à la place de maman . Arrivés à Nice la veille , j'avais trouvé maman toute recroquevillée sur son fauteuil , les volets tirés sur la lumière de l'après-midi , en train de broyer du gris . J'aurais fait pareil .... Au fur et à mesure de notre visite , elle se requinque .
Le lendemain , il se trouve que le notaire - qui a un grand rire bonhomme professionnel en permanence accroché sur les mâchoires , comme une prothése dentaire d'un genre un peu particulier ; parle d'une voix de stentor destinée aux pavillons auriculaires défaillants de ma vieille dame de mère ... Ce notaire , donc est le fils d'une de ses anciennes vieilles amies . Il n'a rencontré maman qu'une fois , il y a vingt ans , mais la reconnait tout à fait , rappelle les circonstances ... maman se souvient aussi , reprend de la dignité et se redresse ; et , après les visites aux agences immobilières qui vont nous aider à vendre la maison , je passe le reste de l'après-midi avec elle sur la terrasse à bavarder tranquillement ... un plaisir . Du coup je reviens toute guillerette . En plus on a ramassé un gros sac de vieux bouquins d'enfance , j'ai retrouvé " Nils Holgersson " que je vais me faire une joie de relire , avec une pensée émue pour le splendide jars de Daniella et son harem
( de gauche à droite : Konrad , Plume , Grise et Perle . Ils croyaient qu'on allait leur apporter du pain ce jour là , moi j'avais oublié )
Bon , ce matin , je n'avais pas trop envie de jardiner ... et puis y'a du boulot . Un premier coup de fil à la secrétaire du notaire dans l'espoir (déçu ) de fixer le prochain rendez-vous rapidement . Bon , je m'attelle à l'attestation à délivrer à Monika qui a travaillé pour ma tante jusqu'à sa mort ; j'ai appelé les Chèques Emploi Service , ils m'ont dit que le notaire allait s'en ocupper . C'est faux . Je les rappelle , ils me donnent deux autres numéros . L'un ne répond pas . L'autre est un répondeur multiprises , après avoir du écouter un paquet d'informations qui ne me concernent pas , j'appuie enfin le bon numéro ... là on me prévient que je suis la sixième dans la file , et que j'ai sept minutes d'attente ... Je laisse le haut parleur branché ; pendant ce temps j'essaie leur site internet . J'y arrive pas , j'ai du mal comprendre le libellé du site . Retour au téléphone , maintenant je suis à la troisième place sur la liste ... je progresse ... enfin , j'ai un conseiller en ligne . Ouf ! je lui explique mon problème ... C'est le moment que le téléphone choisit pour couper net . Grand silence plat au bout du fil . Je craque , et me mets à insulter le téléphone muet avec une extrême grossiéreté ( genre Thierry Lhermitte quand Mme Musquin est coincée dans l'ascenseur et qu'il se prend le courant en essayant de trafiquer le disjoncteur ) . A ce moment j'entends à nouveau la voix du conseiller dans le téléphone , qui me dit paisiblement : "oui , ça coupe souvent ... " .
Il semble n'avoir pas entendu mes insultes et jurons de bas étages ; me dit qu'il faut que je me mette en rapport avec les Assédic .
Les Assédic ne répondent pas au téléphone ; je descends à Alès pour avoir l'attestation . Là bas , des dames charitables et gentilles reçoivent les gens debout dans la file d'attente , devant plusieurs guichets dont les rideaux sont baissés ... un peu curieux . Quand c'est mon tour , la dame gentille me dit qu'elle ne peut me donner d'attestation : il faut que j'appelle au téléphone un autre numéro , qu'elle me donne . Je retourne à la maison , j'appelle .. ce numéro est encore un répondeur avec de multiples possibilités ; mais il n'accepte pas le numéro d'URSSAF de ma tata Lili . Je reviens au début , je réécoute le multirépondeur , et ...
j'obtiens enfin une personne humaine .
Qui me dit qu'elle peut envoyer l'attestation . Mais pas à moi parce qu'il n'y a pas la place sur son écran , l'adresse de ma tante prend déjà toute la place ... elle va donc envoyer l'attestation à Nice , là Monika me la fera suivre , et ensuite je signerai , et je la renverrai à Monika ... youpi !
Et alors quoi ? et alors , je viens de faire une vraie mayonnaise luxueuse pour accompagner les asperges de midi - on habite un coin producteur d' asperges ... une vraie bonne mayonnaise avec des vrais jaunes d'oeufs et plein de bonne huile d'olive , pas de cette saloperie allégée ... mmmhhhh !