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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 07:03

        Hier , pour me remonter le moral , j'ai été à la photocopieuse tirer des projets d'affiches pour mon expo de Corbès . En sortant , je me suis dit que j'allais faire un tour à la brocante de St Hilaire : Maria m'a fait cadeau , l'autre jour ,  avec autorité , d'un superbe plumbago ( " ça serrrrrra pourrrrr tes soixante ans ! " ) et je me suis laissée faire , j'aurais eu vraiment mauvaise grâce à refuser ... seulement , faut lui trouver une cuvette pour qu'il ait les pieds au frais cet été , pendant que nos anglais goûteront au bonheur  de la vie en Cévennes , saucisses aux herbes et pélardons ,  et que nous autres , nous nous gaverons de scones en canotant sur l'Avon ...  A la brocante , je ne trouve rien , mais j'ai eu l'idée d'aller au bazar d'à côté , au cas où ... Ouf ! musique infernale dans le genre soupe , qui me prenait les oreilles , je sors vite fait . Mais je me suis souvenue d'un autre bazar , un peu plus loin ... là encore , une musique d'ambiance incroyablement forte , cette fois ci c'était disco tagada tagada , à la fin de la journée  les vendeuses doivent avoir la tête comme ça (faites le geste , les deux mains enserrent la tête , à vingt centimètres de chaque oreille , imaginez votre crane et l'intérieur ... youpi ! )  ... je termine par un troisième ,  là un sous-Brassens annonnait avec conviction ( le genre de voix que les Guignols , ces teigneux , prêtent à François Bayrou , et qui n'est pas celle de l'intéressé , m'en fous j'ai pas voté pour lui de toutes façons ) une chanson au texte débile ... j'ai sorti un kleenex que j'ai déchiré en deux et je me suis enfoncé les morceaux dans les oreilles . Malheur , mais comment ils font tous ces gens , pas moyen d'échapper à la musique alors ? et quelle musique ... pas étonnant que les ados virent sourdingues , seulement tout le monde met le son de plus en plus fort , normal quand t'entends rien ...

       Rentrée à la maison , je jardine , le sol est sec et je dois arroser pour pouvoir arracher les mauvaises herbes  . Puis , je descends vers le potager , et me mets à l'écoute du figuier ; l'oreille contre le tronc , l'arbre dans mes bras ... présence vivante et dense de l'arbre , les branches grises  rugueuses  comme une patte d'éléphant contre moi , l'odeur divine ...  je passe au cerisier , un petit tour dans les branches du  pin ...  c'est ça ce qui me ressource , finalement ; et je dois remercier encore et encore les arbres qui partagent ma vie en ce moment  .

        Le soir , encore des poisons insidieux déversés dans mon oreille : un agent immobilier d'abord , fort sympathique et chaleureux , mais il tente de me persuader par d'habiles arguments - d'ailleurs contradictoires -  de vendre la maison de Nice infiniment plus  bas que le prix demandé ... en recoupant ce qu'il m'a raconté , je me dis que c'est des gens qu'ont plein de sous qui vont acheter , doivent pas en être à 100 000 euros près .. ) puis , ma soeur me demande de la rappeler , on doit l'emmener en Haute Savoie demain , pour partager les meubles de la vieille maison . On s'emberlificote au téléphone , explications confuses du lieu de rendez vous ... je ne décode pas tout de suite ce qu'elle dit . Mais cette nuit , tout à coup je m'éceille ( à cause de l'orage ) et prends conscience que son désir n'est pas le mien . Que pour moi , cette maison est un lieu sacré ; non pas les gens qui l'ont habitée , mais la maison elle-même , qui les a accueillis et hébergés , protégés avec amour ( Est-ce que je suis en plein transfert ? ou est-ce que j'ai senti l'Ange de la maison ? après tout ...) et je veux la prendre en photo , plein de photos , sans une infernale bavarde qui va me gaver les oreilles .D'abord c'est elle qui a fait couper mon marronnier bien-aimé ,( voir chapitre 696 ) ,  me chassant de ce havre  ...
       Je repense au passé , aux meubles que je vais retrouver dans cette maison , à la table sur laquelle tata repassait , et que j'aimerais bien récupérer , si elle n'est pas trop vermoulue . Du coup je repense à la présence de tata , lointaine et affectueuse , qui me manque ; l'agacement de tout à l'heure  fait place au   chagrin   . Il me semble que j'ai assez pleuré ces temps-ci , tout de même ... alors j'essaie de dorloter mon coeur ... je fais une visualisation de lumière , mais je me sens toujours très mal  . Tout à coup , je repense à ces arbres que j'ai pris dans mes bras, cet après-midi . A leur présence vivante et dense et solide ; au contact de l'écorce , le figuier   , le pin de montagne à la peau fine et orangée , qui gémit un peu et craque dans le vent ,  le cerisier avec les vagues  rondes , des tourbillons d'écorce , comme des bas-reliefs  qui auraient rythmé  sa croissance au fil des ans ... Eux  m'aident à renouer avec le monde des êtres vivants .

         ( Allez , je vous remets cette peinture , je j'aime beaucoup . Je l'ai mise en vente , à la Nougatine à Uzès , est-ce que je vous ai dit que j'avais accroché la semaine dernière ? c'est la plus chère de toutes ... je suis tranquille , comme ça . Personne ne me l'achétera ! ) 

                 

commentaires

J
J'irai voir ton expo, je dois passer à Corbès ce week end pour règler mon marchand de foin qui y habite.
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H
Elle est magnifique...La force des arbres...Surtout les feuillus qui ont pris leur temps pour grandir...J'ai toujours mal quand on en coupe un et il n'y a rien de plus horrible que le saccage d'une forêt par une coupe de bois...
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