Les soirées d'été ici sont délicieusement fraîches ... en ce moment , nous nous asseyons le plus souvent sur la terrasse du premier étage pour jouer gentiment à un jeu de société qui ne fatigue pas trop nos pauv'neurones bien usés ( le jeu s'appelle Carcassonne ; en jouant , je contemple dans un demi-rêve agréable les cartes de paysages , chemins , forêts et villes qui se créent au hasard des tirages ;  Philippe , lui , voit ça comme à un jeu de conquête retors ; voilà pourquoi  je perds souvent . )
       Et à partir du crépuscule , on entend le petit-duc , que Claudette m'a appris à reconnaître : sur une seule note pleine , pas très longue , un peut mélancolique : " tiou ! " il chante de loin , quelquefois en bas de la vigne , quelquefois dans la colline ; et  nous tient compagnie tout au long de la soirée et le début de la nuit .
     Seulement , depuis deux jours ,précisément ,  on entend des chants sur trois notes ; ça fait un peu penser à la musique des Pygmées , des chants sur les trois mêmes notes toujours ( je dirais mi , fa diéze , sol , mais je n'ai pas l'oreille absolue ) . Et se déclinent toutes les variations possibles sur ces trois notes répétées  , leur rythme , mi , fa fa , sol , ou sol , fa , mi , ou  mi mi , fa , sol sol , sol ...leur vitesse ,  etc ... . Un nouvel oiseau ? ou , autre hypothése , de jeunes petits-ducs * à qui papa , ou manman , apprennent à chanter le soir , en famille ? on peut imaginer une scène à la Tex Avery , tous sur une branche et papa qui dit , "Albert , chante , vas-y , c'est simple , tu répétes toujours le mi , allez "... et Albert qui décale toujours d'un demi-ton ... Papa , sans se lasser , le fait répéter , mais Albert n'est jamais dans la note juste ... pauvre Albert ...




( * encore un de ces mots maudits , que je ne sais pas accorder au pluriel , faut-il écrire petit-duc ou petits-ducs ? )