C'est fou , les chemins - des chemins tellement anciens , qui reliaient village à village , vallée à vallée .. , on croit qu'on fait une promenade du côté de Générargues , donc à l'Ouest ; dans mon esprit c'est à une distance énorme d'autres promenades , quand on part du Nord Est en ayant traversé Alès .. mais non , les chemins cheminent , montent , passent des cols , descendent dans des vallées , et on se retrouve , ou plutôt on se retrouverait si l'on marchait quelques heures de plus , au point du cercle qu'on croyait le plus éloigné , et de voir son nom sur ces petites pancartes jaunes qui balisent désormais les sentiers , c'est comme de retrouver un vieil ami ( mon vieil ami s'appelle le col de la Mayelle et j'y suis montée plusieurs fois à partir de Malabouisse )
Quelquefois on ne voit , aussi loin que le regard porte , que des collines et des chênes verts , des oliviers sauvages et des chênes rouvres ; je ressens ce bonheur et l'impression de liberté , je retrouve une respiration ample , de n'apercevoir aucune trace d'humains à des lieues alentour ; et puis tout à coup , pas du tout ce que j'imaginais , loin , au sommet d'une colline , un hameau perdu dans les chênes roussis et dorés par la lumière de cet après-midi d' automne . De la fumée monte doucement , et je me dis , réconfortée , que le paysage n'était pas trop différent il y a cent ans , et qu'il va rester comme ça encore un bon nombre d'années . On est en sécurité - la civilisation ne nous a pas encore rattrapés .
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