Nous voici à Athénes ... décidément , j'ai un peu de mal avec la Grèce . Quand je ne connaissais pas encore l'Inde , je m'émerveillais devant l'Acropole ; maintenant , j'ai l'impression que ces temples sont comme des coquilles vides : beaux , mais morts .Eteints ... Pourtant , beaucoup de personnes les visitent , beaucoup ( dont mon cher et tendre , hélas .. ) en sont amoureux , encore ; mais pour ma part , j'ai l'impression de me trouver devant des cendres froides ... je n'y trouve pas cette flamme de la dévotion qui réchauffe le coeur dans les temples en Inde ou dans les monastères boudhistes . Je ne sais pas ,peut-être bien qu'il me manque une case quelque part .
Bon , c'était sympa de gravir de bon matin les degrés qui mènent à l'Acropole - mais ni plus ni moins que n'importe quelle colline avec un joli monument dessus ; ou même , sans monument du tout : se promener de bon matin , c'est toujours chouette - sauf si on partage la promenade avec trois cent personnes et leurs trois cent appareils photos pétulants .
Enfin , le pompon de l'horreur , pour moi , a été la visite de Delphes . Je crois que c'est la troisième fois que j'y vais en quinze ans , et je m'y ennuie toujours autant . Delphes est située dans un site de falaises impressionnantes , sur les raides flancs du Mont Parnasse ( étonnant que les Grecs aient pu imaginer sur le Mont Parnasse le séjour exquis des Muses en train de batifoler , tant c'est sec , pelé , rocailleux , intenable en été sauf pour les chévres ...) ; le culte d'Apollon appartient au passé , définitivement . Pourtant , l'autre jour , les pentes grouillaient de touristes déversés par cargaisons entières en plein cagnard - beaucoup d'anglo-saxons , beaucoup d'asiatiques , quelques français , une troupe d'espagnols qui ont failli me piétiner parce que j'étais assise à l'ombre et que je n'avais pas envie de leur céder la place ... Beaucoup de retraités , de têtes grises et blanches , comme nous , de " seniors " presque fringants sauf une rotule qui coince par ci- par là ( c'est mon cas , mon genou gauche , déjà un peu grinçant il y a vingt ans , accuse de la fatigue vis à vis des marches d'escalier trop hautes , et je dois quelquefois monter en crabe pour le ménager ) . Bouh !
Mais après ce cauchemar de Delphes , on est arrivés au Paradis - il était temps ! le monastère d'Ossios Loukas , pas très loin , offrait à la touriste épuisée de chaleur , au bord de l'apoplexie , un havre infiniment paisible : de très grands arbres ombrageaient une immense terrasse qui surplombait un cirque enserré de collines , une petite plaine couverte d' oliviers ; sur l'herbe verte tournoyait paresseusement un jet d'eau ; une chatte trois couleurs un peu snob faisait sa toilette à l'ombre fraîche d'un platane gigantesque . On est rentrés dans l'église , les pélerins embrassaient les icones ; j'ai mis un cierge pour les amis qui vivent un mauvais passage en ce moment . Les mosaïques splendides , dans le style de celles de Ravenne ou de Saint-Marc de Venise ,éclairaient de leurs ors très doux la pénombre bienfaisante ; enfin , last but not least , à l'occasion de la visite des pélerins , quelqu'un avait disposé devant l'entrée de la boutique ( dans laquelle il y avait une énorme collection de CD de musique orthodoxe , que Phil et moi apprécions beaucoup tous deux , enfin là on se retrouvait ! ) un grand saladier rempli de loukoums à la rose ( beaucoup trop sucrés , comme il se doit ) que les amateurs ( j'en suis !) pouvaient faire suivre d'un petit verre de raki . Quelle merveille !