Quelquefois , l'écoute de Mooji me remet dans un état de tension assez pénible , bien connu quand j'étais enfant et qu'il y avait nécessité absolue de trouver la solution d'un problème . Etat , on peut l'imaginer , créé par le désir , également vécu comme une nécessité absolue par mes parents , de ne pas trop déchoir dans cette famille de croyants fanatiques en l'Education Laïque , Nationale et Républicaine et surtout surtout Scientifique ... Mais , si j'en crois les récits concernant les monastères Zen où l'on utilise les koan ( cf. la merveilleuse trilogie de Van de Wetering : Un éclair d'éternité , et les autres ... ) , cette exigence infernale , cette nécessité absolue de trouver la solution semble aussi bien largement utilisée à des fins spirituelles .
Donc , me sentant un peu troublée et mal à l'aise hier soir ( pourtant , je m'étais endormie en regardant une émission sur les moines du Mont Athos ! ) , au lieu d'écouter une vidéo de Mooji , j'ai voulu revenir à un livre commencé en partant en Inde , auquel je m'étais promis de revenir : " Un monde sans pourquoi " d'Alexandre Jollien . Vous devez toutes et tous connaître Alexandre Jollien , ou plutôt l'avoir vu à la télévision , lors de ses quelques apparitions ; personnellement , je suis incapable de l'écouter , le pauvre , avec ses horribles difficultés d'élocution qui rendent sa parole si difficile à suivre . Mais c'est un bon écrivain , et son bouquin est vraiment chouette ; il y raconte comment il est parti en Corée avec femmes et enfants , pour suivre une pratique du Zen .. En lisant plus longuement , hier soir , je me suis rendu compte qu'il nage dans des difficultés au moins aussi grandes ( mais rien n'est comparable à rien , je n'ai pas les terribles difficultés physiques que lui occasionne la gestion de son corps déformé et handicapé ) que les miennes ; qu'il erre , tout comme moi ... je pensais qu'il était arrivé au bout de son chemin . Peut-être sera-ce le cas , à la fin du livre ? Qui est vraiment bien , en tout cas .
Lui , en tout cas , est chrétien , et cite souvent Maître Eckart ( que je n'ai jamais lu ) . Si bien que , ne le suivant pas plus avant dans ses détours et angoisses qui valent autant que les miens , je me suis couchée le cœur en paix , après avoir lu cette citation :
Et c'est pourquoi la meilleure prière que puisse faire l'homme est non pas : " Seigneur , donne moi cette vertu ou cette manière d'être " , ou encore : " Seigneur , donne-toi à moi ou donne-moi la vie éternelle " , mais bien seulement : " Seigneur , donne-moi seulement ce que tu veux et fais , Seigneur , ce que tu veux et fais , Seigneur , de la manière que tu veux " . Cette prière surpasse l'autre autant que le ciel domine la terre et si l'on prie ainsi , on a bien prié : quand , dans la véritable obéissance , on est complétement sorti de soi-même pour aller à Dieu ."