Conques ... comment parler de Conques ... Je vous l'ai dit , je l'ai expérimenté , tant de fois - dés que je suis là-bas , que je vois l'abbatiale , que je m'en approche tout contre , que je peux poser ma main amicalement sur la pierre dorée des murs ; dés que je vois les sculptures du tympan - ces personnages plutôt trapus , dont on sent bien , même pour les anges , qu'ils sont extrêmement terriens et donc auxquels je peux identifier tout mon théâtre intérieur , y compris la main de Dieu qui bénit la Sainte en biais dans un petit coin , y compris le Léviathan qui avale les pécheurs , et bien sur y compris les pècheurs et les bienheureux - je me sens bien . Et quand je rentre à l'intérieur - je me sens comprise et aimée et acceptée , je me rassemble . L'abbatiale est ma Bonne Mère , une figure de la Mère Divine , une cristallisation de la prière et de l'amour et de l'ouverture du coeur des gens qui l'ont construite , y compris les vitraux dont la simplicité m'emplit de gratitude ... et peu m'importe à ce moment là la mythologie chrétienne , qui n'est pas ma tasse de thé .
Mais je n'ai pas encore pardonné à Christian Bobin , dont j'ai acquis , avec avidité , le livre sur Conques ( une nouveauté ? ) , d'avoir écrit quelques lignes absolument masculines à son sujet . Il ne s'agit que de quelques lignes au milieu d'un livre entier , et je n'ai certes pas fini de découvrir , de me nourrir du reste , à toutes petites inspirations ... mais ces lignes , on sent tellement qu'elles sont écrites par un mec , que ça m'a fait cracher de colère comme un chat , les poils et les cheveux tout dressés d'indignation . Comment a t'il pu écrire ça au sujet de ma Mère Divine à moi ? A part ça , tout le livre , est , bien entendu , magnifique ... quand on apprécie Christian Bobin . Par contre , ces trois ou quatre lignes , je ne lui ai pas encore pardonné de les avoir écrit .